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Niger : une économie en progression, mais un endettement préoccupant

Publié le vendredi 4 janvier 2019  |  Xinhua
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© Autre presse par DR
Ville de Niamey
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L'économie du Niger a été marquée en 2018 par des performances économiques qui ont vu une croissance de près de 5,2% et une amélioration appréciable du climat des affaires, mais aussi un endettement préoccupant du pays représentant près de 45% du PIB, en dépit d'importants efforts du gouvernement dans sa politique de réduction des arriérés.

Le président Mahamadou Issoufou a noté lundi dans son message du Nouvel An que ce taux de croissance économique était nettement au-dessus de la moyenne de 3% pour l'ensemble des pays de la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et des 3,7% de l'économie mondiale. Une performance tirée par "une bonne production agricole, avec la mise en oeuvre de l'initiative 3N (les Nigériens nourrissent les Nigériens), ainsi que par les investissements dans des projets structurants", a-t-il précisé.

Parmi ces projets figurent notamment plusieurs infrastructures routières à Niamey et à l'intérieur du pays, la centrale solaire de Malbaza, inaugurées courant 2018, ainsi que les travaux de modernisation de Zinder (sud).

A cela s'ajoutent la construction de l'hôpital de référence de Maradi (sud), de l'hôpital de l'Amitié nigéro-turque à Niamey et ceux de la télévision numérique terrestre (TNT), tous trois terminés, ainsi que ceux en cours du pont Djibo Bakary à Farié (60km à l'ouest de Niamey, sur le fleuve Niger), du troisième pont de Niamey (Pont Seyni Kountché), de la modernisation de l'aéroport Diori Hamani, de la voie express de l'aéroport de Niamey au centre-ville, de l'hôtel présidentiel ou encore du Centre de conférence international Mahatma Gandi.

L'année 2018 a par ailleurs vu le lancement des travaux de l'usine de traitement d'eau de Goudel, dans la capitale, et du programme Millenium Challenge qui comprend principalement des aménagements hydro-agricoles.

Parallèlement, "le déficit budgétaire est progressivement réduit et pourrait être en dessous de 3% en 2020. Le taux d'inflation de 2,9% en 2018 reste en deçà de la norme de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) de 3%, et ce malgré les mesures de correction fiscale adoptées en 2018".

Par ailleurs, l'amélioration du climat des affaires, entreprise les années précédentes, s'est poursuivie en 2018. Selon le rapport Doing Business 2019 de la Banque mondiale paru fin octobre, le Niger a gagné une place en la matière, se classant 143e sur 190 économies dans le monde.

C'est en matière de création d'entreprises que le pays réalise son meilleur score, en se classant à la 27e place mondiale, tandis qu'il est passé à la 158e place, contre la 164e en 2017, pour l'obtention d'un permis de construire et le 162e rang mondial en matière de raccordement à l'électricité. Pour les critères "transfert de propriétés", "obtentions de prêts" et "protection des investisseurs minoritaires", il se classe respectivement 111e, 144e et 149e, selon le rapport.

En outre, le Niger, déjà producteur et exportateur de pétrole depuis novembre 2012, disposant actuellement d'une industrie pétrolière complète qui produit un brut de haute qualité, va bientôt augmenter sa production qui passera de 20.000 barils/jour à environ 110.000 b/j d'ici 2021 et va bénéficier d'importants revenus grâce à l'adoption en juin dernier d'un avenant avantageux au contrat de partage de production de son bloc pétrolier d'Agadem (nord-est), exploité par le consortium China National Petroleum Corporation (CNPC).

En revanche, l'endettement du Niger -évalué à 45,1% en 2018- a constitué une préoccupation majeure pour les institutions de Brettons Wood que sont la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), à en juger les nombreuses récentes alertes à l'endroit des autorités du pays.

Selon Joëlle Dehasse, responsable des opérations de la BM au Niger, la dette dont l'encours était en 2017 de 1.985,9 milliards de francs CFA (3,4 milliards de dollars) représente 44% du PIB, avec des risques de détérioration importants, bien que le Niger appartienne au groupe des pays à risque modéré.

Elle a relevé en décembre que la dette intérieure a été un facteur clé de l'endettement public, lequel a augmenté de près de 10%, sur une période de quatre ans, en raison notamment d'émission de titres sur le marché régional, mais également à cause de la dette de la banque centrale. Les échéances ont tendance à se raccourcir et les taux d'intérêt sont plus élevés par rapport à la dette multilatérale extérieure.

Une délégation du FMI conduite par son directeur adjoint du département Afrique, David Owen, en visite à Niamey en avril dernier, a certes salué les efforts du gouvernement nigérien dans sa politique de réduction des arriérés, mais lui a demandé aussi d'être prudent dans la gestion de la dette dans le cadre de l'accroissement des investissements.

A ce propos, M. Issoufou a annoncé lundi l'apurement des arriérés intérieurs par le gouvernement en 2018 estimés à 109 milliards de FCFA (plus de 18,8 millions de dollars) au profit des opérateurs économiques.

Le gouvernement nigérien, dans sa volonté de combattre la corruption dans toutes ses formes sur le territoire national, s'est par ailleurs doté d'un organe pour conduire sa stratégie nationale mise en place pour endiguer le phénomène. Présidé par le Premier ministre Brigi Rafini, il compte en son sein, entre autres, les membres de la Haute autorité de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HALCIA).

Des enquêtes officielles ont conclu en effet que "le Niger est confronté à un niveau de corruption relativement élevé" qui a touché toutes les régions du pays. "Le secteur public est considéré comme le secteur le plus affecté par la corruption, suivi des organisations politiques et celles de la société civile", a-t-on relevé.

Les cas sont tellement légion que le Niger a occupé en 2017 la place peu enviable du 112e sur 180 pays dans le classement général sur l'état de la corruption dans le monde de l'ONG Transparency International.

Enfin, tout le long de l'année écoulée, le pays a vécu au rythme des manifestations périodiques organisées sur le territoire national par des organisations de la société civile nigérienne et l'opposition politique contre la loi de finances 2018, dont certaines mesures sont jugées "antisociales".
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