Le géographe Christian Seignobos interroge l’ancrage social du mouvement, qui a prospéré sur des conflits religieux, fonciers et communautaires.
La chronique des événements de l’année 2017 dément les assertions des gouvernements concernés diagnostiquant la fin prochaine du groupe Boko Haram. Au Nigeria et dans les pays voisins de l’Etat de Borno, les bandes armées se montrent toujours aussi actives. Les pêcheurs, éleveurs et commerçants qui veulent continuer à vivre du lac Tchad doivent s’en accommoder et profitent parfois du chaos ambiant pour évincer leurs rivaux.
De son côté, Boko Haram a dû opérer des choix dans ses alliances locales. Les intérêts des insurgés ont par exemple coïncidé avec ceux des autochtones buduma : les premiers ont voulu expulser les populations qui refusaient de leur prêter allégeance et de leur payer des taxes, tandis que les seconds se sont saisis de l’occasion pour essayer de chasser les « étrangers » qui avaient accaparé les terres et les pâturages de leurs îles. Au Cameroun, le « mouvement » s’était ancré graduellement dans les départements du Logone-et-Chari, qui recouvre le pays kotoko, et du Mayo-Sava, qui englobe l’ancien royaume du Wandala dans les piémonts des monts Mandara septentrionaux.... suite de l'article sur LeMonde.fr