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M. Venance Konan, Directeur Général du groupe de presse ivoirien ‘’ Fraternité Matin’’ à Niamey : «Nous journalistes, nous avons un rôle important à jouer dans la lutte contre le terrorisme»

Publié le vendredi 31 mai 2019  |  Niger Diaspora
M.
© Autre presse par DR
M. Venance Konan, Directeur Général du groupe de presse ivoirien ‘’ Fraternité Matin’’
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Le Directeur général du groupe de presse ivoirien « Fraternité Matin » M. Venance Konan, par ailleurs président du groupement des Editeurs de Presse Publique en Afrique de l’Ouest (GEPPAO) était en tournée dans les pays membres du GEPPAO dans la perspective de relancer les activités de cette organisation. La semaine dernière, il était venu à Niamey pour rencontrer le Directeur Général de l’Office National d’Edition et de Presse (ONEP), un organe de presse où travaille un de ses confrères avec lesquels ils ont créé le Groupement des Editeurs de Presse Publique de l’Afrique de l’Ouest. Outre la relance des activités du GEPPAO, Venance Konan a profité de cette occasion pour visiter la rédaction de l’ONEP, discuter avec les jeunes journalistes sur la nécessité d’échanges d’expérience et de formation et en même temps évoquer le forum qu’il projette d’organiser à Ouagadougou, au Burkina Faso au mois de juin prochain. Il revient largement sur toutes ces questions dans une interview qu’il a bien voulu accorder à notre reporter.

Monsieur le Directeur général, dans quel cadre vous êtes à Niamey ?

Je suis venu à Niamey pour rencontrer mon confrère et collègue du Journal « Le Sahel » qui est l’un des membres fondateurs du Groupement des Editeurs de la Presse Publique de l’Afrique de l’Ouest. Entre temps le Directeur général de l’ONEP, en l’occurrence M. Mahamadou Adamou, qui avait participé à tous les travaux de GEPPAO, a été remplacé. Donc, ma mission à Niamey vise essentiellement la relance des activités de notre structure commune. En effet, les activités de GEPPAO étaient tombées un peu en léthargie du fait que pratiquement tous les membres fondateurs sont nommés à d’autres fonctions. Je suis le seul qui est resté en poste. Maintenant que l’essentiel des organes publics ont à leur tête de nouveaux directeurs, il est tout à fait important pour moi, en tant que président du Groupement des Editeurs de la Presse Publique de l’Afrique de l’Ouest, de venir vers mes nouveaux collègues afin de leur expliquer ce que c’est que le GEPPAO dans la perspective de redynamiser notre organisation commune.

Le Groupement des Editeurs de la Presse Publique de l’Afrique de l’Ouest évolue dans un espace où l’activité se heurte à plusieurs obstacles qui rendent difficile son développement; comment vous envisagez d’inverser la tendance ?

Si vous le permettez, je commerce par dire que le groupement des éditeurs de presse publique en Afrique de l’Ouest (GEPPAO) est une organisation qui a été créée en 2014. Le GEPPAO regroupe les journaux publics du Sénégal ; du Mali ; du Burkina Faso ; Niger ; de la Côte d’Ivoire; du Bénin et du Togo. A ces pays de l’Afrique de l’Ouest vient s’ajouter le Maroc qui n’était pas prévu au départ, mais il a tenu à nous joindre parce qu’il compte adhérer à la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). En outre, la création de GEPPAO participe déjà d’une volonté d’unir nos efforts pour aller loin. Il est clair qu’en voulant évoluer seul, on peut arriver, mais le chemin sera long. Il est donc plus facile de se mettre ensemble en mutualisant nos efforts à travers des échanges d’expériences pratiques en journalisme en organisant des sessions de formation. Nous avons compris dès le départ cet objectif essentiel. Nos Etats ont compris que c’est dans l’intégration qu’on pourra avancer. C’est la raison pour laquelle nous aussi en tant que journaux publics voulons emboiter le pas de nos Etats. D’ores et déjà, nous avons reçu de bonnes choses. A titre illustratif, entre le groupe de presse ivoirien « Fraternité Matin », et celui du Burkina Faso « SIDWAYA », nous procédons régulièrement à des échanges d’articles ; des journalistes en formation. Le directeur technique de SIDWAYA était venu en Côte d’Ivoire et notre directeur financier avait aussi effectué le déplacement de Ouagadougou pour pouvoir s’inspirer de l’expérience de SIDWAYA. Nous voulons que ces échanges d’expérience soient élargis à l’ensemble de notre espace ouest africain.

La région Afrique de l’Ouest est confrontée ces dernières années à des menaces terroristes sans précédent qui sapent même les efforts de développement de nos pays respectifs. A cet effet, vous comptez organiser un forum dédié à la sécurité au mois de juin prochain à Ouagadougou au Burkina Faso, quels sont les objectifs et les résultats attendus à ce forum ?

Je voudrai d’abord préciser que parmi les nombreuses activités du Groupement des Editeurs de Presse Publique de l’Afrique de l’Ouest il y a l’organisation de forums. A titre d’exemple, « Fraternité Matin » avait organisé deux forums à Abidjan. Il était aussi prévu que nous organisions un forum à Ouagadougou au Burkina Faso sur le terrorisme ; un autre sur l’immigration à Niamey et un sur le franc CFA à Dakar au Sénégal. Cette décision a été prise il y a de cela peut être trois (3) ans.Il se trouve malheureusement que l’actualité nous confronte à cette triste réalité du terrorisme.

Le phénomène du terrorisme est un problème qui est en train de gagner du terrain. Ce n’est pas un seul pays qui est confronté au terrorisme mais plutôt toute la région ouest africaine. C’est dire que ce forum tombe à point nommé. Nos amis de SIDWAYA ont tenu à ce qu’on organise le forum maintenant. Ils ont même pu obtenir le soutien clair de leur Président S.E ROCH Marc Christian Kaboré qui m’a d’ailleurs fait l’honneur de me recevoir le vendredi 17 mai 2019. A l’issue de notre entretien, le Président Kaboré m’a rassuré de sa présence effective à ce forum. Nous n’avons pas d’autres choix que nous battre tous, chacun avec ses moyens afin de venir à bout de ce monstre, ce fléau qui est en train de détruire nos pays. L’objectif est de conscientiser tout le monde sur cette réalité-là.Les journalistes que nous sommes doivent jouer un rôle extrêmement important dans la lutte contre le terrorisme. Il y aura à ce forum, beaucoup d’hommes politiques ; beaucoup de spécialistes des questions de sécurité et des hommes de medias pour que nous débattions de ce que la synergie d’actions peut apporter dans cette lutte.

En visitant la rédaction de l’Office National d’Edition et de Presse (ONEP), vous parliez de la nécessité d’échanges d’expérience et de formation des jeunes journalistes par leurs ainés dans l’espace ouest africain afin de converger vers notre destin commun qu’est l’intégration. Expliquez-nous de façon concrète comment vous appréhendez cet objectif essentiel pour la relève et pour l’existence même de nos rédactions respectives ?

Il faut tout de suite préciser qu’en marge du forum que nous allons organiser à Ouagadougou, nous tiendrons notre assemblée générale, au cours de laquelle nous allons voir ensemble toutes les actions à mener. Mais déjà, ne serait-ce que de façon individuelle ou bilatérale, on doit procéder à un échange de journalistes. Par exemple, « Le SAHEL » et « FRATERNITE MATIN » peuvent parfaitement échanger de journalistes. On peut le faire avec SIDWAYA ou avec le Soleil, etc.En procédant ainsi, on apprend des uns et des autres parce que personne n’est plus fort que l’autre. Un journal peut avoir un petit point fort ici et une faiblesse là. Mais nous avons aussi un projet de sessions de formation, on va faire venir des anciens journalistes pour qu’ils puissent transmettre à la jeune génération leur savoir. C’est extrêmement important dans la mesure où la qualité de nos journaux dépend de la qualité des articles qui sont écrits. C’est dire que tout dépend de la qualité des journalistes qui écrivent.

La relance des activités de votre organisation passe incontestablement par le transfert de logiciel de pensée entre les journalistes de l’espace ouest africain dans une perspective de l’intégration dans le traitement de l’information, quelle est votre vision sur cet aspect ?

Je suis heureux de constater d’abord qu’il y a un enthousiasme surtout chez certains de mes collègues. Avant d’arriver à Niamey, j’étais à Ouagadougou ; Bamako et à Dakar. Après, Niamey, j’irai à Lomé et à Cotonou. Nos conversations au téléphone montrent déjà que tout le monde adhère à ce projet. Nous aimerons que les jeunes journalistes que vous êtes adhérent à ce projet-là. Nous sommes en fin de carrière et notre lutte est faite pour vous. Nous voulons que lorsque vous allez prendre la relève, vous puissiez cultiver cette vision intégrationniste ; cette vision de chercher le meilleur.

Selon vous, quelle peut être la contribution des journalistes de l’espace ouest africain dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent ?

Je ne vais pas anticiper sur les conclusions de notre forum. Il nous faut réfléchir ensemble ; échanger avec des spécialistes, des politiques et des communicateurs afin de sortir quelque chose qui sera plus solide. Souffrez que j’attende la fin du forum avant de pouvoir vous donner de réponse précise. Mais quoi qu’il en soit, nous devons comprendre que nous journalistes, hommes de medias, femmes de medias, nous avons un rôle important à jouer dans la lutte contre le terrorisme. Nous sommes d’ailleurs aux confluences de cette lutte dans la mesure où nous sommes le relais entre le pouvoir public et les populations. Nous sommes même amenés à côtoyer ces terroristes là pour faire notre travail. Il est important qu’on s’asseye pour voir exactement comment on peut travailler ensemble pour lutter contre ce fléau.

Vous avez une riche expérience dans le domaine du journalisme que vous avez toujours partagé avec les jeunes journalistes. Vous avez aussi une autre casquette qui est celle de l’écrivain, pouvez-vous nous parlez de ce volet ?

Oui, j’ai ces deux casquettes là à savoir : Journaliste et Ecrivain. L’un de mes livres a obtenu le grand prix littéraire d’Afrique Noire. C’est d’ailleurs un portait d’Edem Kodjo, ancien Premier ministre du Togo qui a été aussi secrétaire général de l’organisation de l’Unité Africaine (OUA), devenue aujourd’hui l’Union Africaine (UA). Il a obtenu ce prix là parce qu’à travers l’histoire d’Edem Kodjo, c’était aussi l’histoire de nos indépendances que je racontais. Dans ce livre, il y a aussi le portrait de beaucoup d’hommes tels que Eyadema ; Félix Houphouët Boigny ; Senghor; Sékou Touré etc. j’étais fier de recevoir ce prix. Un autre de mes livres intitulé «Caterpillar, Chef de village » a obtenu le prix Rabelais en 2014. Je continue ma route de petit écrivain tout en espérant devenir un jour grand écrivain. Ce volet fait partie aussi des problématiques de notre sous-région. Je sais que mes livres ne sont pas distribués au Niger et même au Burkina Faso qui est voisin de la Côte d’Ivoire. C’est malheureux qu’on soit voisin et qu’un livre édité en Côte d’Ivoire ne puisse pas arriver à Ouagadougou ; à Bamako, etc. Voici des problématiques sur lesquelles nous devons réfléchir. Je pense que le groupement des éditeurs de presse publique de l’Afrique de l’Ouest participe de tout cela.
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