L’opposition politique a trouvé un nouvel argument pour se faire entendre et dénoncer les conditions d’organisation des élections de 2020 et 2021 par le régime de la Renaissance qu’elle accuse de vouloir truquer le processus.
Dans un communiqué publié le mardi 2 avril, et signé au nom de l’opposition politique par Falké Bacharou du FRDDR, elle a réagi à sa manière à l’investiture, le dimanche 31 mars soit « deux ans avant date », du candidat du PNDS-Tarayya au pouvoir à l’élection présidentielle de 2021. « Le candidat retenu n’est autre que le sieur Bazoum Mohamed, président du PNDS Tarayya, ministre de son état en charge des partis politiques, ministre en charge des élections, ministre chargé de la chefferie traditionnelle, ministre des religions, de la sécurité publique et la tutelle des collectivités territoriales », a égrené le communiqué de l’opposition. Selon cette dernière, le ministre et donc candidat Bazoum Mohamed, est « celui-là même qui stigmatisait et criminalisait les partis politiques de l’opposition et les organisations de la société civile pour avoir fait usage de leur droit à manifester pacifiquement pour cause de mal gouvernance ». Par conséquent, l’opposition politique a tenu à « dénoncer fermement cette situation de juge et partie et demande au chef de l’Etat de tirer les conséquences que cela impliquerait et d’en mettre fin immédiatement ».
En tout état de cause, l’opposition prévient « qu’elle n’acceptera jamais cette iniquité et se donnera tous les moyens légaux pour y mettre fin ».
La réponse lapidaire de Kassoum Moctar
La sortie médiatique de l’opposition a vite fait de provoquer un vif débat sur les réseaux sociaux, et une réaction lapidaire du ministre des sports Kassoum Moctar. Dans un post matinal, le président du CPR Inganci a estimé que « ce communiqué de l'opposition politique témoigne, si besoin est, de son désarroi et de son agonie totale ». Pour le fidèle allié de Bazoum, et un des porte-paroles de la MRN, « après des revendications des plus fantaisistes et des plus absurdes sur le code électoral qui ont été définitivement réglées au CNDP et ce malgré leur retrait, les voilà qui reviennent à la charge avec une autre revendication à la limite ridicule ».
Dans son écrit publié aussi sur Facebook et qui a aussi alimenté la polémique, le ministre des Sports a ajouté que « tout le monde sait qu'au Niger, c'est la CENI qui organise les élections et non le ministre de l'intérieur ». « La CENI est indépendante. Elle jouit d'une autonomie qu'elle n'a jamais eue depuis le début de l'ère démocratique dans notre pays », a-t-il poursuivi, insistant sur le fait que « c'est ridicule d'autant plus que la constitution et toutes les lois de la République n'interdisent pas qu'il [Bazoum Mohamed, NDLR] continue à être ministre de la République jusqu'à la validation de sa candidature par la cour constitutionnelle ». Et Kassoum Moctar d’appeler les « messieurs de l'opposition, de chercher un autre argument plus captivant et emballeur ». « Je suis convaincu que personne n'accordera du crédit à un tel communiqué », a conclu Kassoum Moctar qui a fini son statut matinal par un proverbe en haussa dont on vous fait la tradution : « si vous n’avez rien à dire, alors fermez-là pour être dignes » (Inbaka da maganar fadi To kayi churi chine moutun chin ka)).