Le Président du Niger Issoufou Mahamadou a pris la parole jeudi 11 octobre à l’ouverture du 17ème sommet de la Francophonie à Erevan (Arménie) en mettant l’accent sur 5 défis auxquels font face le Niger, le Sahel et certains Etats de l’espace francophone.
Ces défis ont trait à la sécurité, à la migration, la démographie, au climat et à la crise du système multilatéral, a-t-il détaillé.
‘’Vivre ensemble dans la solidarité, le partage des valeurs humanistes et le respect de la diversité : source de paix et de prospérité pour l’espace francophone’’, thème du sommet, appréhende opportunément les préoccupations et les besoins essentiels des pays membres et, au-delà, ceux de la communauté internationale dans son ensemble, a affirmé SEM Issoufou Mahamadou.
« Il ne peut avoir de prospérité dans l’espace francophone sans paix ni sécurité », a-t-il dit, rappelant les menaces terroristes et celles des organisations criminelles, auxquelles sont confrontés certains Etats membres de l’OIF, notamment les Etats du Bassin du Lac Tchad et de ceux du Sahel.
Ces Etats ont besoin de la solidarité de la communauté Internationale en général et de la communauté francophone en particulier, a-t-il plaidé.
La communauté Internationale, responsable de la situation créée en Libye ne doit pas se désintéresser de la situation du Sahel qui en est une des conséquences, a fait observer le Chef de l’Etat, notant la solidarité constante de la France vis-à-vis des peuples du Sahel.
Sans les opérations Serval, puis Barkhane lancées par la France, la situation sécuritaire du Sahel serait pire qu’elle ne l’est aujourd’hui, a-t-il indiqué tout en saluant « la détermination avec laquelle le Président Macron se tient à nos côtés.»
« Je salue son soutien non seulement dans le combat sécuritaire mais aussi dans celui, inséparable, du développement économique et social, à travers notamment le lancement de l’initiative Alliance pour le Sahel », a-t-il ajouté.
En ce qui concerne le défi de la migration clandestine, le Président de la République a lancé un appel à la communauté Francophone pour qu’elle se mobiliser « pour contribuer à mettre fin au drame auquel nous assistons avec notamment tous ces morts dans le désert et en méditerranée. »
La mise en œuvre de l’agenda 2063 de l’Union Africaine, en particulier de la Zone de Libre Echange Continentale, des plans du développement des infrastructures, de l’agriculture et de l’industrie en Afrique sont les bases d’une solution à ce problème, a-t-il expliqué.
Parlant du défi de la démographie, le Chef de l’Etat a dit que la communauté francophone doit soutenir les efforts des pays qui souhaitent réaliser leur transition démographique à travers le développement des secteurs sociaux de base : l’éducation notamment celle de la jeune fille et la santé notamment celle de la reproduction.
SEM Issoufou Mahamadou a insisté sur l’éducation de la jeune fille, affirmant que « le Niger souscrit pleinement aux engagements contenus dans la Stratégie de la Francophonie pour la promotion de l’égalité des droits entre les femmes et les hommes et l’autonomisation des femmes et des filles ».
Evoquant la jeunesse, « atout de l’Afrique dans la compétition pour l’économie de la production qui caractérise le monde aujourd’hui », le Président de la République a souligné que le Niger, qui se réjouit des initiatives déjà existantes, « est convaincu que nous devrions intensifier les efforts pour réaliser les ambitions que nous avons pour la jeunesse. »
« Nous devons transformer notre actif démographique en dividende économique », a-t-il dit.
Autre préoccupation ; le défi climatique. Le Niger qui assure la Présidence en Exercice de la Commission dédiée au Sahel est à pied d’œuvre dans l’exécution du mandat qui lui a été confié, et accueillera en novembre prochain, un sommet des Chefs d’Etat et des partenaires au développement, dans le cadre de l’opérationnalisation des programmes convenus, a indiqué le Chef de l’Etat.
Le Niger invite par conséquent les pays membres de la famille francophone à serrer les rangs pour la promotion et la mise en œuvre effective de l’Accord de Paris et des arrangements subséquents, car ils constituent un instrument irremplaçable de multilatéralisme et de réalisation du développement inclusif et durable, a dit le Président de la République.
Parlant du défi de la crise du système multilatéral, le Chef de l’Etat a affirmé : . « Seule la refondation de ce système nous permettra de faire face de manière solidaire aux quatre défis que je viens d’évoquer »
En effet, le système multilatéral, tel qu’il a été institué dans le cadre des Nations Unies traverse une crise majeure avec la remise en cause de ses principes fondamentaux par certains Etats et non des moindres, a-t-il expliqué.
Des accords ayant fait l’unanimité tels que l’accord de Paris sur le Climat, l’accord sur le nucléaire Iranien, l’accord sur le libre-échange dans le cadre de l’OMC sont dénoncés ou remis en cause.
« Les pays de l’espace francophone ne doivent pas observer et subir de manière passive ce phénomène », a –t-il souligné.
La nécessité pour la communauté internationale d’un monde multilatéral et multipolaire, porteur d’une mondialisation profitable à tous, doit nous inciter à contribuer de façon solidaire aux initiatives régionales et mondiales de promotion du développement durable et de lutte contre le changement climatique, a poursuivi le Chef de l’Etat.
« C’est le lieu de montrer notre solidarité au nom des valeurs partagées pour la prospérité et pour la paix », a-t-il conclu.
Auparavant, le Président Issoufou Mahamadou a dit que le Niger, berceau de la Francophonie, a toujours porté à cœur et activement contribué à l’évolution et à la transformation institutionnelle et qualitative de notre organisation commune.
L’ancêtre de l’OIF, l’Agence de coopération Culturelle et Technique (ACCT) avait été portée sur les fonts baptismaux en 1970 à Niamey avec comme fondateurs pères le Nigérien Diori Hamani, le Tunisien Habib Bourguiba ou le sénégalais Léopold Sédar Senghor.
L’OIF regroupe aujourd’hui 54 membres et une trentaine d’observateurs avec une population de 900 millions dont près de 300 millions de francophones.