La présidence de la République est l'une des institutions qui reçoit le plus de ressources à travers le projet de budget 2019; et cela peut se comprendre, puisque plusieurs structures lui sont rattachées, même si nous sommes en régime semi-présidentiel dont l'actuel occupant du Palais était l'un des plus grands défenseurs. On se souvient que c'est pour protester contre le transfert de certains services à la présidence de la République que le président Issoufou avait démissionné de son poste de Premier ministre sous le règne de l'Alliance des forces du changement (AFC); mais, c'était une autre époque, un autre esprit également.
En parcourant rapidement le budget de la présidence de la République, quelques chiffres ont frappé notre esprit. C'est d'abord, les 6 486 112 671 fcfa inscrits au titre du service de l'intendance du palais et des résidences pour la construction d'une infrastructure, probablement un bâtiment. L'intendance bénéficiera également de 368 248 665 fcfa pour entretien et réparation des bâtiments placés sous sa gestion.
Cela signifie quoi ? Eh bien, ça veut dire au moins qu'une partie de la facture de la rénovation du palais présidentiel par les Indonésiens sera supportée par le contribuable nigérien; à moins qu'il ne s'agisse de construire autre chose encore, et auquel cas, cela signifie que pas moins de 20 milliards de francs CFA seront dépensés pour offrir au pays un palais présidentiel digne de son rang de dernier en matière de développement humain. 20 milliards ? oui si les 6,4 milliards prévus dans le projet de budget 2019 doivent s'ajouter aux 14 milliards annoncés pour les travaux que réaliseront les Indonésiens; mais, retenons plutôt que nous paierons 6,4 milliards sur les 14 prévus.
L'examen rapide du budget de la présidence nous révèle également que l'organisation du sommet de l'Union Africaine nous coûtera 15 555 169 929 fcfa; ce montant va ajouter aux dépenses qui ont été réalisées sur le budget 2018, ainsi qu'à celles liées aux différents contrats de partenariat public privé signés avec des sociétés étrangères, comme la turque SUMMA qui réalise les travaux de construction de quelques infrastructures destinées à montrer aux dirigeants des autres pays africains que nous, Niger, nous sommes derniers en matière d'IDH, mais que nous avons le cœur gros pour faire ce que même les plus riches hésiteraient à faire.
Autant d'argent, 15,5 milliards de francs CFA prévus pour l'organisation d'un sommet de l'Union Africaine, c'est vraiment une belle démonstration de notre engagement panafricain; et on peut parier que tous les dirigeants africains nous sauront gré d'un tel sacrifice, puisqu'il est sûr et certain qu'aucun parmi eux ne rappellera que le Niger est pourtant le gendarme de l'Europe pour réguler les flux migratoires, qu'il est le seul pays à se faire payer quelques piécettes d'Euro pour jouer les fossoyeurs de la libre circulation des personnes dans l'espace CEDEAO.
Avec 15,5 milliards de francs CFA, on peut faire beaucoup pour la population nigérienne, en tout cas plus que la fierté de recevoir l'Afrique pour 3 ou 4 jours. 15,5 milliards de francs CFA, ça fait presque trois (3) fois ce qui est prévu dans le projet de budget 2019 pour la gratuité des soins pour les enfants de 0 à 5 ans et les femmes enceintes et allaitantes; car, pour cela, le projet de budget 2019 n'a prévu que la modique de 5,5 milliards de francs CFA. C'était pendant longtemps 8 milliards qui étaient prévus; mais, depuis que nous avons commencé à accepter que les problèmes de ce pays viennent des femmes qui font trop d'enfants, et de ces enfants qui sont une charge insupportable, nous ne sommes plus qu'à 5,5 milliards de prévision. En 2020, on va certainement supprimer cela pour décourager cette démographie galopante qui nous fait plus de tort que les compagnies qui pillent nos ressources, et les dirigeants qui nous volent au quotidien.
Enfin, une petite curiosité : la gestion des installations sécuritaires de la présidence de la République ( 1 416 028 795 fcfa) va nous coûter autant que la surveillance et maitrise des risques et menaces sécuritaires (1 416 165 138 fcfa). La gestion des installations sécuritaires c'est la garde présidentielle; et la surveillance et maitrise des risques et menaces sécuritaires, c'est la Direction Général de la Documentation et de la Sécurité Extérieure (DGDSE) et le centre national d'études stratégiques et de sécurité (CNESS). Les ressources prévues pour ces deux structures importantes n'atteignent pas ce qui est prévu pour l'état-major particulier de la présidence, qui bénéficiera de 4 015 883 999 fcfa. C'est tout un symbole.