C’est l’ONG Croissance Saine Environnement qui, en 2004, lança un pavé dans la mare en remettant publiquement en cause la potabilité de l’eau produite et distribuée par la SEEG, détenue à l’époque par Veolia. Une réponse communicationnelle à hauteur du trouble causé par cette déclaration fut apportée, sans réellement dissiper les doutes.
Le sujet est revenu récemment au goût du jour lorsque les pouvoirs publics ont réquisitionné la dite société et ce, toujours pour la mauvaise qualité des services proposés aux consommateurs. Là aussi on assista à une guerre de communiqués, chacun voulant tirer la couverture de son côté. Mais, quoi qu’il en soit, la réalité est que pour nombreux ménages gabonais, notamment à Libreville et Port-Gentil, « l’eau de la SEEG », comme ils la nomment ironiquement et comme si c’était une marque déposée, n’est plus bonne à boire.
L’un des symboles de ces doutes est assurément la présence massive des filtres à eau dans la plupart des ménages dans ces deux grandes villes du pays. Or la qualité, la provenance et même les conditions de sécurité autour de ces dits filtres ne manquent pas de poser aussi doutes et questions.
« L’eau de la SEEG, une fois au repos, il y a un dépôt rouge qui se forme au fond du récipient », se plaint une mère de famille habitant Plein-Ciel Bissegué pour justifier la présence de deux filtres à eau dans sa maison.
Plus grave, on entend certaines personnes affirmer que « l’eau de la SEEG rend malade », comme cette étudiante de l’Ecole Normale Supérieure (ENS) de Libreville qui va jusqu’à soupçonner cette eau de provoquer des calculs rénaux.
G. Mouckaga, cadre au ministère du Budget, affirme pour sa part se « sacrifier » pour lui et sa maisonnée depuis plusieurs mois en l’approvisionnant des bidons d’eau minérale.
En conséquence et parallèlement, on observe une diversification et une hausse de l’offre et de la consommation de l’eau minérale. Or, il y a quelques années encore, notamment pour le Gabonais lambda, l’eau minérale était réservée aux nourrissons et aux personnes à la santé fragile.
C’est dire que si la quantité, notamment avec les coupures intempestives et les quartiers privés du liquide vital, n’est toujours pas au rendez-vous, la qualité de celui-ci laisse nombreux Gabonais perplexes.