Malgré les apparences et les sourires affichés devant les objectifs des caméras, les caciques du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (Pnds Tarayya) continuent leur guerre de clans dont la première victime est sans doute l’ancien ministre des finances Hassoumi Massaoudou. L’actuel ministre de la Défense nationale Kalla Moutari risque d’être la prochaine victime. Et, aussi curieux que cela puisse paraître, lui-même est soupçonné par une certaine opinion d’avoir des ambitions pour les présidentielles de 2021.
C’est avec une rare violence qu’un journal privé de la place, pourtant très proche du Pnds Tarayya, s’était pris au ministre de la Défense Kalla Moutari la semaine dernière. Dans un article qui, s’il venait d’un média proche de l’opposition, allait être vu comme une commande et pourrait même être l’objet de poursuites judiciaires, ce journal a ouvertement critiqué la gestion du dossier de la sécurité par le ministère de la Défense nationale, en indexant directement le ministre Kalla Moutari. Ce dernier a été présenté comme un homme qui travaille beaucoup plus à chercher de l’argent qu’à mettre les moyens adéquats aux forces de défense et de sécurité pour mener à bien leur mission. Sans mettre des gants, le journal a accusé le ministre et ses collaborateurs de faire des surfacturations dans l’achat de certains matériels, notamment les véhicules. Le ministre Moutari Kalla est même accusé de passer plus de temps à recevoir les commerçants, comme pour dire que l’homme n’est ni plus ni moins qu’un simple «affairiste» à la tête d’un des ministères pourtant les plus stratégiques, surtout en cette période d’insécurité. Et comme s’il attend une sanction imminente contre le ministre, le journal a interpelé le Président de la République Issoufou Mahamadou afin qu’il réagisse par rapport à la situation qui prévaudrait au ministère de la Défense nationale. Sans préjuger de la véracité ou non des faits qui sont reprochés au ministre Kalla Moutari, tous ceux qui suivent de près ce qui se passe au sein du principal parti au pouvoir ces dernières semaines, savent que l’écrit du journal en question participe de la guerre des clans qui continue à faire rage au sein du Pnds Tarayya, relativement à la succession du Président de la République Mahamadou Issoufou. On se rappelle que cette guerre avait déjà emporté l’ancien ministre des finances Hassoumi Massaoudou, que beaucoup de Nigériens et même d’observateurs étrangers pensaient pourtant être un des maillons essentiels de la chaine du parti présidentiel. Son péché serait de nourrir des ambitions pour la présidentielle de 2021 et de maintenir sa candidature pour l’investiture du parti, malgré le choix porté par le Président Issoufou Mahamadou sur l’actuel président du Pnds Tarayya et ministre d’État chargé de l’Intérieur Bazoum Mohamed.
On se souvient que le jour où Hassoumi Massaoudou a été limogé du gouvernement, pendant qu’il effectuait une visite de travail à Maradi, un message diffusé sur les réseaux sociaux par un responsable du Pnds Tarayya de sa commune avait confirmé sa candidature et annoncé la tenue d’une réunion pour officialiser cette candidature.
Kalla Moutari dans l’oeil du cyclone ?
Au vu de la manière dont il a été «lynché » par un journal proche de son parti et dont le promoteur est une des personnalités les plus écoutées par le Président Mahamadou Issoufou, le ministre de la Défense nationale doit se faire beaucoup de soucis.
Ce qui est arrivé à son ancien collègue Hassoumi Massaoudou peut bien lui arriver. Cela est d’autant plus probable que tout comme Hassoumi Massaoudou, lui aussi est soupçonné par une certaine opinion de nourrir des ambitions pour les prochaines échéances électorales de 2021. Si c’est le même réseau qui a anéantit Hassoumi Massaoudou qui se tourne vers lui aujourd’hui, ses jours au sein du gouvernement seront comptés.
Tout comme pour Hassoumi Massaoudou, on ne dira jamais que c’est parce qu’il veut être candidat aux présidentielles de 2021 qu’il est mis hors du système. On trouvera une autre parade, surtout que pour son cas on a même anticipé en parlant des problèmes de gestion d’un dossier aussi sensible que la sécurité et par rapport auxquels bien de partenaires du Niger ne resteront pas indifférents.
Malgré donc les apparences et la bonne humeur que les uns et les autres veulent afficher lors des rencontres officielles, le feu continu à brûler au sein de la famille des socialistes nigériens. Des clans se livrent une guerre impitoyable dans la succession du Président Issoufou Mahamadou. Pour le moment, c’est le clan de Bazoum Mohamed qui a le vent en poupe. Mais bien d’observateurs craignent que les tendances ne se renversent dans les deux années qui nous séparent des prochaines élections présidentielles.