La décision de maintien en détention arbitraire de Sadat Illiya Dan Malam après appel du procureur est une nouvelle injustice pour cet activiste emprisonné depuis plus d’un an, ont déclaré aujourd’hui, Amnesty International, Tournons La Page, le Réseau des organisations pour la transparence et l'analyse budgétaire (ROTAB) et Alternatives Espaces Citoyens au Niger.
Le 20 mai 2019, le juge d'instruction de Zinder au nord du pays a abandonné les charges de « participation à un mouvement insurrectionnel » et « conspiration contre la sécurité de l’État » retenu contre Sadat Illiya Dan Malam, pour les requalifier en «injure contre les membres du parti politique PNDS Tarayya. » Il devait recouvrer la liberté le jour même mais le procureur du tribunal de grande instance de Zinder a interjeté appel, demande accordée par le juge. Il reste en détention.
« Sadat Illiya Dan Malam fait l’objet d’une détention arbitraire depuis 13 mois. Son maintien en détention est une nouvelle illustration du harcèlement judiciaire à son encontre et d’une volonté de faire taire les voix critiques, » a déclaré Marceau Sivieude, directeur régional adjoint d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.
« Annoncer sa libération puis refermer dans la foulée la porte de sa prison sous ses yeux est dévastateur pour Sadat, sa famille et tous ceux qui défendent la justice au Niger. »
Sadat Illiya Dan Malam est le coordonnateur régional du Mouvement patriotique pour une citoyenneté (MPC), une organisation de la société civile. Il est détenu depuis son arrestation dans la ville de Zinder le 18 avril 2018.
« Le maintien en détention de Sadat renforce l’idée d’une instrumentalisation de la justice à l’encontre des militants de la société civile. Ce cas illustre les nombreuses entraves auxquels font face ces acteurs dans leur travail de promotion des droits humains,» a insisté, Laurent Duarte, coordinateur international du mouvement Tournons la page.
Sadat Illiya Dan Malam a été arrêté, en même temps qu’une dizaine d’activistes nigériens, dans le cadre des manifestations entamées le 25 mars 2018, contre la loi de finances 2018 prévoyant des mesures d’austérité et de nouvelles taxes pour les petits commerçants et les ménages modestes au Niger. Son avocat a introduit trois demandes de liberté provisoire depuis mai 2018, elles ont été rejetées.
« Sadat Illiya Dan Malam n’aurait jamais dû être arrêté. Son maintien en détention montre un acharnement de la justice utilisée comme un moyen de répression contre les militants de la société civile et une violation de leurs droits à se réunir pacifiquement, » a déclaré Ali Idrissa Nani président du Réseau des organisations pour la transparence et l'analyse budgétaire (Rotab).
« Mais quelles que soient les manœuvres pour le maintenir en détention arbitraire, nous continuerons à faire campagne sans relâche pour la libération immédiate et inconditionnelle de Sadat.»