La récente tragédie, qui s'est soldée par la pathétique disparition de 92 de nos concitoyens, dont 52 enfants, 33 femmes et 7 hommes, sur les chemins périlleux de la migration, en plein désert du Ténéré, vient relancer une fois de plus, le sempiternel débat sur la migration clandestine des milliers de nos bras valides. Malgré les arguments avancés pour tenter de justifier le motif de ce départ massif vers d'autres cieux de ces jeunes hommes et femmes frappés par ce triste destin, en invoquant les conséquences des mauvaises récoltes à venir, nous rétorquons que rien ne peut justifier un tel drame. Surtout pas le fallacieux prétexte de la recherche d'un hypothétique eldorado qui, on le sait, n'est finalement qu'une sombre illusion pour la plupart des candidats à la migration.
En plus des pires périls qui les guettent sur les chemins de l'aventure, nos jeunes frères et sœurs, une fois arrivés à destination se heurtent aux dures lois de la vie en clandestinité, devenant ainsi les proies faciles d'individus sans scrupule tapis dans les réseaux organisés du ''marché noir'' du travail qui n'hésitent pas à abuser de leur situation de vulnérabilité pour les exploiter à leur propre guise. C'est dire qu'en fin de compte, pour la majorité de ces émigrés, le paradis tant miroité se transforme généralement en un vrai traquenard. Quotidiennement traqués par la police dans les pays d'accueil, ces jeunes clandestins doivent aussi subir les brimades de leurs employeurs et autres pratiques mafieuses des vendeurs d'illusions organisés en réseaux pour mieux les exploiter.
Ce drame récent a été perçu comme étant une tragédie de trop. En effet, notre pays a déjà payé un lourd tribut, en termes de pertes en vies humaines, sur les chemins de l'émigration clandestine. Les décès de clandestins en plein désert, souvent abandonnés par leurs passeurs à une mort certaine, se révèlent assez fréquent. Cette récente tragédie vient ainsi rappeler à la conscience collective, la mort dans le même désert du Ténéré, en mai 2001, de 140 de nos bras valides qui tentaient de se rendre en Libye, pays considéré, il y a quelques années comme un eldorado pour les migrants africains.
C'est au regard de toutes ces raisons, et face à l'ampleur du dernier désastre, que le gouvernement, qui a pris toute la mesure de la gravité de ces faits, a réagi en décrétant un deuil national de trois jours à la mémoire de nos 92 compatriotes tombés aux confins du désert. Mieux, sur le vif et dans le feu de l'émoi, le gouvernement a ordonné, le vendredi 1er novembre, la fermeture immédiate des camps de clandestins d'Agadez, principale zone de transit des migrants à destination des pays du Maghreb.
Au demeurant, a prévenu le gouvernement, tous les acteurs impliqués dans les réseaux de trafic de migrants seront désormais identifiés et sanctionnés avec toute la rigueur requise. En s'attaquant aux ''ghettos'' qui jonchent les alentours de la ville d'Agadez, aux camps d'embarquement des clandestins ainsi qu'aux réseaux de passeurs, les autorités nationales ont assurément engagé la lutte contre le phénomène de la migration clandestine en frappant au cœur du système. C'est le lieu de saluer et de soutenir le gouvernement dans la mise en œuvre effective de ces mesures qui permettront de mettre un magistral coup de frein à ce désastre qui n'a que trop duré. Il s'agira, comme l'a conseillé le Premier ministre, Chef du gouvernement, à défaut de les dissuader, de réorienter les candidats à la migration vers les voies de la légalité, en les encourageant à se doter de visas et autres documents de voyage qui pourront leur être exigés dans les pays d'accueil.