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Gestion des incidents de sécurité et de sûreté : La nécessité des formations de masse

Publié le dimanche 2 juin 2019  |  Autre presse
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Un message d’une ambassade occidentale à Niamey qui circule sur les réseaux sociaux dit qu’ « il n’est pas exclu que des groupes terroristes cherchent à profiter de cette période de fête pour commettre des actions violentes ». C’est le type normal de courrier qu’envoient les ambassades aux ressortissants de leurs pays et à leur groupe d’intérêt quand elles ont des renseignements à propos. Il est tout à fait normal de tenir informées et préparées les personnes dont on a la responsabilité dans un contexte aussi tendu que le nôtre actuellement. Si certaines localités du Sahel sont épargnées par les attaques des « terroristes », il demeure qu’aucun lieu n’est totalement à l’abri d’une tentative d’assaut. A cet effet, on est en droit de s’étonner du peu d’initiative des services publics compétents à former la population sur les comportements et attitudes appropriés en face d’événements violents comme ceux que des villes comme Bamako, Ouagadougou, Abidjan, Diffa, Ndjamena etc ont connu.

Il est devenu la norme que des ONG’s et autres institutions de coopération s’approprient des responsabilités de l’Etat, « aident » l’Etat (pour ne pas dire comblent le vide laissé par l’Etat), en délivrant (ou en contribuant à la délivrance) des services essentiels aux populations, avec satisfaction dans bien des cas ; au point où, certains services sont quasi totalement financés par des organisations et pays amis…le financement des points d’eau moderne, l’alphabétisation, la recherche, les infrastructures importantes, les secours d’urgence etc en sont des exemples. Ce n’est pas le cas pour la sécurité. La sécurité publique est une chasse gardée, un monopole de l’Etat, avec pour priorité la défense de l’intégrité de notre pays, la protection des personnes et des biens par les forces de défense et de sécurité. Ce ne sont pas des missions à déléguer, (sauf accord exceptionnel, normalement). Les Ministères publics en charge de la défense et en charge de la sécurité publique se concentrent donc essentiellement à protéger les frontières du Niger et des nigériens. Une immense mission qui mérite toutes les éloges et tous les honneurs. Il se trouve que la gestion de la sécurité a une autre dimension toute aussi essentielle : la réaction des civils avant, pendant et après l’incident. Malgré toutes les mesures de prévention, malgré les armes, les renseignements, les drones, etc, il arrive quand-même que l’incident arrive. Ce sont les exemples d’attaques de cibles civiles (en milieu rural surtout) comme militaires (en milieu urbain et semi-urbain surtout) que nous subissons de plus en plus. Dans la gestion de la sécurité, ce qui fait souvent la différence dans le bilan final, c’est le niveau de préparation de la population (réaction individuelle d’information d l’autorité, d’hibernation en cas de déclenchement des hostilités, d’adoption de profil bas, de mise à couvert, etc…) et des services de prise en charge (évacuation d’urgence, hôpitaux, personnel de santé, mobilisation de volontaires spécialisés etc).

A l'aéroport de Maroua (Cameroun), j'ai vu plusieurs affiches d'informations sur les comportements en cas d'incident de sécurité: Ce qu'il faut faire en cas des tirs, d'explosions, de rapt, ...et ce qu'il ne faut absolument pas faire (courir vers les militaires en action, fouiller ses poches ou ses bagages en face des hommes armés ...). Le chauffeur venu m’accueillir, un autochtone, m'a expliqué qu'en raison du niveau élevé de risques, la population bénéficie d'un programme d'éducation en sécurité et que ces informations ont servi dans bien des cas à sauver des vies. A Maiduguri (Nigeria) également, j’ai appris que certaines initiatives sont engagées dès les premiers attentats pour éduquer la population. Il existe beaucoup d'histoires d'otages qui, au moment d'être libérés par un assaut, meurent des balles amies. En voulant courir vers les militaires qui viennent les sauver, ils se faisaient prendre pour des belligérants. Toutes les ombres se ressemblent au milieu des combats. Les médias nous rapportent parfois comment, sur certains théâtres, les terroristes commettaient un petit attentat avec une première bombe afin d’attirer les foules avant de faire exploser l’engin qui fait le plus de victimes.
En face des drames tels que celui de la citerne de l'aéroport (incident de sûreté certes mais assez illustratif) comme celui de l'assaut sur la prison civile de Niamey (attaque terroriste) ; des enlèvements crapuleux qui surviennent quotidiennement à Diffa ou des car-jackings fréquents ; de l’habitude des nigériens à courir pour « venir voir » ou même pour filmer, au moindre accident (Gani ya kori ji – autant voir soi-même que de se faire raconter!!!), je suis étonné que le Ministère de la sécurité publique n’ai pas encore jugé pertinent, d'étudier et de déployer une communication qui fournisse la bonne éducation en la matière aux populations, sans installer une psychose dans l'opinion. Ceci, pourtant, me semble être une urgence absolue car, en toute apparence, nous ne sommes pas au bout du terrorisme, donc des tentatives d’attentats, d’enlèvements, d’agressions. Une telle formation de masse (dans les écoles, sur les marchés, dans les services publics et privés, dans les quartiers, dans les associations etc…est d’autant plus importante que ces compétences renforcées sont utiles aussi dans les situations d’accident et incidents « civiles » et « ordinaires » (sûreté) qu’ils soient domestiques, catastrophes naturelles, gestion de feu, etc .. Quoi qu’il en soit, notre sécurité collective dépend de la conscience individuelle des citoyens et citoyennes. .
Qu'Allah nous protège. Qu'Allah bénisse le Niger.

NIANDOU Ibrahim #Iyo
Agriculteur à Dosso (Niger)
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