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Niger : le classement du pays au dernier rang de l’IDH génère la polémique

Publié le dimanche 23 septembre 2018  |  Xinhua
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© RFI par Jean Rebiffé
Ville de Niamey
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Le classement, cette année encore, du Niger au dernier rang mondial de l'Indice de développement humain (IDH) par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), génère la polémique et suscite des réactions de frustration dans le pays, a constaté Xinhua.

Dans le dernier classement mondial des pays par IDH, le Niger est une nouvelle fois classé 189e sur 189 pays, derrière la République centrafricaine, le Soudan du Sud et le Tchad, entre autres. Ce rang peu reluisant sans cesse attribué au pays a été ressenti par beaucoup de Nigériens comme un véritable coup de massue.

Le Niger avait occupé cette place pendant plus d'une décennie, avant de la céder à la Centrafrique au cours des deux années précédentes.

L'IDH est un indice statistique composite, créé par le PNUD en 1990 pour évaluer le niveau de développement humain des pays du monde. Il se fonde sur trois aspects essentiels : la santé et la longévité, l'accès à l'instruction et un niveau de vie décent. Toutefois, précise le PNUD, "la couverture d'un pays, en termes de son IDH, dépend de la disponibilité des données".

L'examen détaillé des principaux indicateurs du Niger, dans le dernier rapport publié par le PNUD, rapporte qu'un enfant nigérien a peu de chance de vivre plus de 60 ans et d'être scolarisé plus de cinq ans (la plus faible durée au monde), contrairement par exemple à la Norvège qui occupe la première place du classement, et où un enfant a de grandes chances de vivre plus de 82 ans et de rester dans le système éducatif pendant au moins 18 ans.

Parallèlement, le Nigérien moyen vit avec moins de 1.000 dollars par an, ce qui implique une dégradation des conditions de vie dans le pays.

Pour la ministre nigérienne du Plan, Mme Kané Aichatou Boulama, intervenant à la télévision nationale, "ce rang paru dans le classement du PNUD ne veut pas dire que le Niger est le pays le plus pauvre du monde".

Le Niger, avec une superficie de plus de 1.267.000 km2, dispose d'un sous-sol regorgeant d'importantes ressources minières et énergétiques dont l'uranium, le charbon, le cuivre, l'or, le phosphate, le molybdène, le zinc, le pétrole, le gaz, le fer et d'autres métaux précieux, selon des études réalisées par le ministère en charge des Mines.

Le pays est déjà producteur et exportateur d'uranium, de pétrole, de charbon, d'or, de ciment et de gaz

"Le Niger est un pays dont la richesse le classe 146e sur 209 ; seulement, cette richesse est partagée", a-t-elle indiqué, expliquant prendre en compte le niveau de sa population marquée par le taux de fécondité le plus élevé du monde (plus de sept enfants par femme).

Selon la ministre, "c'est la progression de la population qui nous tire vers le bas", mais "l'éducation est le véritable problème, malgré des avancées très notables.

Pour l'économiste Sanoussi Jackou, Conseiller spécial du Président de la République, également président du parti Al-Umah (majorité présidentielle), ce classement du PNUD est contestable, car "personne au Niger ne peut apprécier la véritable dimension de la production agricole, de la production pastorale, moins encore au niveau de la santé, où pour calculer avec exactitude l'espérance de vie des Nigériens, il faut d'abord connaître le nombre de morts par an".

Il estime que "le Niger a toujours été mal géré, la statistique ne peut rien appréhender de ses dimensions économiques et humaines".

Pour Mahamoudane Aghali, Nigérien de la diaspora qui se dit très déçu, "quand on se fie à la télévision nationale, vantant les réalisations du programme de l'actuel régime et les chiffres astronomiques, plus les innombrables réalisations brandies par les vétérans du parti au pouvoir, on n'en revient pas de cette annonce". "Le PNUD s'est-il trompé, ou le gouvernement du Niger mène-t-il allègrement le peuple en bateau ?", s'est-il interrogé.

"Le développement d'un pays ne se limite pas à trois échangeurs construits dans la capitale ; le président de la République doit savoir choisir les priorités en termes de vision d'avenir pour le pays", estime Ibrahim, acteur de la société civile.

Quant à Moustapha Liman Tinguiri, enseignant, pour qui les faibles statistiques de l'éducation continuent de détériorer le classement du Niger dans l'indice de développement humain, "l'Etat, les collectivités et tous les partenaires de l'école doivent s'investir davantage dans la consolidation des acquis et l'amélioration de la qualité de l'éducation, du primaire à l'université, et cela pendant plusieurs années de suite et de manière intensive", pour faire évoluer ce classement.
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