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Habi Mahamadou Salissou, ministre de la Communication : « Notre devoir est d’empêcher que le Niger soit le seul pays africain dont l’agence de presse aura disparu»

Publié le vendredi 31 mai 2019  |  Niger Diaspora
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© Autre presse par DR
Le nouveau Ministre de la Communication, M Habi Mahamadou Salissou
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L’Agence Nigérienne de Presse (ANP) a été créée en 1987 pour porter la voix du Niger à l’extérieur. Le Gouvernement entendait, par la même occasion, compléter le dispositif médiatique national (publications de presse écrite, radio, télévision, agence de presse et, plus tard, l’organe de régulation), tout en participant à l’établissement du Nouvel Ordre Mondial de l’Information et de la Communication (NOMIC) promu par l’UNESCO. Mais, depuis les années 2000, l’ANP traverse une crise profonde. Le ministre Habi Mahamadou Salissou explique les raisons de cette crise et envisage des solutions de sortie.

Monsieur le ministre, à quoi est due la crise que traverse l’ANP ?

Cette crise qui a commencé dans les années 2000 est marquée notamment par l’assèchement des ressources financières, dû à l’éclosion de l’internet (qui a favorisé un accès gratuit à l’information), mais aussi à la baisse drastique des subventions de l’Etat ; le vieillissement du personnel ; l’obsolescence des équipements techniques ; la modicité du parc logistique.

Monsieur le ministre, l’ANP est devenue le parent pauvre des médias d’Etat alors qu’en règle générale, une agence de presse nationale est le premier fournisseur en informations des médias de masse, et aussi le premier des médias…

C’est tout à fait juste et c’est pourquoi le ministère de la Communication a déjà engagé des mesures de sauvegarde : amélioration du parc auto, paiement des salaires des fonctionnaires de l’agence sur le budget de l’administration de tutelle, lancement d’une étude pour la réhabilitation de l’ANP.

Le personnel de l’ANP y apporte sa contribution, en cotisant par exemple pour payer les factures d’eau et d’électricité et c’est le lieu de le féliciter pour son sens du sacrifice et du devoir. Mais ces mesures sont insuffisantes et transitoires, pour tout dire non durables : le service de l’ANP peut s’arrêter à tout instant et exposerait notre pays à un grave dysfonctionnement du système médiatique, en particulier de la communication gouvernementale.

Quels sont les principaux risques encourus par l’agence et par l’Etat ?

Il y a des risques en effet et le gouvernement en est bien conscient. Ces risques peuvent se résumer ainsi au développement des fake-news sur le Niger et ses Institutions, sans possibilité d’y faire face en l’absence d’un organe crédible de riposte en information internationale ; à la perte de crédibilité et de cohérence dans la communication gouvernementale, qui sera « prise en charge » par les réseaux sociaux ; à l’insuffisance voire absence d’informations des régions dans les journaux, radios et télévisions , et à la prise de contrôle de notre information par les agences de presse étrangères.

Comme vous pouvez le constater, ces risques sont réels et appellent des mesures urgentes, en vue de la réhabilitation de l’ANP. L’étude qui y est consacrée préconise des mesures institutionnelles et financières. Il s’agit, entre autres, de doter l’ANP d’un nouveau statut, celui d’Etablissement Public à caractère Administratif (EPA), plus adapté à sa mission et à ses capacités de mobilisation de ressources propres ; et aussi et surtout, d’inscrire dans le budget 2020 une subvention exceptionnelle d’investissement.

A quoi exactement va servir cette subvention exceptionnelle ?

Cette subvention est destinée à financer des mesures d’urgence : recruter et former des agents ; acquérir les équipements techniques et logistiques adaptés aux besoins actuels des agences de presse, et lui permettant notamment de créer des produits innovants à même de générer des ressources ; doter l’ANP de locaux propres, adaptés et suffisants.

Qu’attend le gouvernement d’une ANP réhabilitée ?

Les attentes du gouvernement à cet égard sont importantes. Il s’agira de disposer d’un instrument efficace pour la distribution à l’extérieur de sa propre information ; disposer d’un instrument de veille et de riposte contre les fake-news et les campagnes malveillantes d’information menées contre le Niger à partir de l’extérieur; mettre à la disposition des médias publics et privés un fournisseur d’informations régionales écrites et audiovisuelles ; mettre à la disposition des agences de presse étrangères une structure crédible pour leur servir de correspondant au Niger, et surtout contrôler le flux des informations publiées sur le Niger de par le monde.

Monsieur le ministre, votre mot de la fin ?

Lorsque le Gouvernement a créé l’ANP en 1987, il entendait se doter d’un « outil de souveraineté » en matière d’information et de communication. Aujourd’hui, cet outil rencontre de nombreuses difficultés, mettant même en péril son existence. Notre devoir est d’empêcher que le Niger soit le seul pays africain dont l’agence de presse aura disparu ; notre devoir est d’empêcher le naufrage de l’ANP, en y injectant les moyens qu’il faut ; notre devoir est de faire en sorte que, en 2020, l’ANP reprenne sa place au cœur de l’échiquier médiatique national et joue sa partition dans l’établissement du Nouvel Ordre Mondial de l’Information et de la Communication, prôné par l’UNESCO et auquel a souscrit notre pays.
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