Après près de 4 mois de grèves en série, le Syndicat national des enseignants et chercheurs du supérieur (SNECS), s’est vu acculé par décision de justice, de suspendre provisoirement son mot d’ordre de grève. Assigné par le gouvernement, le SNECS a en effet vu sa grève jugée « illégale » par ordonnance du juge des référés du Tribunal de grande instance hors classe de Niamey, en date de ce mardi 21 mai.
Au sortir du jugement, le syndicat a annoncé avoir pris acte de « la décision du juge des référés déclarant la grève du 20 au 24 mai illégale », et par conséquent, « suspend le dit mot d’ordre de grève ». Dans un communiqué qui fait suite à la décision de la justice, le SNECS souligne qu’il entend « poursuivre la lutte conformément aux lois en vigueur pour la gouvernance démocratique universitaire ».
Au sortir de l’audience au Palais de la justice de Niamey et face à la presse, le SG du SNECS Na-Balla Adaré a laissé entendre que le mot d’ordre pourrait être reconduit dès la semaine prochaine.
Ultime négociation par des « bonnes volontés »
Ce rebondissement dans le bras de fer qui oppose le gouvernement et le SNECS intervient alors que les deux parties sont revenues à la table de négociations grâce à une médiation d’anciens universitaires et de bonnes volontés. Malgré la promulgation par le président de la République de la loi portant réforme du mode de gouvernance des établissements publics à caractère scientifique, technique et culturel, cette ultime médiation a permis de rapprocher les positions et l’ébauche d’un protocole d’accord a été même entérinée lors d’une réunion qui s’est tenue le samedi dernier sous l’égide de ces bonnes volontés. Au cours des négociations qui se sont poursuivies hier lundi, le gouvernement à travers le ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (MESRI) ainsi que le SNECS, ont montré leurs prédispositions à signer « une paix des braves », c’est-à-dire sans gagnant et ni perdant. Selon un membre du comité de médiation, l’essentiel qui a fait consensus, « c’est de sauver l'année académique en cours ainsi que les examens du baccalauréat ».
En dépit de cette décision de la justice, la médiation des bonnes volontés espère toujours parvenir à un accord pour sauver une année déjà compromise par 4 mois de grèves qui ont fortement perturbés les activités académiques dans les 8 universités publiques du pays. Au grand dam des étudiants qui sont pris en otage par ce bras de fer dont la principale pomme de discorde est la réforme du mode de nomination des recteurs et vice-recteurs à laquelle s’oppose le SNECS. Bien que la grève soit provisoirement suspendue, cela n’arrange en rien les choses tant que les deux parties n’accordent pas leurs violons. C’est en effet les pauvres étudiants qui en paieront le prix fort car en réaction aux coupures sur salaires opérées par le gouvernement, le SNECS a décidé de considérer comme fait les semestres impairs qui se sont déjà écoulés dans ce contexte de grève ainsi que les TP, TD et autres examens.
Il s’avère donc nécessaire que le dialogue se poursuive entre le gouvernement et le SNECS car les procès n’arrangeront rien surtout pour les étudiants qui assistent médusés à ce manège. D’autant que le gouvernement reste déterminer à poursuivre la réforme du secteur de l’enseignement supérieur, une réforme qui selon des informations exclusives d’Actuniger, va aussi et prochainement concerner le statut des enseignants et chercheurs des universités publiques.