Le Syndicat National des Enseignants et Chercheurs du Supérieur (SNECS) a organisé ce jeudi 11 avril 2019 une conférence sur les thèmes de ‘’la gouvernance dans les universités publiques du Niger ‘’ et ‘’Recteur élu, recteur nommé : regards croisés’’ à l’amphithéâtre de la faculté des lettres et sciences humaines de l’université Abdou Moumouni de Niamey.
Animée par le professeur Abarchi Djibril et les DR Mahamadou Nameywa Atto et Abdou Maman Sani, cette conférence entre dans le cadre de la politique de visibilité du SNECS. Elle vise à présenter aux citoyens la situation qui prévaut dans les universités publiques du Niger.
Le Docteur Mahamadou Nameywa Atto, enseignant à l’université de Tahoua, en prenant la parole, le premier, a fait une genèse des difficultés que vivent les enseignants et le personnel administratif et technique dans son université.
En effet, selon Dr Mahamadou Nameywa Atto, ces difficultés se résument à un manque de service du personnel pour suivre la carrière des enseignants, des traitements discriminatoires à l’égard des enseignants, des inscriptions qui ne répondent pas aux critères d’admission dans cette université. Il a, pour étayer son annonce, relevé les cas de deux étudiants inscrits mais qui ne disposent pas de bac, et celui d’une femme autorisée à s’inscrire avec un dossier incomplet car n’ayant pas fourni un relevé de notes.
Il a, également, cité le cas de disparition des copies des étudiants après un contrôle, et à qui, le recteur a ordonné de donner des notes en dépits de l’absence de copies à corriger. L’administration est constituée ‘’des parents, amis et connaissances’’, en croire l’intervenant.
‘’Toutes choses qui tranchent d’avec la légalité’’ a-t-il laissé entendre avant d’annoncer que ‘’ on est loin d’espérer que la nomination d’un recteur est un remède aux problèmes de l’université de Tahoua’’.
Pour le docteur Abdou Babayé Maman Sani de l’université de Maradi a rappelé ‘’un élu suppose une équipe, un programme de travail et des résultats attendus à la fin du mandat’’.
‘’L’élu est pris en otage par son programme tandis que celui qui est nommé est pris en otage par celui qui l’a nommé’’ a-t-il soutenu.
En rappelant les difficultés de l’université de Maradi, Dr Abdou Babayé a indiqué qu’à l’université de Maradi, il y a ‘’un manque cruel de confiance entre le recteur et ses administrés amenant celui-ci à même recruter un garde de corps estimant qu’il n’est plus en sécurité’’.
Evoquant la situation administrative de l’université de Maradi, Dr Abdou Babayé a affirmé que ‘’le recteur est en même temps comptable, chef du personnel, en fait il est tout à l’université’’ en ajoutant que dans cette université ‘’jusqu’en 5ème année de médecine, les étudiants n’ont jamais vu un squelette de leurs yeux’’.
Le Docteur Djibril Abarchi a axé son intervention sur un rappel des textes régissant les universités publiques au Niger basés sur un système électif, gage d’une bonne gouvernance.
‘’Les finances sont soumises aux règles de la comptabilité publique et les responsables sont associés dans l’élaboration des budgets des universités’’, a-t-il poursuivi.
Selon Abarchi Djibril ‘’l’université, en cas d’élection, n’est pas exsangue de contrôle financier. Toute réforme ne vaut que par les hommes chargés de la mener’’, a conclu Pr Abarchi Djibril.
La conférence a pris fin par une séance de questions-réponses en rapport avec les thèmes débattus.
Rappelons que sur les 8 universités du Niger, seul le recteur de l’université de Niamey est élu. Ceux des 7 autres régions sont nommés par le gouvernement.
Le gouvernement a récemment adopté un projet de loi consacrant la nomination des recteurs dans le cadre des réformes du système éducatif.
‘’ Avec les textes actuels les Recteurs ne peuvent pas sanctionner directement un enseignant qui faute ; même pour des faits avérés, la hiérarchie ne peut pas sanctionner, il faut nécessairement passer par un conseil universitaire, c’est pourquoi il faut revoir ces textes aussi’’, avait expliqué le ministre des enseignements supérieurs Yahouza Sadissou.
Les enseignants chercheurs ont observé plusieurs arrêts de travail depuis septembre pour exiger entre autres la poursuite du processus d’élection rectorale à l’université de Maradi.