Le cadre institutionnel, législatif et réglementaire du Plan de Réforme du secteur des engrais au Niger a franchi une étape décisive, hier 1er Avril 2019 à Niamey, suite à l'installation officielle d'un Observatoire du Marché des Engrais au Niger (OMEN) et d'un Comité Technique des Engrais au Niger (COTEN). Cette étape marque ainsi le début de la phase pilote du projet d'appui à la réforme, qui s'étend d'octobre 2018 à mars 2019, conformément aux engagements de l'Accord Compact.
Les organes mis en place ont pour missions respectives de: surveiller et réguler les approvisionnements et la distribution des engrais; analyser et proposer des perspectives afin d'ajuster les prises de décision en matière de politique et de contrôle des engrais. La cérémonie de l'installation a été présidée par le ministre d'Etat, ministre de l'agriculture et de l'élevage, M. Albadé Abouba en présence de la Directrice Résidente Pays du MCC au Niger; du Directeur Général de Millenium Challenge Account-Niger et de plusieurs autres personnalités.
Le ministre d'Etat, ministre de l'agriculture et de l'élevage, Albadé Abouba a rappelé d'abord toute l'importance du Plan de Réforme du Secteur des Engrais. Il s'agit d'une réponse à la situation préoccupante révélée par diverses études et qui entrave le développement agricole.
La faible fertilité naturelle des sols nigériens et leur dégradation conjuguées aux effets contraignants du changement climatique constituent un des freins majeurs au développement de l'agriculture, a indiqué M. Albadé Abouba. Les pertes annuelles en éléments nutritifs des terres cultivées, du fait des récoltes des grains, des tiges et des fanes sont estimées à 176 000 tonnes d'azote; 55 000 tonnes de phosphates et 146 000 tonnes de potasse.
« Il s'avère que notre consommation annuelle d'engrais estimée, en moyenne, à 200 000 tonnes par an, dont 50 000 tonnes de subvention de l'Etat est l'une des plus basses de l'Afrique de l'Ouest, selon les statistiques disponibles. Cette consommation d'engrais est de l'ordre de 3kg à l'hectare, très en deçà des niveaux observés dans notre sous-région, qui varient de 12 à 18kg/ha, alors que les objectifs de la déclaration d'Abuja de 2006 préconisent 50kg/ha », a relevé le ministre en charge de l'agriculture.
C'est pour faire face à ce défi que le gouvernement s'est fermement engagé dans l'importante réforme du secteur des engrais, a-t-il indiqué.
Ledit plan, validé aussi sous l'égide du ministre d'Etat, Albadé Abouba a été adopté par le décret N°2018-046/PRN/MAG/EL du 12 janvier 2018. Le plan bénéficie de l'appui financier de Millenium Challenge Corporation (MCC), via le Millenium Challenge Account-Niger (MCA). Il est d'une envergure nationale et sera mis en œuvre à travers le Projet d'Appui à la Réforme du Secteur des Engrais au Niger (PARSEN). Ce dernier est exécuté par International Fertilizer Developpement Center (IFDC).
La mise en place de l'OMEN et du COTEN aiderait l'Etat dans l'élaboration et la mise en œuvre des mesures législatives et réglementaires que commande la réforme. Ces organes spécifiques contribueront, également, à optimiser la gestion; en veillant à la traçabilité et à l'effectivité de la subvention fournie par l'Etat ainsi qu'à la bonne gestion d'appuis des partenaires, a expliqué le ministre d'Etat Albadé Abouba. A cet effet, l'Observatoire du Marché des Engrais du Niger (OMEN) se veut une structure indépendante de surveillance et de promotion de la concurrence.
Cet organe stratégique a pour mission de surveiller et de réguler les approvisionnements et la distribution des engrais. S'agissant du Comité Technique des Engrais (COTEN), il constitue le bras technique de l'OMEN.
C'est l'outil d'analyses et de réflexions qui alimenterait le processus de décision de la réforme, afin d'ajuster les prises de décision en matière de politique et de contrôle des engrais. «La réforme du secteur des engrais est d'une importance stratégique, pour l'atteinte des objectifs de l'Initiative 3N du Programme de la Renaissance de SEM Issoufou Mahamadou, Président de la République, Chef de l'Etat », a déclaré le ministre d'Etat.
Abordant la question de l'intérêt du projet, le Directeur Général de MCA Niger, M. Maman Annou a soutenu que cette réforme s'avère d'autant plus juste, socialement et économiquement, qu'une agriculture forte n'est possible que si le producteur, au-delà de sa terre et de la maitrise de l'eau, a aussi l'engrais qu'il demande. «Une agriculture forte est sans conteste le reflet d'une communauté forte, capable de résilience face au changement climatique, partout visible, et capable de sortir de l'insécurité alimentaire et de la pauvreté», a-t-il estimé.
Après leur présentation, le ministre d'Etat, ministre de l'agriculture et de l'élevage, M. Albadé Abouba a attiré l'attention des membres desdits organes sur les attentes liées à leurs rôles aussi stratégiques dans la mise en œuvre du plan de la réforme du secteur des engrais. Aussi, il a exhorté l'ensemble des parties prenantes à leur apporter leur concours et leur franche collaboration pour l'atteinte effective des objectifs escomptés. En ce qui concerne son département ministériel, le ministre en charge de l'agriculture s'est engagé à prendre toutes les dispositions nécessaires pour la réussite de leurs missions respectives.
Mahamane Chékaré
Ismaël et Rahama Siradja (stagiaire)