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La rançon, l’arlésienne des prises d’otages
Publié le mercredi 30 octobre 2013   |  AFP




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PARIS - On en parle tout le temps mais on ne la voit jamais : l’éventuelle rançon payée pour la libération des quatre otages français d’Arlit pose le problème des moyens que les Etats sont prêts à engager pour obtenir la libération de leurs otages, estiment les spécialistes.

Selon une source proche des négociateurs nigériens, citée par l’AFP, 20 à 25 millions d’euros ont été versés en échange de la libération mardi des quatre otages pour payer les ravisseurs et les intermédiaires qui, sur le terrain, ont joué un rôle important pour obtenir ces libérations.

Citant une "source française", Le Monde croit savoir que "l’argent a été prélevé sur les fonds secrets alloués aux services de renseignement".

Dès mardi soir, Pascal Lupart, président du comité de soutien de Serge Lazarevic, enlevé en novembre 2011 au Mali par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), avait mis en cause des "propos irresponsables" de François Hollande qui a assuré à plusieurs reprises que la France ne paierait pas de rançon pour les otages du Mali.

"On se doute bien que c’est Areva qui a payé pour la libération des otages d’Arlit de la même façon que c’est GDF Suez qui a payé pour celle de la famille Fournier en avril 2013 au Nigeria", avait dit à l’AFP Pascal Lupart.

"Ceux qui restent aujourd’hui détenus au Mali, selon lui, sont des indépendants, des sans-grade qui n’ont pas derrière eux d’entreprise capable de disposer d’une manne financière pour les faire libérer".

En réponse à ces affirmations, l’entourage de François Hollande a réaffirmé mercredi en tout début d’après-midi: "La France ne verse pas de rançon. C’est ce qui est rappelé à chaque fois. C’est ce qui a été rappelé par Jean-Yves Le Drian, il a été très clair. Pas besoin de revenir sur le sujet".

Une position qui reprend celle de l’ex-président Nicolas Sarkozy, qui déclarait en mai 2011, en évoquant la libération des trois otages d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) deux mois plus tôt : "L’Etat français ne paie pas de rançon et ne cède pas aux chantages. C’est une question de principe. Mais il y a un autre principe auquel je suis attaché : toute vie est sacrée". M. Sarkozy confirmait ainsi en pointillés qu’une rançon avait pu être versée,
cette fois par Areva.

"Tout le monde paye, même les Britanniques"

"La rançon, a dit mercredi à l’AFP l’ancien patron d’un service de renseignements français, c’est un peu comme l’Arlésienne de Bizet. On en parle tout le temps mais on ne la voit jamais, alors que les Etats ou les entreprises payent dans la quasi totalité des cas". Ce spécialiste ajoute qu’il "y a toujours une rançon ou une contrepartie payée sous une forme ou une
autre: argent, libération de prisonniers, livraisons d’armes..."

Un bon connaisseur d’Aqmi, qui demande à rester anonyme, ajoute: "Contrepartie ou pas: officiellement non, mais il y a toujours moyen de faire payer quelqu’un sans que cela soit officiel et c’est sans doute ce qui s’est passé".

Avis partagés par Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R). "Tout le monde paye, même les Britanniques", assure ce spécialiste. "Rançon, contrepartie (libération de prisonniers), ou opération de vive force: il n’y a pas d’autre manière de libérer des otages".

En avril 2008, deux millions de dollars avaient été versés par l’armateur
du voilier Le Ponant pour la libération des 30 membres de l’équipage, dont 22
Français, retenus au large de la Somalie.

Ce qui avait permis au général Jean-Louis Georgelin, alors chef d’état-major des armées, d’affirmer que "strictement aucun argent public n’a été versé". La morale était sauve d’autant plus qu’une partie de la rançon avait été récupérée lors d’un raid de l’armée française.

L’enlèvement de journalistes français au Liban de 1985 à 1988 s’était déroulé sur fond d’un lourd contentieux franco-iranien, celui d’un gros investissement du Shah dans le nucléaire français dont le nouveau pouvoir iranien des mollahs voulait le remboursement. Les otages avaient été libérés après le règlement discret de ce dossier.

pmg/at/ed



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