Les cadres régionaux de l'agriculture de Zinder ont effectué la semaine dernière une évaluation à mi-parcours de la campagne agricole dont les résultats ont été rendus public par une équipe multidisciplinaire venue de Niamey après avoir entrepris des visites de terrain pour constater de visu la situation des cultures et identifier 717 villages à risque dans la région, selon le Directeur Régional de l'Agriculture M. Ibrahim Moussa. A la date du 31 août dernier, les stades phénologiques du mil et du sorgho sont : le stade le moins avancé est la levée avancée (1%), le stade dominant est l'épiaison (32 %) et le stade le plus avancé est la maturité (9%) observé au niveau des départements de Dungass, Gouré, Kantché, Magaria, Mirriah, Takeita et la Ville de Zinder.
Pour ce qui est du sorgho, le stade le moins avancé est la levée avancée (2%), le stade dominant est la montaison(44%) et le stade le plus avancé est la floraison(6%) observé dans les départements de Kantché, Magaria, Takeita et Tanout. Sur le plan phytosanitaire, les premières infestations ont débuté à la troisième décade du mois de juin dans les départements de Mirriah et Dungass par les déclarations d'attaques de cicadelles sur le mil.
Au 31 Août 2018, 4902, 5ha ont été infestés contre 18170 ha à la même période de 2017. Les principaux ennemis de culture rencontrés sont les vers du collet, les cicadelles et les chenilles pollues, les pucerons, les insectes floricoles, les Borer des tiges et les mineuses de l'épi du mil. Dans la Commune rurale de Bandé 80 km au Sud de Zinder (dans le département de Magaria), les mineuses de l'épi du mil ont affecté 87 villages. Les cas des villages de Bitaré, Angoual Guindi, Maléka pour ne citer que ceux-là sur une dizaine visitée sont assez révélateurs.
Les producteurs, las d'observer les dégâts incommensurables perpétrés par les mineuses sur les épis de mil ont préféré récolter leur production au stade de grenaison. Nafiou Habou, producteur, ressortissant du Village de Maléka estime que les ''paysans ont perdu l'espoir d'une récolte reluisante. Nous n'avons pas certes prévenu les autorités et les services techniques pour intervenir à temps, le pire a déjà gagné le terrain. Nous disons que la production au niveau de plusieurs villages de la Commune de Bandé est compromise '', a-t-il dit.
Certains producteurs, compte tenu de la gravité du phénomène des mineuses de l'épi, ont trouvé une solution de rechange en procédant au re-semis. Pendant combien de temps, faut-il attendre les prochaines récoltes après cette nouvelle étape, s'interroge le producteur Nafiou Habou qui indique par ailleurs qu'un soutien conséquent des autorités s'impose pour appuyer les producteurs à surmonter les étapes difficiles de l'insécurité alimentaire. Pour le Directeur Régional de l'Agriculture, M. Ibrahim Moussa, 21 % des villages agricoles de la région sont déclarés à risque dont la majorité est au stade de floraison.
Dans la commune rurale de Bandé, trente villages (30) dénombrés observent une grande partie de leurs exploitations compromises du fait des attaques des mineuses des épis de mil. Pour arrêter l'infestation des mineuses de l'épi du mil, il ya des lâchers des espèces de mouches dressées pour détruire les mineuses des épis de mil. « Nous avons bon espoir que le dispositif va être mis en place pour stopper la généralisation de ces attaques des mineuses », soutient-il.
Des traitements sont en cours contre les sauteriaux dans les départements de Belbédji, Tanout et Gouré, les lâchers et les cicadelles dans les Communes de Dan Barto grâce à l'appui de l'Etat et les partenaires au développement. Les traitements actuels ont couvert 2536,5 ha soit 51,73%.
La situation alimentaire est principalement caractérisée par un approvisionnement régulier des marchés, une disponibilité acceptable des denrées et un niveau des prix globalement inférieur à celui de la même période de l'année passée. Les appuis alimentaires aux populations vulnérables de la région de Zinder au titre de la soudure 2017 sont de 18054 tonnes dont 164 T par le PAM à travers la distribution gratuite ciblée composée du mil, du riz, la lentille, l'huile, de la super céréale et du sel.
Pour la Cellule Crise Alimentaire et de Gestion des Catastrophes, il s'est agi de 4170 tonnes pour la distribution gratuite ciblée et 13.720 tonnes pour la vente des céréales à prix modérés. Ces stocks sont composés de mil, sorgho, mais et riz. La région de Zinder a reçu 680,125 tonnes de semences au titre de la campagne agricole d'hivernage 2018. Les semences reçues proviennent de l'Etat, du Projet PPAO, la CCA, du P2RS, du PAC-RC, du PRODAF et de l'ESEA2.
A l'issue de la réunion de l'évaluation à mi-parcours, les cadres centraux et régionaux de l'Agriculture ont
formulé quelques recommandations à l'endroit du Ministère en charge de l'Agriculture et de l'Elevage pour ''doter les services des agents d'encadrement, et de carburant, afin d'assurer un suivi plus efficace de la campagne agricole, et d'appuyer les services de suivi et la transmission des données pluviométriques des postes non suivi faute d'agents ; d'appuyer les services techniques en moyens logistiques notamment les véhicules et motos ; et d'assurer l'entretien du parc ; de former et équiper les agents sur les techniques d'évaluation des superficies infestées ; de moderniser la collecte de données à travers l'utilisation des NTIC ; de doter la région de GPS de balances et pesons pour une meilleure conduite des enquêtes ; et d'organiser régulièrement des missions conjointes de suivi et d'évaluation de la campagne avec les partenaires.
La Région regorge d'énormes potentialités dans les domaines de l'élevage et de l'Agriculture : 1,2 millions de terres irrigables ; près de 4millions de superficies emblavées en culture hivernale ; 11 millions de têtes de bétail toutes espèces confondues, selon les Services techniques régionaux de l'Agriculture et de l'Elevage. La région de Zinder renferme au total 3378 villages agricoles.