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Présidente du Conseil de l’Ordre des Architectes du Niger : « Mieux connaître la profession d’architecte au Niger »

Publié le mardi 22 janvier 2019  |  Niamey et les 2 jours
Selly
© Autre presse par DR
Selly Bare Bolho , présidente du Conseil de l’Ordre des architectes du Niger.
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La profession d’architecte au Niger est peu connue de la population. Pourtant, elle est bien structurée et encadrée par un ordre depuis plus de 20 ans. Dans le but de se dévoiler un peu plus auprès du grand public, l’Ordre des architectes du Niger a organisé du 27 au 29 décembre 2018, la première édition du salon de l’architecture, baptisé « GRENA 2018 » (la grande rencontre au Niger sur l’architecture). Un évènement qui a permis de donner plus de visibilité à la profession. Selly Bare Bolho (photo), la présidente du Conseil de l’Ordre des architectes du Niger parle ici des difficultés auxquelles fait face cette profession, mais aussi des espoirs qu'elle peut susciter.

Niamey et les 2 jours : La profession d’architecte reste méconnue ou mal comprise de la population, pourtant c’est un métier qui est bien structuré. Présentez-nous cette profession au Niger.

Selly Bare Bolho : L'architecte est un professionnel de grade en bâti dont la fonction est de concevoir et /ou de diriger la réalisation d'une œuvre architecturale pour le compte d'un maître d'œuvre qui peut être une personne physique ou personne morale. L'exercice de cette profession exige l'obtention d'un diplôme d'une école d'architecture qui nécessite un Bac + 5 années d'études au minimum. Entre autres formalités à remplir, il y a la souscription d'une assurance professionnelle et l'inscription au tableau national de l'Ordre des architectes. L'architecte est aussi appelé maître d'ouvrage et il est spécialiste dans l'art de bâtir et doit maîtriser différentes phases de réalisation dans une construction. C'est un homme d'art et de terrain, mais aussi un technicien. Il associe l'esthétique et les techniques de construction et prend en compte les contraintes financières et environnementales.

N2J : Où en est-on avec le métier d'architecte au Niger ?

SBB : Les architectes au Niger sont aujourd'hui au nombre de 116 et le pays compte 45 cabinets d'architecture. L'Ordre est organisé et a été mis en place par la loi du 20 juin 1997. Au fil des années, il s'est de plus en plus imposé et organisé. Ainsi, on a réussi à fédérer tous les architectes, on a encouragé la création des écoles et mis en place les textes et règlements qui sont régulièrement mis à jour. Ça, c'est tout le travail qui a été effectué par les différents conseils nationaux qui nous ont précédés.

N2J : Comment se porte le métier aujourd'hui ?

SBB : Le métier d'architecte se porte assez bien, mais il est encore assez jeune dans notre pays. Il a connu une bonne évolution et continue à évoluer. Mais on a constaté que beaucoup de gens ignorent encore ce métier. Et c'est justement dans ce cadre qu'on a voulu organiser le salon pour mieux faire connaître la profession au Niger.

N2J : Y a-t-il des écoles d'architecture au Niger, comment se passe la formation ?

SBB : On n'a pas encore d'école d'architecture au Niger. La plupart des architectes nigériens ont été formés à l'étranger : au Togo, en France, en Tunisie, au Maroc, etc. La plupart viennent de l’EAMAU (Ecole africaine des métiers de l'architecture et de l'urbanisme) au Togo.

N2J : La première édition du salon de l’architecture a été organisée au moment où le problème du logement et de l'habitat se pose avec beaucoup d'acuité dans le pays. Que fait l'architecte nigérien pour apporter sa pierre à l'édifice ?

SBB : L'Etat a eu un programme de 25000 logements négociés et obtenus et il y en a 6550 qui vont bientôt être réalisés. C'est dans ce sens que nous avons l'intention d'approcher notre ministère de tutelle pour que dans les différentes opérations en cours ou à venir, les architectes locaux soient vraiment associés pour qu'ils puissent aussi proposer leurs compétences et qu'ils bénéficient également d'un transfert de technologie. Malheureusement, aujourd'hui, il y a plusieurs projets dans le pays qui sont en cours de réalisation, mais les architectes ne sont pas associés.

N2J : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez au quotidien ?

SBB : Tout d’abord, il y a des personnes qui exercent sans être inscrites dans l'Ordre. Ensuite et surtout, il y a le problème que posent ces personnes qui se font passer pour des architectes sans en avoir la qualité. On les découvre souvent sur les réseaux sociaux et on constate aussi souvent que de nombreux techniciens du bâtiment se font passer pour des architectes. C'est ce qui nous confirme malheureusement le fait que les gens ne savent pas très bien ce qu'est un architecte. Si on considère un technicien du bâtiment comme un architecte, c'est qu'il y a un problème quelque part.

N2J : Mais faire appel à un architecte coûte aussi cher...

SBB : C'est une idée reçue qui est ancrée dans l'esprit de beaucoup de personnes. Mais je peux vous rassurer que contrairement à ce qu'on pourrait penser, travailler avec un architecte peut vous faire économiser beaucoup d'argent. Car en prenant un architecte, on gagne en temps et en qualité. D'abord parce qu'il fait un suivi des travaux pour que ceux-ci soient conformes au planning d'exécution. Et avec ce suivi, très souvent il fait en sorte que l'entrepreneur exécuteur et respecte les délais. Aussi parce qu'il surveille et vérifie la qualité des matériaux utilisés.

N2J : Qu'est-ce qui est prévu pour améliorer l'image et donner plus de visibilité à cette profession ?

SBB : La tenue du dernier salon qui est une première était l'une des actions fortes que l’actuel Conseil national de l'Ordre voulait mettre sur pied, dès la première année de son mandat. Nous avons été satisfaits de son déroulement. Les échos qui nous parviennent sont assez positifs et nous comptons continuer sur la même lancée. Nous allons continuer à mettre en place d'autres rencontres pour pouvoir régulièrement rassembler les architectes. En perspective dans notre plan d'action, nous avons la révision des textes et bien d’autres projets encore.

Propos recueillis par Sandrine Gaingne
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