Orano (ex-Areva) confirme la fermeture, vers le début des années 2020, de la Cominak (Compagnie minière d’Akouta). Cette filiale nigérienne, qui exploite depuis 1978 l’une des mines souterraines d’uranium du groupe, n’est plus rentable en raison de son épuisement et des prix bas de l’uranium.
"La situation de la Cominak est très préoccupante, elle pourrait à terme fermer", a déclaré le 11 mai Hassane Barazé. Orano confirme les propos du ministre nigérien des Mines, rappelant que cette mine d'uranium au Niger est exploitée depuis 40 ans et qu’elle a dépassé son pic de production. Orano, qui détient 34% du capital de la Cominak, confirme se préparer à "organiser de façon responsable" une "forme de décroissance", mais "cela ne se fera pas demain", selon un porte-parole du groupe. Plutôt "au début de la prochaine décennie".
Des coûts trop élevés aux conditions de marché actuelles
"Les réserves s'épuisent et sont très chères à exploiter, surtout dans des conditions de prix très bas" de l’uranium, a expliqué le ministre nigérien. Le prix (spot) de l’uranium est actuellement de 45 euros le kilogramme, et Hassane Barazé a évoqué un coût d’exploitation de la Cominak de 75 euros. En 2018, les pertes de la Cominak sont estimées à près de 26 millions d’euros, contre 24 millions l’année précédente. Pour 2019, le ministre estime la perte à 12 millions.
La Cominak, qui extrait l’uranium dans la région d’Akouta au Niger, est détenue à 34% par Orano, à 31% par la Sopamin (Société du Patrimoine des Mines du Niger), à 25% par le japonais Ourd (Overseas Uranium Resources Development) et à 10% par l’espagnol Enusa (Empresa nacional des uranio SA). Elle traite ensuite le minerai dans l’usine du site.
La Cominak produit actuellement 1128 tonnes d'uranium et l'autre filiale nigérienne d'Orano, Somaïr (Société des mines de l'Aïr, détenue à 63,6% par Orano et à 36,4% par la Sopamin), environ 1800 tonnes. La part d'Orano sur cette production nigérienne (près de 3000 tonnes) s'élève à 2167 tonnes d'uranium.
Situation fragile aussi à la Somaïr
En 2017, Areva (le groupe a changé de nom pour Orano en janvier 2018) avait pris des mesures drastiques d'économies dans ses filiales nigériennes, dont plusieurs centaines de licenciements et des réductions de production chez Somaïr et Cominak. Le géant français de l’uranium espérait faire "l'équivalent de 60 milliards de francs CFA (90 millions d'euros) d'économie chaque année".
Avant les licenciements et la baisse de production décidés en 2017, la Somaïr avait déjà procédé à un plan de restructuration en 2015, comprenant des licenciements et un plan de réduction des coûts pour augmenter les réserves économiquement exploitables. Mais ce dernier n'avait pas suffi à redresser la situation financière de cette filiale nigérienne, qui exploite la mine à ciel ouvert d’Arlit.
En 2018, un accord entre la France et le Niger avait relevé le prix d’achat de l’uranium nigérien de 60 à 68 euros, ce qui avait "permis à Cominak de ne pas fermer", a révélé le ministre nigérien des Mines. Mais en l'absence d'un rebond des prix de l'uranium, et face à la concurrence de gisements à bas coût comme ceux qu'exploite Orano à Tortkuduk au Kazakhstan par ISR, cela ne suffira pas à restaurer la rentabilité des mines nigériennes. Et Imouraren, le gisement géant qui devait prendre la suite des mines d'Arlit et Akouta, attend toujours des jours meilleurs. Le gisement fait l'objet de comités stratégiques réguliers avec l'Etat du Niger, pour examiner les conditions de marché et leur compatibilité avec un développement, précise Orano.