Hama Amadou n’a pas fini encore de relire cette énorme bourde qui lui a peut-être échappée samedi 19 Octobre dernier en lâchant du haut du perchoir de l’Assemblée Nationale cette terrible affaire d’hypothèque de trois années d’exploitation pétrolière en garantie d’un prêt chinois.
« Il ne s’agit ni d’une hypothèque de la production pétrolière du Niger, ni d’un montant de deux milliards de dollars, mais d’un prêt de 1 milliard de dollars négociés dans des conditions très avantageuses, sur une période globale de 25 ans, avec 8 ans de différé », a indiqué lundi 28 Octobre dernier, le Ministre d’Etat Amadou Boubacar Cissé, répondant à l’annonce faite par le Président de l’Assemblée Nationale Hama Amadou.
D’autres précisions apportées sur cette fameuse affaire ont trait à la prétendue rencontre récente entre Hama Amadou et le président de l’Exim Bank, rencontre au cours de laquelle aux dires du Président de l’Assemblée Nationale le président chinois d’Exim Bank lui a parlé (sans doute pas en chinois ou en anglais) de cet prêt dont la signature remonte au 30 Septembre dernier.
Là aussi, le Ministre du Plan a été formel, Hama Amadou n’a pas rencontré le président d’Exim Bank, pas plus qu’il n’a rencontré un officiel chinois. Informations confirmées par les autorités d’Exim Bank ainsi que l’Ambassade de Chine au Niger. Le dernier séjour de Hama en chine remonte au mois de Décembre 2012.
Le Président de l’Assemblée Nationale Hama Amadou n’a sans doute pas mesuré le retentissement que cette annonce allait avoir. Surtout venant de la deuxième personnalité politique du pays. Pas vraiment ! Hama n’a pas saisi la solennité de la chose, il a oublié qu’il n’était pas à une assemblée de LUMANA son parti où chacune de ses annonces était saluée comme parole de Hadith.
Et en cela, les députés militants luministes n’ont pas dérogé à la règle samedi 19 Octobre quand ils ont défrayé dans un tonnerre d’applaudissement aidés pour la circonstance par les députés de l’opposition, à l’annonce par Hama Amadou d’un prêt chinois contracté par le gouvernement après avoir placé en hypothèque 3 années de production du pétrole nigérien. C’était au cours de l’interpellation du ministre de l’Intérieur Hassoumi Massaoudou du PNDS, majorité, sur la question de la révocation du maire central de la ville de Niamey Oumarou Dogary du MODEN LUMANA, opposition.
Pour défendre son militant accusé de mauvaise gestion et de faute grave et qui a fait l’objet d’une mesure de révocation pour avoir contracté un prêt 2 milliards 300 millions de francs CFA dans de circons tances frauduleuses et en plaçant auprès de la banque prêteuse comme hypothèque sa résidence de fonction, le garage municipal et l’ensemble du parc d’engins, Hama Amadou va faire cette lourde révélation.
Et avec détails ! Le président de l’Exim Bank qu’il a récemment rencontré lui a dit qu’il a accordé un prêt 2 milliards de dollars à l’Etat du Niger qui a placé en hypothèque sa production du pétrole sur 3 années. Pourquoi a-t-il a fait ça ? Pourquoi le Président de l’Assemblée a-t-il pris le risque de commettre cette redoutable bourde qui pourrait compromettre sa carrière d’Homme d’Etat ? On peut trouver plusieurs réponses à ces questions, et la première qui saute à l’oeil c’est pour sauver son militant Dogary enfoncé très profondément dans une sale affaire.
A l’évidence on peut penser que Dogary n’a pas agi à son initiative personnelle pour avoir des facilités de caisse comme indiqué dans le document de l’emprunt et s’adonner à ses opérations personnelles.
Cette affaire d’emprunt mise sur le compte de la Vile de Niamey consiste, pourrait bien profiter, on s’en doute bien, à garnir la tontine de LUMANA. Si le tout LUMANA, le président du parti en premier, est complètement arcbouté dans la défense de cet emprunt, c’est que ce sont de grands profits qui sont en jeux et probablement au plus niveau de la hiérarchie du parti.
L’engagement costaud de la direction du parti dans cette affaire n’est pas fortuit, ou plutôt n’est pas gratuit. L’autre piste d’explication, et qui n’exclut pas cette première hypothèse, pourrait avoir un lien avec un coup vicieux que Hama Amadou pourrait jouer. Si jamais sa farce venait à passer. Il ne tient pas l’information de manière très précise, mais il a quelques petites idées sur les choses.
Suffisamment pour soulever une vague de réactions émotionnelles sur ce qu’il a voulu faire passer comme l’hypothèque de l’Etat du Niger tout entier. Il imagine bien l’aspect hypersensible que constitue la question du pétrole pour l’opinion publique nationale.
Avec cette grandiloquente révélation, Hama Amadou a voulu faire sa véritable rentrée politique d’opposant. Le désormais vice-président de l’ARDR, Hama Amadou sera sans doute l’homme clé de l’opposition. Et on peut s’attendre à un tournant dans le fonctionnement de l’opposition. Le président de l’Assemblée, personnalité très officielle de la République va s’investir à la manipulation de l’information.
Ce qui passait par les tracts, comme cette affaire en pleine campagne électorale de 1999 de l’entreposage des déchets toxiques sur une partie du territoire national ou plus récemment l’accord de vente de l’uranium nigérien au régime communiste d’Angola lancé entre les deux tours de la présidentielle de 2011, va prendre un cachet officiel lorsque annoncé par Hama Amadou. Le prêt chinois et l’hypothèque de la production pétrolière, c’est dans ce style.
Mais à ce jeu, le président aurait mieux fait de sous-traiter avec les réseaux qui tournent autour de lui. Parce que le côté cocasse de la chose, c’est comment va se tenir Hama Amadou si un jour il se trouvait en face du patron d’Exim Bank. «Nous s’amuser», sans doute, va-til dire. C’est la meilleure formule pour devenir un paria dans la haute société. C’est tout cela qui a échappé à Hama Amadou. Mais peut-être aussi que cette affaire n’a pas encore connu son épilogue.