M. Youssouf Mohamed El Moctar, Secrétaire Exécutif du Réseau National des Chambres d’Agriculture du Niger (RECA) : «Nous tirons un bilan positif qui a même dépassé nos attentes»
M. le Secrétaire Exécutif, la 5ème édition du Salon de l'Agriculture, de l'Hydraulique, de l'Environnement et de l'Elevage du Niger (SAHEL-Niger) a pris fin dimanche dernier à Niamey. Quel bilan pouvez-vous tirer de cette grande rencontre du monde des producteurs ?
Nous tirons un bilan positif qui a même dépassé nos attentes et nos objectifs. Du 19 au 24 février 2019, le Salon sahel Niger 2019 a connu une affluence record cette année avec plus de 136.000 visiteurs, 12 pays participants et 8 régions de notre pays. Quant aux ventes de stock, elles ont atteint les 100 % pour certains stands avec des recettes de plus de 800 millions FCFA qui ont été engrangées par les participants.
Des centaines de contrats d'affaires ont été noués et des carnets de commande sont remplis pour le restant de l'année entre les fournisseurs, les semenciers, les équipementiers et les producteurs et sociétés de production.
On peut dire que le salon sahel Niger 2019 a tenu ses promesses en termes de diversité des produits transformés par les femmes et les jeunes surtout, en termes d'exposition des animaux et des sous-produits d'animaux, en termes d'échanges et de partage sous toutes leurs formes entre les acteurs des chaines de valeurs agricoles, les dispositifs de conseil agricoles et les partenaires techniques et financiers.
En relation avec le thème de cette année « Financement et Développement des Filières face aux changements climatiques », quelles sont les pistes qui ont été explorées par les éminents conférenciers et les participants à ce salon ?
Toutes les conférences ont eu un lien avec le thème général de cette 5ème édition placée sous le thème du financement et développement des filières dans un contexte de changement
climatique. Celles -ci ont catalysé les discussions des filières Agro-sylvo-pastorales et halieutiques sur les enjeux et les défis qui se présentent aux acteurs.
Les pistes explorées vont de l'adaptation aux changements climatiques, à l'atténuation des risques agricoles, l'accélération de l'opérationnalisation FISAN, la mobilisation des fonds verts, l'intensification de la campagne «Consommons nigériens », et l'instauration d'un quota d'achat du lait local auprès des industries laitières afin de ne pas tuer notre élevage, et le soutien à notre filière du Riz pour la rendre accessible et disponible partout au Niger.
Plusieurs pays étaient présents à ce salon. Quelle est la plus-value que leur présence peut apporter au développement des filières au Niger ?
La plus- value c'est d'abord la création d'une plateforme d'une capacité de 600 Tonnes d'échanges des produits avec la Tunisie, l'expertise du Maroc en termes de présentation des produits, la traçabilité et la normalisation. Avec la France c'est surtout le transfert des connaissances dans le domaine avicole. Avec le Ghana on assiste à un partage de l'expérience des « green house », c'est-à-dire, des infrastructures rurales à faible coût avec peu d'émission de gaz à effet de serre. Et avec le Mali et le Burkina, nos producteurs procèdent à un partage d'expérience sur la mise à marché à échelle.
De manière générale que manque-t-il aujourd'hui à nos filières et à nos producteurs pour qu'ils soient compétitifs sur le marché international ?
Il manque l'adoption des normes technico-économiques par les acteurs, la présentation, l'emballage, la traçabilité, les stratégies commerciales efficaces, et l'offensive commerciale pour conquérir de nouveaux marchés ; sinon le potentiel est là et le salon Sahel Niger 2019 l'a démontré en qualité et en quantité.
M. le Secrétaire Exécutif quelles sont les ambitions du RECA pour SAHEL-Niger dans les années à venir ?
Notre ambition reste constante et fidèle à ce qui nous a inspiré depuis que le RECA a initié le 1er Salon Sahel NIGER en 2014. Il s'agit notamment d'améliorer l'offre commerciale aux autres parties du monde en produits agricoles et d'élevage ; de prouver que la richesse durable du Niger se trouve dans les chaines de valeur agricoles, surtout pour l'emploi des jeunes et des femmes. Notre ambition c'est aussi d'assurer un transfert d'expertise et de financements au profit du Niger ; de contribuer à l'atteinte des objectifs de l'Initiative 3N et de la « Faim zéro». Nous ambitionnons également de contribuer à la réussite de la campagne « Consommons nos produits locaux nigériens » ; et nous avons à cœur de constituer une tribune de discussions et d'échanges entre la profession Agricole, les pouvoirs publics et les partenaires techniques et financiers pour la gouvernance de la sécurité alimentaire et nutritionnelle.