C'est ce qu'a affirmé samedi devant les députés, le ministre nigérien des Mines en évoquant « la situation très préoccupante » de la Cominak. Orano exploite cette mine souterraine située dans le nord désertique du Niger depuis 1978.
L'état de santé de la Cominak inquiète. « Sa situation est très difficile, très préoccupante, et elle pourrait à terme fermer », a déclaré samedi Hassane Barazé, le ministre nigérien des Mines en réponse à un député qui l'interrogeait sur « la fermeture » de cette mine souterraine exploitée depuis 1978 dans le nord désertique du pays.
« Quand on prend le cas de la Cominak, les réserves s'épuisent et deviennent très chères à exploiter, surtout avec des conditions des prix (de l'uranium) très bas », a ensuite expliqué le ministre. Le prix spot évolue actuellement dans une fourchette de 35.000 FCFA à 36.000 FCFA (53,30 euros à 54,80 euros), « alors que les coûts de production de la Cominak tournent autour de 49.000 FCFA à 50.000 FCFA (74 euros à 76 euros) ».
Une équation intenable sur le long terme. Or, les chiffres sont têtus. En 2017, la Cominak - l'une des deux filiales nigériennes d'Orano avec Somaïr -, a clos son exercice sur une perte nette de 24,3 millions d'euros, une perte creusée à 25,9 millions en 2018. Et cette année la société « qui vit déjà avec à un découvert de 18 millions d'euros accordés par des banques, devrait certainement clôturer avec un trou de 12 millions d'euros », a poursuivi Hassane Barazé.
L'uranium nigérien c'est un tiers de la production d'Orano
Pour assurer la viabilité de ses deux filiales, Orano avait pris en 2017 des mesures d'économie drastiques, avec à la clef plusieurs centaines de licenciements et des baisses progressives de production. En 2018, seul un relèvement des prix de l'uranium de 40.000 FCFA (60 euros) à 45.000 FCFA (68 euros), négocié entre les présidents nigériens et français, avait permis à la Cominak d'échapper à la fermeture.
Mais la maison mère Orano, l'ex Areva NC Niger, traverse elle aussi une passe difficile. Elle a, en 2018, doublé sa perte nette à 544 millions d'euros. L'uranium nigérien, exploité depuis 50 ans, représente un tiers de sa production. Pour combien de temps encore ? C'est toute la question.