Les responsables du secteur des hydrocarbures des pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et les structures associatives intervenant dans le secteur examinent depuis jeudi à Niamey, en vue de sa validation, un programme régional de facilitation de l’approvisionnement en produits pétroliers dans l’espace ouest-africain, a-t-on constaté sur place.
Il s’agit à travers cette rencontre, selon le ministre nigérien du Pétrole Foumakoye Gado, d’œuvrer à l’application de stratégies et d’actions adéquates pour le développement et l’intégration du secteur pétrolier de la région en procédant à son ouverture.
En effet, malgré une forte évolution de la consommation en produits pétroliers dans la région, qui devrait doubler dans les 10 prochaines années (34 millions de tonnes en 2017), le ministre a noté un ralentissement des investissements dans les infrastructures logistiques nécessaires pour garantir une gestion efficiente de ce flux de produits.
De même, il a constaté une “absence de corrélation entre les réglementations nationales notamment en matière de fiscalité, de stock de sécurité de structure des prix, de lutte contre la contrebande, de spécifications des produits pétroliers nécessaires pour rendre fonctionnel un véritable marché régional bénéfique pour la sécurisation des approvisionnements des Etats membres de la région et la baisse du prix à la pompe pour les consommateurs”.
“Une bonne stratégie énergétique doit prendre en considération les aspects liés au potentiel en ressources énergétiques, à l’évolution de l’offre et de la demande et aux tendances des marchés régionaux et internationaux”, a-t-il estimé. Cette stratégie, a-t-il poursuivi, “doit pouvoir s’intégrer dans une approche régionale qui permet de tirer profit d’un vaste ensemble d’opportunités et de réaliser des économies d’échelle à travers la coopération régionale”.
M. Gado a déploré qu’en dehors de la raffinerie de Zinder (SORAZ, à capitaux sino-nigériens) au Niger qui “fonctionne a environ 80 à 90% de sa capacité, avec cependant aussi un fort taux d’endettement”, la plupart des raffineries de la région fonctionnent à moins de 30% de leur capacité avec des niveaux d’endettement très élevés pour certaines, faisant du secteur du raffinage un maillon faible du sous-secteur pétrolier.
Cette initiative de la CEDEAO, pour lui, est “un parfait exemple de coopération régionale qui devrait permettre de dynamiser le sous-secteur pétrolier en aval dans notre région et de renforcer la sécurité énergétique gage d’un développement socio-économique durable”.
Pour le commissaire en charge de l’énergie et des mines de la CEDEAO, Sediko Douka, l’intégration économique est un maillon essentiel des missions de la CEDEAO, “et cela ne peut se faire sans l’harmonisation des politiques et réglementations et sans le développement des infrastructures intégrées, particulièrement celles de l’énergie et des hydrocarbures”.
Le Niger, rappelle-t-on, est producteur et exportateur de pétrole depuis novembre 2012, à la faveur de la coopération “gagnant-gagnant” avec la République populaire de Chine. Il dispose actuellement d’une industrie pétrolière complète, produisant un pétrole de haute qualité grâce au consortium chinois China National Petroleum Corporation (CNPC).
L’entreprise assure l’exploitation du bloc pétrolier d’Agadem, dans l’est du pays, qui est traité à la raffinerie de Zinder.
Un avenant avantageux au contrat de partage de production du bloc d’Agadem, adopté en juin dernier par le gouvernement, permettra à terme au Niger, selon un communiqué officiel, “d’augmenter sa production qui passera de 20.000 b/jr à environ 110.000 b/jr d’ici 2021, et de bénéficier ainsi d’importants revenus financiers”, dans le cadre du projet de la 2e phase d’exploitation.
Pour l’évacuation du pétrole brut via certains ports de la sous-région, il est envisagé, grâce à la coopération sino-nigérienne, de bientôt construire des pipelines.