Le président nigérien exhorte les pays africains à transformer sur place leurs matières premières pour gagner le combat contre la migration clandestine
Le président nigérien Mahamadou Issoufou a exhorté dimanche à Niamey les pays africains à transformer sur place leurs matières premières, en vue de créer des emplois, pour gagner le combat contre la migration clandestine, a-t-on appris mardi de sources officielles.
Dans une interview accordée à la chaîne publique sur le bilan de son programme à l'occasion de ses huit années à la magistrature suprême du pays, Mahamadou Issoufou, tout appréciant les succès importants enregistrés par son gouvernement dans la lutte contre la migration clandestine, a estimé que "la solution au phénomène réside dans la transformation, sur place, de nos matières premières. Ce qui permettra d'offrir des emplois à notre jeunesse".
"Ma conviction est que l'Afrique va continuer à être un réservoir de migrants, tant qu'elle restera un simple réservoir de matières premières non valorisées", a-t-il fait savoir.
C'est pour cela, a dit Mahamadou Issoufou que les dirigeants africains s'emploient à mettre en oeuvre, à l'échelle du continent, des programmes comme "la Zone de libre échange continentale africaine (ZLECAf), les Plans de développement industriel, de développement agricole, celui du développement des infrastructures" qui auront pour résultats "de transformer nos matières premières sur place, de renforcer les échanges entre nous, de créer davantage d'emplois pour notre jeunesse".
A titre illustratif, il a donné, entre autres, l'exemple du cacao qui "représente à peine 5% de la valeur du chocolat", ce qui veut dire, selon le président Issoufou, "que les pays qui produisent cette matière première (cacao) n'arrivent à retenir que 5% de la valeur du chocolat".
"L'Afrique est certes considérée comme un continent très riche, mais cette richesse n'est pas synonyme de développement tant que les matières premières ne sont pas effectivement transformées sur place", a-t-il insisté, concluant que "c'est à cela que nous allons nous atteler parce que c'est ça la vraie réponse à la migration clandestine".
Le Niger est devenu, ces dix dernières années, une terre de transit en direction de l'Algérie et de la Libye, étapes ultimes vers l'Europe. Face à ce phénomène, qui a pris une ampleur exceptionnelle ces dernières années, "illustrée par un nombre inconnu de morts dans le désert et par plus des milliers de morts dans la méditerranée, le gouvernement, avec l'appui des partenaires, a engagé un combat résolu contre le trafic des migrants", a-t-il ajouté.
Sur le plan sécuritaire, le président nigérien est persuadé que "les trafiquants des migrants sont aussi des trafiquants d'armes, et ont donc des connexions avec les terroristes".