Niamey - Le Rapporteur spécial des Nations unies pour les droits de l’homme des réfugiés, M. Filepe Gonzales Morales a achevé ce lundi 8 octobre sa mission de sept jours au Niger au cours de laquelle il a rencontré les Ministres de l’intérieur et de la justice, la commission nationale des droits humains, l’Agence nationale de lutte contre le trafic et la traite des personnes, des acteurs de la société civile , des partenaires et le système des Nations unies.
La mission a aussi effectué des visites de terrain à Agadez où elle s’est rendue dans les centres de transit de migrants, au camp des refugiés soudanais et dans des ‘’ghetto’’ (lieu d’hébergement des candidats à la migration). A Niamey, la délégation a visité le centre de transit des mineurs de l’OIM. A toutes ces étapes, le rapporteur onusien s’est entretenu ave des migrantes, des migrants mineurs et des migrants victimes de violation de leur droit ou en situation de vulnérabilité.
Il ressort des constats du Rapporteur spécial que la mise en œuvre de la loi anti migratoire adoptée en 2015 a certes réduit le flux des migrants et sauvé des vies dans le désert du sahara mais elle a eu pour conséquence de rendre davantage vulnérable les migrants avec des voies de contournement, des voyages de nuit et des risques d’abus et de violations de droits humains.
Selon l’expert de l’ONU, la loi a rendu plus vulnérables les migrantes d’abus sexuels et d’exploitation, à Agadez, certaines d’entre elles manquant le minimum sont forcées à se prostituer pour leur survie, documente-t-il.
La loi a fait de la migration plus périlleuse, plus longue et plus couteuse, selon les témoignages des migrants rapportés par la mission.
En dépit des harcèlements, des intimidations et des violations des droits humains, la plupart des candidats au départ n’ont pas renoncé à leur projet, est-il rapporté.
En somme, des évaluations faites de la loi, il est relevé des nombreux défis liés à la prise en compte des droits des migrants, à la clarification des rôles, à son interprétation, à sa vulgarisation, à l’insuffisance des moyens des ONG et de la CNDH pour le suivi des migrants, à l’insuffisance des mesures de prévention ou à la coordination des acteurs.
Le Niger a réduit de 90% le nombre des migrants potentiels entrant par Agadez (Nord), principale porte d’entrée et de sortie des migrants au Niger et ce entre octobre 2016 et janvier 2018’’, selon les statistiques officielles.
En 2016, 330.000 personnes ont traversé le Niger pour se rendre en Europe, ce chiffre a chuté à 18.000 en 2017 et moins de 10.000 en 2018, selon les statistiques officielles.
En 2017, 268 trafiquants ont été déférés devant les tribunaux et 140 véhicules ont été immobilisés, dans le cadre de la mise en œuvre de la loi anti-migration adoptée en fin 2015, précisent-elles.
L’expert présentera un rapport détaillé de sa mission en juin 2019 au conseil des droits de l’homme des Nations Unies.