«Nous sommes heureux que ces otages aient été libérés et nous sommes heureux d’y avoir contribué», c’est en ces termes que le président du Niger, Mahamadou Issoufou a salué la libération des otages. Sur l’antenne de RFI, il a souligné que ce résultat est le fruit du travail de son équipe «qui a très, très bien travaillé» et a rappelé que «le 16 septembre 2010, quand ils ont été enlevés, nous avons senti cela comme une humiliation. Et depuis, le Niger s’est employé à créer les conditions de leur libération». Une façon selon lui de montrer que «le Niger a apporté la preuve que ses services ont des compétences, que tous ses services ont un certain professionnalisme». Au micro de Christophe Boisbouvier, il revient sur le rôle du Niger dans cette libération.
Christophe Boisbouvier: Lors de la bataille des Ifoghas en janvier dernier, les familles ont eu très peur. Est-ce que vous aussi, vous n’avez pas craint de perdre les otages ?
Mahamadou Issoufou : Tout le monde a eu peur, parce qu’avec tout ce qui s’est passé, on craignait de les perdre. Heureusement on les a trouvés vivants. Et aujourd’hui ils sont libres. On vient de les accueillir à l’aéroport. Ils sont tous les quatre en bonne santé, et iront retrouver leurs familles dont ils sont séparés depuis plusieurs mois.
Mohamed Akotey est un membre éminent de la communauté touarègue du Niger. Est-ce que cela a facilité les négociations avec les ravisseurs qui étaient eux-mêmes, semble-t-il, des touaregs ?
Je pense que tous les Nigériens ont essayé d’apporter leur contribution à cette libération. Nous avons la chance d’avoir des professionnels, des gens consciencieux, grâce à eux, à leur travail, à leur sacrifice, nous avons pu parvenir à ce résultat. Ce n’était pas évident, parce que le travail a été fait dans des conditions très difficiles. Mais le plus important c’est le résultat qui est là aujourd’hui et on ne peut que s’en féliciter.
Est-ce que vous pouvez nous confirmer que les ravisseurs de ces derniers mois étaient bien du côté d’Ansar Dine et de Iyad Ag Ghali ?
Oui, je pense que les ravisseurs sont bien connus, ils sont bien identifiés. Mais non, non, je ne vous confirme pas que c’est Ansar Dine ou Iyad Ag Ghali, mais je sais que ce sont des gens très proches d’Aqmi ou d’Aqmi même qui sont à la base de ces enlèvements.
Donc ils étaient toujours au Nord-Mali et vous avez réussi à les faire revenir au Niger, c’est cela ?
Exactement. Ils étaient au Nord-Mali. On a réussi à les récupérer, à les faire revenir au Niger.
Est-ce que vous pouvez nous dire à quel moment vous avez senti que, ça y est, les choses allaient se débloquer ?
J’ai senti cela il y a plusieurs mois, plusieurs semaines. J’ai toujours été optimiste. Surtout après les premiers contacts que nous avons eu, contacts à travers lesquels nous avons pu obtenir des preuves de vie. A partir de ce moment on est restés optimistes. On a poursuivi le travail et puis on a pu parvenir à ce résultat extrêmement important.
Donc la bonne surprise c’est la vidéo que les ravisseurs vous ont transmise. Je crois que c’était au mois de juin dernier. C’est ça ?
Je ne vais pas rentrer dans les détails de ce qui s’est passé. Le plus important c’est qu’on se réjouisse ensemble du résultat et de cette libération.
Et cette libération, justement, Monsieur le président, elle s’est passée quand exactement ? Aujourd’hui ? Hier ? Avant-hier ?
En tout cas, nous on les a récupérés aujourd’hui (mardi 29 octobre NDLR), donc c’est ça le plus important.
Ces dernières années, Monsieur le président, les otages passaient par Bamako ou par Ouagadougou. Aujourd’hui, ils passent par Niamey. Ce qui veut dire que le Niger a joué un rôle décisif. Qui a joué un rôle décisif dans les derniers moments ? Est-ce que ce sont plutôt les négociateurs français ou les négociateurs nigériens ?
Le plus important c’est que les otages soient libres. C’est ça qu’il faut noter. On n’entre pas dans des considérations par rapport aux contributions de tel ou tel acteur dans le processus de libération.
Evidemment, la question que tout le monde se pose, Monsieur le président, est de savoir si une rançon a été payée et par qui, bien sûr.
Je pense que ce dont il faut se réjouir c’est que ces otages, qui ont passé de dures épreuves, qui sont restés pendant des mois isolés, loin de leurs familles, aujourd’hui ces otages sont en liberté.
Quelles ont été les heures les plus difficiles depuis le mois de juin dernier ? Ce sont les premières heures ou les dernières heures ? Est-ce qu’au dernier moment encore, vous avez craint que tout puisse échouer ?
Non, j’ai toujours été optimiste, comme je vous l’ai indiqué. Cet optimisme qui a fait qu’on n’a jamais baissé les bras, on a pu maintenir la pression et on a pu obtenir la libération.
Et vous étiez en ligne très régulièrement avec François Hollande ? Peut-être tous les jours ou tous les deux jours, ces derniers temps ?... suite de l'article sur RFI