Dimanche 23 juillet dernier, les militants du Front Patriotique ont appris la décision inattendue de leur porte-parole, Adal Rhoubeid, président du parti MDR Tarna de rallier le camp des " renaissants ". D'autant que ce jour-là, ce jeune docteur en médecine, devait battre le pavé comme par le passé aux côtés des structures de la société civile et partis politiques de l'opposition engagés depuis dix mois dans la lutte contre le régime dictatorial et corrompu de Mahamadou Issoufou. Depuis lors, c'est la désolation dans les rangs des patriotes qui n'en croyaient pas à leurs yeux.
Contacté par certains confrères, Adal Rhoubeid a dit avoir signé un " Protocole d'accord " avec Issoufou Mahamadou, sans donner plus de détails, laissant davantage le mystère persister autour de son deal avec un président gravement mêlé à la politique politicienne, au mépris de son serment coranique et de la Loi Suprême du pays. Dans tous les cas, cette affaire n'émeut personne au sommet de l'Etat, certains proches du pouvoir jubilent et saluent ce qu'ils qualifient de " choix de la raison ", sans chercher à creuser pour connaître les réelles motivations de ce choix de renoncer à la fronde dont a fait valoir Adal et les siens.
Qu'est ce qui a pu bien se passer pour que Rhoubeid décide tout soudainement de renoncer à un combat noble ? Issoufou Mahamadou détient-il une information compromettante contre Rhoubeid au point de le faire plier ? Qu'est-ce que Rhoubeid cherche en allant siéger dans la cour de la présidence de la République ? Que cache son deal avec Issoufou ? Voilà le genre de questions qui reviennent dans les discussions des salons depuis le début de la semaine. Certains milieux vont jusqu'à voir en cette paix avec Issoufou la main d'une puissance étrangère qui pourrait l'imposer à un poste à la présidence de la République. Cette information a l'air d'être vraie si l'on en croit une information largement relayée dans les milieux proches des tenants du pouvoir. En effet, selon nos sources, la pirouette de Rhoubeid serait l'œuvre d'un certain Billal Ag Acharif, un des leaders de la rébellion touarègue MNLA au Mali qui aurait négocié directement avec le chef de l'Etat cette allégeance lors de la rencontre qu'il a eue avec Issoufou Mahamadou le jeudi 20 septembre dernier. Pour sa part, Rhoubeid a pris l'engagement de renoncer à toute adversité politique contre Issoufou et ses intérêts. A en croire notre source, ce gentlemen-agreement est un véritable deal que le " chef de l'Etat " de l'Azawad aurait réussi à sceller. Et certaines personnes de s'interroger sur le bien fondé de l'implication d'un chef rebelle du MNLA dans une affaire purement nigérienne. A-t-il agi par souci d'œuvrer à la construction d'un dialogue politique entre hommes politiques nigériens ou comme certains l'ont dit pour atteindre indirectement un des intérêts que le MNLA vise au Niger ? En effet, le MNLA aura de toute évidence le sentiment d'avoir aidé Issoufou à unir autour de lui les forces politiques dont il a tant besoin pour poursuivre la mise en œuvre de son agenda politique, au grand bonheur de la France.
En attendant que les choses sortent au grand jour, il faut dire que ce minable décret lui ouvre désormais les portes d'accès au cercle des ministres-conseillers à la présidence de la République, un privilège qu'Issoufou accorde en pareille circonstance à toutes les personnalités politiques de ce pays qui acceptent de se pervertir pour s'engager avec lui dans la compromission. En plus de ce décret, Rhoubeid aurait obtenu d'autres privilèges pour le compte de certains de ses proches. On parle d'un gros pactole et d'une promesse de nomination d'un de ses parents à un poste de responsabilité, notamment à la douane.