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Retour sur l’ex alliance PNDS-Lumana : Et Hama créa la préméditation !
Publié le jeudi 24 octobre 2013   |  Opinions


L’ex-premier
© aNiamey.com par Moussa Sogodogo
L’ex-premier ministre malien Modibo Sidibé, en tournée dans la sous-région, reçu en audience, par SEM Hama Amadou, président de l`assemblée nationale du Niger
Vendredi 12 avril 2013. Niamey (Niger). Modibo Sidibe en visite photo: SEM Hama Amadou, président de l`assemblée nationale du Niger


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La gestion ou plutôt le fonctionnement de l'alliance au pouvoir au Niger(MRN), dans sa composition originelle qui incluait le Lumana, a posé et suscité plusieurs interrogations tant dans la presse que dans les commentaires des simples citoyens.

Et tous ceux qui s'intéressaient à la politique ou simples observateurs intéressés à la chose politicienne, étaient fascinés, intrigués ou même amusés par cette posture peu ordinaire qu'un allié pouvait prendre dans la gestion d'une alliance à laquelle il appartenait et à laquelle surtout il prenait une large part. A tous égards et par tous les moyens, Hama Amadou en élaborant et en juxtaposant son projet pouvoiriste immédiat et personnel à celui du mandat légal et légitime de Issoufou Mahamadou, était tombé dès le 7 avril 2011 dans une logique qui ne pouvait qu'exploser. En plein vol.

1. Attitude singulière …

Hama Amadou aura été, en tout point de vue, celui qui a impacté le plus négativement sur cette alliance .Dès le début, il n'a pas voulu s'engager et considérer que ce régime était le sien. Dès le début, il préméditait son coup et préparait le son manteau de candidat qu'il pouvait jouer plus tard contre son allié. Il voulait s'aménager une position confortable, un rôle et une place qui lui donnerait tous les avantages sur Mahamadou Issoufou lorsque l'heure des élections sonnera. Son attitude était singulière et il convient peut-être de revenir un peu sur les ressorts d'une telle attitude .Celle de Mr Hama Amadou, Président de l'Assemblée Nationale et surtout Président de Lumana Moden. Auparavant et dans un style plus " tape à l'oeil ", Ben Omar s'était essayé à cet exercice de critiquer et dénigrer violemment sa propre majorité.

L'opinion avait trouvé cela sensationnel, mais aussi totalement subjectif, parce que toute l'attaque était injustifiée et le zèle qu'il avait mis pour " taper "dans le gouvernement l'avait desservi et transformé son opinion en une manifestation d'une colère personnelle ou d'une amertume enfouie ; donc pour des raisons totalement éloignées de l'intérêt national ou même de sa propre formation politique. Depuis, je crois qu'il est devenu plus en cohérence avec son parti et sa mouvance. Et c'est tant mieux. Pendant plus deux (2) ans, les Nigériens ont suivi les adresses de M Hama Amadou à l'occasion de sessions de l'Assemblée Nationale et n'ont retenu que c'était toujours l'occasion pour lui de se mettre en valeur. De critiquer le gouvernement auquel son parti participe. De ne jamais, jamais faire référence à sa majorité et aux résultats que son programme enregistrait. La plupart des Nigériens ont compris que cela relevait d'une attitude atypique, singulière et qui posait deux problèmes.

Premièrement, l'opposition au gouvernement de la 7e république était d'abord interne et portée par le président d'un parti qui avait des ministres au gouvernement et qui était le principal bénéficiaire (après le PNDS) de la répartition des postes politiques et techniques. A partir du moment où l'on sait que pour les prochaines des élections de 2016, Issoufou Mahamadou serait le principal challenger de Hama Amadou il était concevable que ce dernier joua le rôle (non avoué et non assumé) d'opposant dans la majorité. Je dis " concevable ", pas admissible et encore moins acceptable dans une coalition politique sérieuse. J'avais dit plus haut que Hama avait celui qui a exercé l'impact le plus négatif sur la qualité de l'alliance et sur la gouvernance mise en oeuvre depuis deux ans. C'est également celui qui a pensé détruire la majorité en place et plonger le Niger dans une instabilité dont lui seul pourrait en tirer le bénéfice.

2 .L'homme qui méprisait Mahamane Ousmane…

Deuxièmement, cette attitude posait le problème de l'inélégance d'un Homme qui, pour avoir dirigé une majorité gouvernementale pendant 7 ans, devait savoir comment les alliés vrais se comportent à partir du perchoir de l'Assemblée Nationale. C'était d'autant plus inadmissible pour les Nigériens que le même Hama Premier Ministre avait usé et abusé de la loyauté de la CDS et de son Président dans le cadre de leur alliance. Jamais, on n'a entendu Ousmane qui était au même perchoir, attaquer violemment et publiquement l'alliance à laquelle participait. Mais à cette observation, Hama Amadou a invariablement répondu qu'il n'était pas Mahamane Ousmane, sous-entendant que le Président de la CDS n'est pas quelqu'un avec qui on pouvait le comparer. Cela s'appelle du mépris et Ousmane devrait être gêné aujourd'hui d'être aux côtés d'un homme qui le tient en une telle mésestime. Après tout, il fut un temps ou Tandja Mamadou disait de l'un qu'il était " le lièvre des temps modernes " et l'autre " le chien des temps modernes ".je ne me rappelle plus qui est l'un et qui est l'autre.

En tout cas, aujourd'hui ils sont dans la même cour. Mais bon, cela est une autre affaire. La leur. Alors que pendant près de dix ans dans le cadre de leur alliance avec le CDS, le Mnsd n'a pratiquement rien concédé au parti vert, jamais on a entendu Mahamane Ousmane avoir le ton, la critique et la posture que Hama a eus avec le PNDS. Personne n'a entendu Mahamane Ousmane attaquer en public ou en privé, en déplacement international ou local le Premier Ministre Hama ou le Président Tandja. C'était un comportement normal, moralement minimal.

3. Loyal (seulement) avec luimême...

Deux ans et demie durant Hama a continué à agir contre toutes les règles morales et politiques, en stigmatisant et en sur-jouant sur les faiblesses du gouvernement, en niant et en déniant tout mérite à ce gouvernement, en organisant une vindicte médiatique permanente contre le Président, en soutenant des mouvements d'agitation contre le gouvernement, en donnant des leçons du haut de son perchoir, en voyant toujours mieux que tout le monde et en détenant à lui seul les recettes miracles pour sauver le Niger. Recettes qu'il aurait pu simplement conseiller amicalement à son allié qu'il rencontre quand il veut ou en les suggérant simplement à ses ministres qui sont au gouvernement. Au demeurant, à ce niveau, Hama Amadou ,Président de l'assemblée, aurait dû se rappeler cette réflexion de Jean Jacques Rousseau(Du contrat social) qui disait que lorsqu'on est (..) législateur, on ne perd pas son temps à dire ce qu'il faut faire ,on le fait ou on se tait.

Hama n'a pas fait grandchose et il ne s'est pas tu. Hama a préféré médire, dénigrer et surtout amplifier tout le mal qu'il pensait du gouvernement, son gouvernement où logiquement il avait envoyé ses militants de qualité et en qui (normalement) il avait confiance pour relever tous le défis ; du moins c'est ce que les Nigériens pensaient. Absurde et terrible situation que celle de ces braves ministres de Lumana qui devaient bien se demander en quelle estime les tenait leur président quand le gouvernement qu'ils animent était présenté comme une médiocre équipe. En cela Hama devient un cas unique au monde. En effet, alors qu'il est le principal allié du gouvernement tout dans son comportement, ses opinions et son attitude semblent démontrer qu'il n'a pas beaucoup travaillé dans la consolidation ou la pérennisation du régime en place. Hama plus que tout autre au Niger sait que dans le cadre d'une alliance, les partis se doivent loyauté.

4. les grands hommes et les autres…

En fait, tout le monde l'avait compris et, aujourd'hui, en est définitivement convaincu, Hama Amadou organisait ainsi déjà son agenda présidentiel 2016, sans aucune prise en compte des responsabilités qui étaient les siennes et celles de son parti dans la consolidation des institutions, de l'intérêt de son parti et encore moins de la crédibilité de ses ministres. Pour faire simple, Hama était dès le 1er jour du mandat de Issoufou en campagne pour la présidentielle de 2016 et s'il ne critiquait pas ouvertement la gouvernance du président ISSOUFOU, qu'est ce qu'il pourrait dire contre lui lorsqu'il devrait l'affronter? C'est cela le moteur de ses agissements publics ou en petit comité. Et en cela Hama a vécu une rude souffrance, car lorsqu'on est alliés, votre propre conscience vous commande et condamne à la loyauté. Mais la seule loyauté dont il accepte de souffrir la charge, c'est la loyauté à ses seuls propres intérêts personnels, uniquement personnels.

Et c'est là que se trouve la ligne de démarcation entre un homme politique et un Homme d'Etat. Et pourtant que de peines et de compromis ont souffert ses alliés pour que Hama ne s'en aille jamais ! Tous les postes et tous les privilèges possibles lui ont été accordés. Toute la discipline et toute la loyauté possibles lui ont été témoignées. Dans aucune autre alliance, Hama Amadou ne peut avoir plus que ce qu'il a eu avec le PNDS. Et cela Hama dans l'intimité de son âme le sait bien. Il le sait même très bien. Les militants Lumana (de bonne foi) le savent et le reconnaissent. Le seul poste qu'il n'a pas, c'est celui de Président et celui-ci c'est le peuple qui le confère a des intervalles réguliers de 5 ans .Il peut valablement et légitimement y prétendre dans 2 ans. Et ce poste là, ce n'est pas une alliance concoctée au pas de course à la MJC qui le donnera, mais les Nigériens qui comprennent de plus en plus qui s'occupe de leur destin et qui s'occupe de son destin personnel, à lui. Être le centre du monde (au propre, comme au figuré) n'est pas une vision chez l'homme, c'est sa conviction.

C'est son intime conviction. Enfin, que dire pour conclure, que dire pour se consoler de voir comment Hama Amadou a travaillé à détricoter la majorité ? Peut-être se consoler en se rappelant que certains philosophes ont souvent pensé que de tout mal on peut tirer un bien. Aujourd'hui, je le souhaite ardemment. Hama Amadou est parti, cela a, sans aucun doute, permis de clarifier les lignes et les statures des hommes politiques de ce pays. Y en a de moins grands que d'autres. Mais je ne ferais pas moi-même la classification.

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