Historiquement, les “girafes de Kouré” sont venues de l’Aïr.
Dans leur longue marche vers le sud en raison de l’aridification du climat dans leur milieu d’origine, elles se sont installées dans le Damergou jusqu’aux années 50/60 puis dans la zone de Dakoro autour des années 60/70 avant de migrer vers Tiilaberi.
Les girafes bien connues de Tillaberi ne se sont pas arrêtées là. Dans leur marche probablement vers la boucle du fleuve Niger, elles ont malheureusement été l’objet d’un braconnage massif qui obligea quelques populations reliques a se replier de nouveau sur les environs de Tillaberi et par la suite, toujours à la recherche de sites plus favorables et sécurisants à migrer plus au sud. C’est ainsi qu’elles se sont établies dans la zone de Kouré autour des années 80/90 ou, grâce aux efforts de protection des services forestiers et à l’appui de plusieurs instituions internationales et une ONG nationale particulièrement dynamique, elles ont été sécurisées.
La population relique d’une centaine d’individus au départ a ainsi été multipliée par quatre ou plus, entre Kouré, Harikanassou et les plateaux des sud Ouallam et Flingué. A noter que dans leur recherche permanente de sites meilleurs elles envoient tous les ans des” eclaireurs ” dans les zones de Gaya et souvent jusqu’au Nigéria voisin. Cela selon les spécialistes est bien l’expression par les girafes elles mêmes, d’un besoin d’espaces de vie complémentaires, la zone d’accueil s’avérant de plus en plus artificialisee et insuffisante pour soutenir une population trois à quatre fois plus forte.
Tout cela pour dire que l’initiative visant à tester la réintroduction de quelques individus dans la zone de Dakoro, si elle réussissait, sera une oeuvre technique de très haute facture et écologiquement salutaire, contrairement a ce qui semble préoccuper quelques amis sur Facebook.
En effet, mieux vaut, je pense (comme les spécialistes des Eaux et Forêts ), multiplier les chances d’avoir demain, quelques girafes un peu partout ou cela est possible au Niger, que de les voir “suffoquer” en masse dans un environnement de moins en moins hospitalier pour une population en forte croissance.
Colonel Major Mamadou Mamane
Forestier à la retraite