L’opposant Hama Amadou, président du Moden Lumana, continue à mobiliser les militants de son parti en perspectives des élections de 2020 et 2021 notamment les présidentielles auxquelles il compte bien se présenter. A défaut de pouvoir battre campagne dans le pays, qu’il a quitté pour un exil sanitaire à Paris depuis 2016, Hama Amadou fait le tour des différentes coordinations de la diaspora de Lumana, accompagner par ses principaux lieutenants, afin de rencontrer ses militants et surtout d’évoquer la situation politique nationale.
Après Accra au Ghana le dimanche 12 mai où il a tenu un grand meeting populaire, l’opposant Hama Amadou était ce dimanche 19 mai à Istanbul en Turquie. Une rencontre cette fois plus restreinte mais qui lui a servi de tremplin pour tirer à nouveau sur le régime de Mahamadou Issoufou ; qu’il accuse « d’avoir détruit tous les fondamentaux de l’économie nigérienne ». L’ancien principal allié du PNDS Tarraya au pouvoir, a brossé un tableau sombre de la situation socioéconomique du pays, qui est engendrée selon lui par la mauvaise politique du gouvernement. « C’est pourquoi, a-t-il expliqué, qu’un bon paquet de commerçant nigériens, surtout les jeunes, ont déserté le Niger ». L’ancien premier ministre s’est aussi indigné contre ce la stratégie du régime de la Renaissance, qui se résume à « la prospérité pour une minorité et la pauvreté pour la majorité ». « Je mets au défi le gouvernement, de me prouver que c’est de la politique politicienne que je fais », a indiqué Hama Amadou qui a dénoncé par la même occasion, « une situation de survie généralisée » qui prévaut dans le pays. « C’est ça le drame de notre pays, qui est classé comme le dernier au monde, et au lieu que le gouvernement s’attèle à nous sortir de là, il nous enfonce davantage », a ajouté le chef de file de l’opposition.
Dans les échanges qu’il a eu avec les militants de son parti, le président du Moden Lumana a maintenu son ambition de se présenter une nouvelle fois aux élections présidentielles de 2021. Malgré l’affaire judiciaire qui le poursuit au pays, Hama Amadou s’est montré ferme et avec un air de prédicateur qui veut certainement beaucoup dire, il a laissé entendre que d’ici cette échéance, « beaucoup de choses risquent de se passer ». « Seul Dieu a les clés de qui sera le détenteur du pouvoir en 2021 » a prêché Hama Amadou, qui a toutefois dénoncé les conditions dans lesquelles, « ils ont la prétention d’organiser des élections à leur manière, pour imposer aux nigériens leurs résultats ».
« Le gouvernement entretient délibérément cette situation d’insécurité… », dixit Hama Amadou
Dans son intervention, Hama Amadou s’est surtout épanché sur la situation sécuritaire du pays. Actualité nationale oblige avec la série des attaques que subit le Niger, le président de Lumana a fait cas « d’une situation d’angoisse permanente pour la population, car en n’importe quel point du territoire, l’insécurité est aujourd’hui une réalité ». Par rapport à ce contexte sécuritaire, Hama Amadou a estimé que « le gouvernement profite de la situation d’insécurité pour délibérément envoyer à la mort une certaine catégorie de soldats nigériens », si ce n’est pas, « de prendre des mesures pour les radier pour des raisons les plus absurdes ». Pour l’opposant qui a dénoncé les conditions dans lesquelles opèrent les militaires, « cette situation ne permet pas à notre armée de faire face à une situation d’insécurité généralisée dans le pays ». « L’armée a le courage, et elle a peut-être la volonté de combattre cette situation », a admis l’ancien président de l’Assemblée nationale qui s’est toutefois demandé sur «les dispositions prises véritablement par le gouvernement pour leur permettre de combattre avec succès ». Selon Hama Amadou, il ne suffit pas en effet «de combattre car on peut combattre et mourir, mais de combattre pour gagner face à un ennemi insaisissable ». A Istanbul, le chef de file de l’opposition s’est même permis le luxe de disserter sur la stratégie militaire du régime. « Pendant que nous avons un ennemi mobile avec des stratégies déroutantes, nous avons une armée stationnaire qui attend qu’on vienne l’attaquer pour lancer dans des poursuites », a relevé Hama Amadou.
Le président de Lumana a profité de son séjour turc pour aborder avec les militants la situation du parti. Hama Amadou a d’ailleurs fait le déplacement d’Istanbul avec plusieurs membres du bureau politique national notamment les députés Soumana Sanda et Issoufou Issaka, ses principaux fidèles lieutenants.