Réunion des ambassadeurs d’Espagne en Afrique pour l’approbation du 3ème «Plan Afrique» : Le Niger, pays prioritaire pour un nouveau Cadre d’Associations Niger-Espagne
Les 29 ambassadeurs espagnols accrédités en Afrique se sont réunis le 7 mars dernier, au siège de l'Union Africaine (UA), à Addis-Abeba, avec comme ordre du jour, de discuter de la mise en œuvre troisième « Plan Afrique » récemment approuvé par le Gouvernement espagnol, pour une période de trois ans. Cette réunion a été co-présidée par M. Kwesi Quartey, Vice-président de la Commission de l'Union Africaine et M. Josep Borrell, ministre des Affaires étrangères, de l'Union européenne et de la Coopération, du Royaume d'Espagne. La cérémonie s'est déroulée en présence du Secrétaire d'État aux Affaires Etrangères, M. Fernando Valenzuela, des six (6) Directeurs généraux du Ministère et deux (2) Ambassadeurs du Royaume d'Espagne en mission spéciale consacrés aux questions africaines.
Dans un communiqué de presse qu'elle a publié à cet effet, l'ambassade d'Espagne au Niger a indiqué que ce troisième Plan Afrique assigne aux ambassades espagnoles en Afrique un rôle essentiel dans le cadre de son exécution et de son suivi. « En vue de tirer profit de l'important déploiement diplomatique espagnol en Afrique, il a été proposé de tenir une réunion annuelle avec tous les ambassadeurs espagnols sur le continent pour travailler à la mise en œuvre du Plan, dans chacun de ses quatre objectifs : paix et sécurité ; croissance, emploi et développement ; renforcement des institutions et mobilité régulée », souligne le communiqué.
C'est pourquoi, souligne la même source, le Vice-président de la Commission de l'Union Africaine M. Kwesi Quartey s'est félicité de cette initiative et a réitéré la collaboration de son institution pour le renforcement des liens de coopération entre les pays africains et l'Espagne. Pour sa part, M. Josep Borrell, Ministre des Affaires Etrangères, de l'Union Européenne et de la Coopération du Royaume d'Espagne a fait remarquer toute l'importance que le gouvernement espagnol attache à cette stratégie, qui place le continent africain comme un nouvel axe prioritaire de la politique étrangère espagnole. Le communiqué aussi indique que le suivi du Plan à Madrid se fera à travers la Commission Interministérielle pour l'Afrique et le Bureau pour l'Afrique, au sein duquel la Société civile et le secteur privé, seront représentés.
Niger, pays prioritaire pour un nouveau Cadre d'Association Pays.
L'Espagne a pour la première fois une stratégie pour l'Afrique qui transcende les mesures de gestion de la migration. Le Conseil des ministres a, selon le communiqué de l'ambassade d'Espagne au Niger, approuvé le 1er mars le 3ème "Plan Afrique", qui tente de présenter le continent comme un centre d'opportunités au lieu de le considérer exclusivement sous le prisme des migrations. Le document met un accent particulier sur l'encouragement des entreprises espagnoles à investir dans la région. Dans le nouveau Plan Afrique, il est souligné que l'Espagne entretient des relations préférentielles avec deux sous-régions de l'Afrique subsaharienne, que Madrid souhaite continuer à promouvoir : l'Afrique de l'Ouest et le Sahel.
La République du Niger est incluse dans le plan Afrique en tant que pays prioritaire dans le cinquième plan directeur de la coopération espagnole, précise la même source. En cette année 2019, les négociations bilatérales entre Madrid et Niamey commenceront afin d'aboutir à un nouveau Cadre d'Association Pays Niger-Espagne. Le 3ème Plan Afrique est basé sur une analyse actuelle de la région et de la présence espagnole sur le continent. Au niveau mondial, il représente un instrument pour le développement politique du Programme 2030 dans le sous-continent. Ce plan donne plus de poids à la vision de l'Afrique en tant qu'opportunité et non seulement en tant que source de menaces.
L'analyse part d'une réalité incontournable: l'avenir démographique de l'Afrique et la dynamique démographique croissante et imparable qui s'oppose à l'Europe. Au cours des 30 prochaines années, l'Afrique passera de 1,2 milliard d'habitants à plus de 2,4 milliards, alors que l'Europe passera sous les 600 millions. Cette croissance est un défi évident : s'il n'y a pas de conditions de vie décentes pour cette population, elle se tournera vers le radicalisme, les conflits politiques et la migration irrégulière. Mais, d'autre part, si des conditions de vie dignes sont créées, l'Afrique peut devenir un espace de croissance économique accélérée (c'est déjà le cas par rapport à l'Europe), ce qui se traduirait également par une croissance plus solide en Europe.
En tant que stratégie de politique étrangère, le plan vise à défendre les intérêts espagnols. En outre, compte tenu de la nature des objectifs déclarés et de l'alignement sur les intérêts des Africains eux-mêmes, de nombreuses possibilités de coopération seront créées. Pour atteindre les objectifs, une stratégie est proposée, qui consiste à mobiliser de manière coordonnée toutes les ressources de la société espagnole (qui vont bien au-delà de celles du Ministère espagnol des Affaires étrangères, de l'Union européenne et de la Coopération), en les concentrant dans quelques "pays d'ancrage" disposant de la capacité économique et démographique nécessaire afin de créer des opportunités pour les africains sur leur propre continent et qui peuvent également devenir des "exportateurs de stabilité" dans leurs sous-régions respectives. Il est important de rappeler que 80% des migrations sont intra-africaines: seulement un migrant sur 5 arrive en Europe. Une stratégie réaliste doit créer des pôles d'attraction migratoire sur le continent et avec une capacité adéquate d'absorption ordonnée.
En ce qui concerne les objectifs, les principes et les pays prioritaires du Plan, il convient de noter que le plan comporte 4 objectifs centraux : Premièrement, la paix et la sécurité ; deuxièmement, le développement durable, ancré dans une croissance économique forte, inclusive et résiliente ; troisièmement, le renforcement institutionnel et enfin, la mobilité organisée, régulière et sûre, conformément aux dispositions de l'agenda 2030 et du pacte mondial sur la migration.
Le plan s'articule autour de 5 principes d'action : la différenciation et la priorisation entre pays, régions, sujets et approches en fonction des intérêts à défendre, s'adaptant aux différentes réalités du continent ; l'association de tous les acteurs impliqués et la mobilisation de toutes les ressources disponibles, internes et externes ; le multilatéralisme, en tant que moyen de comprendre que les problèmes mondiaux sont mieux traités par des solutions et des moyens qui le sont également ; la promotion et la protection des droits de l'homme et l'approche genre qui constitue un élément transversal modulant la relation avec nos partenaires africains ; et le principe d'unité d'actions à l'étranger qui recherche une plus grande coordination entre tous les acteurs impliqués.
Le document n'établit pas de calendrier défini, dans la mesure où il prétend être flexible et parce qu'il a été créé dans le but de s'adapter aux changements auxquels la région est confrontée. Cependant, sa révision est envisagée après trois ans. Le plan comporte un calendrier opérationnel qui comprend les objectifs spécifiques, les lignes d'action et les indicateurs de conformité, qui constituent la base sur laquelle la conformité du plan sera évaluée. Il faut enfin noter que la présence effective de l'Espagne au Niger qui date de 2007 sera désormais renforcée par la mise en œuvre du nouveau Plan Afrique.