PARIS - Les démentis répétés du pouvoir français sur le versement d’une rançon au groupe qui détenait les quatre otages français, rapatriés en France mercredi, ne parviennent pas à convaincre les éditorialistes.
Ces derniers soulignent jeudi que les preneurs d’otages ne font pas "dans l’humanitaire" et ont donc forcémment obtenu "des contreparties".
"Les fermes démentis de l’Elysée et du Quai d’Orsay, répétés tout au long de la journée d’hier, n’ont pas suffi à étouffer la rumeur de la rançon versée par la France aux terroristes d’Aqmi", écrit Eric Decouty dans Libération. "Personne ne peut penser que les chefs d’Aqmi aient lâché les Français sans contrepartie".
"Alors que l’inconstestable succès de l’opération d’Arlit aurait dû redonner du crédit à une parole présidentielle profondément dévaluée sur la scène intérieure, la voilà un peu plus abimée par cette histoire de rançon", assène l’éditorialiste de Libération.
"Après chaque libération d’otages, la République française nie systématiquement avoir versé la moindre rançon", soupire, désabusé, Renaud Girard dans Le Figaro. "Or tout le monde sait que c’est faux. "N’est-il pas à la fois immoral et contre-productif que de payer des rançons ?", s’interroge l’éditorialiste du quotidien conservateur.
"A quoi bon épiloguer sur une éventuelle rançon payée ?", s’énerve Dominique Quinio (La Croix). "Le gouvernement nie et niera encore. Des sources plus ou moins identifiées donneront des chiffres invérifiables. Personne ne devrait souhaiter évaluer le prix de la liberté, estime-t-elle, "sinon pour nourrir de prochaines ambitions de candidats kidnappeurs".
"À chaque libération, le scénario se reproduit", souligne Philippe Marcacci (L’Est Républicain). "Rançon ou pas rançon? À peine les avions posés sur le tarmac de Villacoublay, les larmes des retrouvailles même pas sèches, que, déjà, la polémique enfle".
Or, écrit-il, "entre grosses mallettes et énigmatiques voyages, une exfiltration prend toujours les allures d’une barbouzerie frappée d’un secret d’État dont on ne perce jamais le mystère".
"La seule certitude qu’on puisse avoir", note Patrice Chabanet (Le Journal de la Haut Marne), c’est que "les ravisseurs ne font pas dans l’humanitaire":"Ils ont forcément obtenu des contreparties".
Les modalités de la libération des quatre Français, enlevés sur un site minier du géant nucléaire français Areva à Arlit (Niger) le 16 septembre 2010, ne sont pas connues.
Les autorités françaises ont démenti à plusieurs reprises depuis mardi tout paiement de rançon, une doctrine affichée depuis l’arrivée au pouvoir de François Hollande en 2012.