Depuis le mois de février, Abdoul Aziz Hamani, un nigérien résidant à Cotonou, croupit à la prison civile de Niamey pour, dit-on, abus de confiance dans une affaire d’héritage.
Après plusieurs tentatives infructueuses de demande de liberté provisoire, Abdoul Aziz a saisi l’ANDDH pour arbitrage, estimant avoir été victime d’un abus de pouvoir de la part d’un député national. Dans la lettre que nous publions en facsimilé, il est dit « le député de Tillabéri du nom de Seyni Saley dit Seyni Lata…s’est ingéré dans les affaires de ma famille pour s’accaparer de nos biens en manipulant un de mes frères à qui il a promis de l’amener en Amérique et une de mes marâtres qu’il a promis d’épouser ». Abdoul Aziz expliquera que le député « fut un ami de mon père à qui nous avons fait confiance en lui confiant nos actes de cession qu’il n’a jamais voulu remettre à cause desquels ça fait la deuxième fois qu’il m’emprisonne et jusqu’à présent il détient deux de nos actes qu’il prétend avoir acheté sans que moi qui suis le mandataire n’en eût connaissance ».
Au décès de son père Hamani, commerçant résident au Togo, son fils Abdoul Aziz fut désigné mandataire des biens de la famille en attendant l’héritage. Et c’est tout naturellement que les papiers de certains biens se retrouvèrent dans ses mains. Le député, ami du défunt Hamani, intime à Abdoul Aziz de lui remettre ces papiers. Devant le refus de ce dernier, le député usera de tout son poids pour que l’enfant de son ami séjourne à la Police judiciaire. Il lui fallait remettre les papiers d’une certaine maison. Abdoul Aziz feint de s’exécuter. Mais flairant l’arnaque, il déposera des copies et gardera les originaux. Il est libéré et regagnera Cotonou où il s’est établi avec ses frères sa mère et l’une de ses belles mères, la seconde étant à Niamey. Il parviendra à vendre la maison pour probablement fructifier. C’est la goutte d’eau de trop pour notre député, connu surtout dans l’immobilier.
Il trouvera un mandat qu’il exécutera lui même en allant à Cotonou, attachant Abdoul Aziz et le convoyant à Niamey dans son propre véhicule. On ne savait pas que le député est un officier de police d’Interpol. Dans les pays regardant des droits de l’homme, la procédure aurait simplement été annulée. Qui aurait été responsable si un accident arrivait au cours du rapt de Abdoul Aziz. Le Niger a signé des accords d’extradition et la police nigérienne participe à Interpol. Le député n’a jamais rien confié à Abdoul Aziz. Peut-on réellement parler d’abus de confiance dans ce cas ? Dans combien de cas d’héritage, des mandataires ont fructifié les biens communs. Y at- il eu un conseil de famille pour engager la procédure ? L’intérêt du député pour cette affaire étonne. L’histoire regorge de coups tordus de ce genre.
On se rappelle de l’affaire d’un autre commerçant nigérien établi au Bénin. A la mort de Magagi Sounna, son ami épousera sa femme. Et puis, le député Seyni Lata est connu pour son affection à l’immobilier. On a encore en mémoire l’affaire qui l’a opposé à Ali Zada. Comme disait l’humoriste camerounais,’’ le gouvernement sauve beaucoup de gens.
