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Commercialisation de gaz domestique : Découverte d’un vaste réseau de fraudes

Publié le lundi 29 octobre 2018  |  Le Courrier
Environnement
© AFP par BOUREIMA HAMA
Environnement : le Niger favorise sa production de gaz pour lutter contre l’avancée du désert et la déforestation
Jeudi 23 juillet 2015. Niger
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Le Niger produit du gaz à des quantités si élevées qu’il n’arrive pas à jouir de la totalité de sa production. Par faute de moyens de stockage, dit-on en haut lieu. Pourtant, Niamey et plusieurs villes du pays connaissent des ruptures récurrentes de gaz domestique. Les conditions d’approvisionnement, longtemps mises en cause, n’expliquent pas en vérité ces pénuries de gaz. Le secret vient d’être percé. Selon des investigations menées sur le terrain , ce sont des fraudes massives organisées qui expliquent ces ruptures intempestives dans la fourniture de gaz domestique et la partie chinoise, à travers le directeur général de Soraz, qui en fait la révélation. Dans un document confidentiel adressé au ministre du Pétrole, Foumakoye Gado, Chen Lei a informé le ministre de tutelle, avec ampliation au ministre du Commerce et au Premier ministre, que « Le GPL est excessivement distribué à Maradi relativement au besoin réel ». Il enchaîne en précisant que « ceci se traduit par des actes de fraudes qui sont posés au détriment des intérêts de l’Etat du Niger ». Le directeur général de Soraz, qui est formel sur le fait que cela n’a rien à voir avec l’évolution des besoins de la population, fait au passage la leçon à Foumakoye Gado, en lui soulignant que, bien que victime, la Soraz, malheureusement, n’a pas le droit d’intervention dans la distribution et la répartition du GPL domestique et convie aimablement le patron du pétrole nigérien à « prendre des dispositions en vue de lutter contre la fraude ». L’accusation, aussi claire que grave, n’a pas laissé le ministre Foumakoye indifférent. La semaine passée, soit le 16 octobre 2018, il saisit par lettre le ministre des finances, Hassoumi Massoudou, pour lui relever une augmentation sensible du pétrole de gaz liquéfié (GPL) dans la région de Maradi, dépassant largement celle de la région de Niamey. Selon les chiffres officiels de chargement à la Soraz transmis à Foumakoye Gado, la région de Maradi a consommé, en août 2018, 1508, 56 tonnes de GPL contre 1350,4 tonnes, soit un écart de plus de 158 tonnes. En septembre, cet écart va se creuser davantage, affichant pour Maradi 1600,24 tonnes contre 1157,9 tonnes pour Niamey, soit une différence appréciable de 443 tonnes. Malgré la clarté de la lettre de Chen Lei, Foumakoye Gado cherchera un langage plus châtié. La fraude massive en direction du Nigeria, indexée par Chen Lei comme étant la source et l’explication de cette surconsommation virtuelle de Maradi, devient, dans la lettre de Foumakoye à Massoudou, une simple « tentation d’exportation du GPL vers le Nigeria ».

Les quantités abusives prétendument dédiées à la région de Maradi sont en réalité destinées à l’exportation en direction du Nigeria

Pour des sources au parfum de l’affaire, Foumakoye Gado connaît sans aucun doute ceux qui sont derrière ce trafic pour qualifier cette fraude de « tentation d’exportation du GPL vers le Nigeria ». Non seulement, il évite soigneusement de parler de fraude, mais il parle de « tentation », c’est-à-dire de penchant, d’attraction. Evidemment, les fraudeurs et leurs commanditaires tirent de gros bénéfices dans l’exportation massive du GPL vers le Nigeria, singulièrement à Kano. Alors que la tonne de GPL est cédée à partir de Soraz à 213 dollars, elle est vendue au Nigeria à 580 dollars. La différence, de 367 dollars, soit plus du double du prix de cession à Soraz, a de quoi attiser des appétits dans un pays où les plus grands trafiquants se recrutent dans les cercles du pouvoir. Les quantités abusives prétendument dédiées à la région de Maradi sont en réalité destinées à l’exportation en direction du Nigeria. Sans frais payer en plus. Car, selon les informations à la disposition du Courrier, les trafiquants ne paient, en sus, aucune taxe d’exportation puisque la destination officielle est Maradi. À ce jour, rien n’a été entrepris en vue d’enrayer cette fraude qui porte un grave préjudice aux consommateurs nigériens, particulièrement à Niamey où la fourniture de gaz domestique connaît des ruptures récurrentes. La saignée continue, donc, avec une ampleur exponentielle.

Sur la base de la consommation (316,06 tonnes) de la première semaine d’octobre 2018, soit du 1er au 8 octobre 2018, tout laisse à croire que l’on connaîtra un pic à la fin de ce mois. Au total, si l’on ajoute cette consommation de la première semaine d’octobre aux deux mois d’août et de septembre 2018, l’on aboutit à 3424,86 tonnes pour Maradi contre 2914,3 tonnes pour Niamey. L’écart, 510 tonnes, a rapporté à ses pourvoyeurs 295 800 dollars, soit 177 480 000 millions FCFA. Au détriment de l’Etat !

Les acteurs de la fraude sont tapis dans les institutions de la République

La fraude est l’apanage de certaines sociétés dont les patrons sont reconnus être tapis à la présidence de la République. Selon toute vraisemblance, il s’agit d’une pratique frauduleuse parfaitement connue mais tolérée. Les mots, choisis par Foumakoye Gado pour parler du phénomène à son collègue des Finances, semblent l’avoir été à dessein. Tout en appelant son collègue des Finances à instruire la douane de Maradi pour une surveillance accrue de l’exportation de ce produit pour que nous puissions assurer la consommation nationale », Foumakoye Gado, qui connaît certainement les commanditaires et bénéficiaires de cette fraude honteuse, évite toutefois d’user des mots qui fâchent. Nulle part, il ne parle de fraude. Et pourtant, les faits sont là, têtus. « C’est à la fois honteux et révoltant pour les gouvernants actuels », souligne notre source qui ajoute que la Douane, instruite pour y mettre fin, est en réalité désarmée face à la fraude qu’elle regarde se développer. Sur la période indiquée par le directeur général de Soraz, Maradi dépasse 60% des quantités chargées. Ce n’est pas surprenant. Sur 18 clients de Soraz, dix fournissent ou font semblant de fournir à Maradi. Niamey, la capitale, ne compte que cinq fournisseurs. Assez révélateur sur la gravité de la fraude ! Avec 594,280 tonnes de GPL, la société AHK-Gaz, vient en deuxième position, derrière Sonihy qui affiche à son compteur 781,240 tonnes. Tapis au sommet de l’Etat, dans les institutions de la République où ils sont conseillers pour la plupart, les promoteurs de cette fraude sont parfaitement connus mais tolérés.

Laboukoye
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