La Société Nationale des Télécommunications du Sénégal, une entreprise dont le groupe français Orange est le premier actionnaire, a marqué le marché financier de l'Union Monétaire Ouest-Africaine, en annonçant un chiffre d'affaires record de 1022 milliards de FCFA (environ 1,76 milliard $) pour son exercice 2018.
La société, qui est aussi la plus importante valorisation de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières basée à Abidjan et qui compte aussi une importante base d'investisseurs individuels, a proposé de distribuer un dividende qui au final reviendra au montant net de 1500 FCFA par action, soit environ 2,5 $.
Pourtant ces deux informations ne semblent pas emballer les investisseurs, si on s'en tient à l'évolution du cours de l'action Sonatel en bourse. Elle a débuté la semaine du 4 mars 2019 sur une légère baisse de -0,05%. Ce repli est survenu à la suite d’un autre, vendredi 1er mars, de -1,48%.
Il faut rappeler qu'avant cela, l'entreprise a enregistré trois hausses consécutives d'un niveau cumulé de plus de 15,4%. Dans un marché comme celui de la BRVM où les transactions ne répondent pas toujours aux logiques habituelles d'investissement, il est difficile de donner une raison précise à ce revirement.
De petits signes de fragilité
Mais une analyse des comptes publiés par Sonatel, permet de déceler un certain nombre de fragilités au niveau de ses performances. La première chose qu'on remarque, c'est qu'au-delà du record atteint, la progression du chiffre d'affaires (+5%) en 2018, a été moins vigoureuse que celle réalisée en 2017 (+7,5%).
L'autre fragilité réside dans les ratios de rentabilité, qui représentent le poids de certains indicateurs par rapport au chiffre d'affaires. Ainsi le poids de la marge brute d'exploitation ou EBITDA, est ressorti à 45,3%. C'est son niveau le plus bas depuis l'année 2016. Il en est de même de la marge d'exploitation et de la marge nette qui ont perdu respectivement 5 et 4,1 points de pourcentage.
Du point de vue d'une certaine efficacité, l'opérateur est sorti de 2018 avec un niveau en hausse des créances à recouvrer. Il était de 129,7 milliards de FCFA au terme de cet exercice, contre 120,9 à la fin 2017. Sonatel a expliqué que cela a été causé par la difficulté à récupérer ce que lui doivent des opérateurs au Sénégal.
Toujours au cours de l'année, la filiale du groupe au Mali a occasionné un emprunt de 45 milliards de FCFA, qui est venu gonfler l'endettement financier, qui est désormais de 185 milliards de FCFA. Sonatel devra pouvoir convaincre sur la pertinence des investissements qu'elle a réalisés jusqu'ici.
Les performances du groupe ne comptent pas que pour l'opérateur français Orange, mais aussi pour l'Etat du Sénégal et les autres petits investisseurs qui sont ses actionnaires. Le Sénégal demeure le premier marché de Sonatel en terme de contribution au chiffre d'affaires (42%), mais le Mali et la Guinée Conakry représentent deux importants marché en raison de leurs 17 millions de clients. L'évolution de l'environnement socio-politique et de la concurrence dans ces deux pays sont donc des facteurs qu'il faudra suivre sur le moyen terme.