Suite à la récente sortie du vice-président du Conseil italien, Luigi Di Maio qui soutenait que le FCFA est une monnaie coloniale qui freine le développement des pays de la zone Franc, Hassoumi Massaoudou (photo), le ministre des Finances nigérien, dans une interview accordée à RFI (radio France internationale), s’inscrit en faux contre cette thèse.
Pour le membre du gouvernement nigérien, le FCFA n’est pas une monnaie coloniale et ne constitue pas un frein pour le développement des pays africains. Bien au contraire, cette monnaie d’après lui présente plutôt plusieurs avantages pour les pays qui l’utilisent. Car, c’est une politique monétaire qui a « l’avantage de protéger le pouvoir d’achat de nos populations et qui ne va pas contre la croissance, qui attire les investisseurs et qui permet d’avoir des politiques budgétaires, qui permettent de créer les conditions de l’industrialisation et du développement », explique-t-il. Et d'ajouter que la parité FCFA-euro permet de lutter contre l’hyperinflation.
Pour étayer ses propos, le ministre nigérien a pris en exemple deux puissances économiques africaines : la Côte d’Ivoire qui est dans la zone Franc et le Ghana qui a sa propre monnaie. Pour lui, les deux pays d’Afrique de l’Ouest qui sont des pays comparables géographiquement, en termes de population et de ressources naturelles, ont le même niveau d’industrialisation.
« Je pense que nous n’avons pas ce lien de subordination du point de vue des politiques économiques vis-à-vis de la France. Vraiment, ce sont des mythes que l’on continue à brandir et qui n’ont plus d’effet aujourd’hui.», argumente une nouvelle fois, Hassoumi Massaoudou.
S’agissant du compte d’opérations qui contraint les banques centrales africaines à déposer 50% de leurs réserves de change auprès du Trésor français, le ministre nigérien soutient que c’est un choix délibéré des pays de la zone de confier leurs ressources au trésor français. « La politique monétaire se décide au niveau de la Banque centrale et au niveau de l’UEMOA. Elle ne se décide pas à Paris.», conclut-il.
Des propos que les courants anti-FCFA en Afrique condamnent. Car, pour ces derniers, il est clair que le FCFA et l’existence du compte d’opérations sont à l’origine de la pauvreté et du sous-développement des pays de la zone Franc. Pour les détracteurs de cette monnaie, le fait de garder les fonds des Etats africains, « donne en réalité un pouvoir impressionnant au gouvernement français qui peut alors faire pression sur les Etats africains de la zone à sa guise. Il peut par exemple décider de bloquer tout simplement les opérations financières avec l’extérieur d'un pays de la zone qui essaie de lui tenir tête.», corrobore un panafricain.