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SONIDEP : des agents impliqués dans un nouveau scandale de fraude des hydrocarbures

Publié le vendredi 7 juin 2019  |  Actu Niger
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© Autre presse par DR
SONIDEP : le personnel exige le départ du DG Ibrahim Nomao
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Décidément, la Société nigérienne de dépôt de produits pétroliers (SONIDEP) n’en finit pas avec les scandales. Le dernier en date, la découverte d’un trafic mafieux mis en place par des agents de la société publique et qui fait couler beaucoup d’encre au niveau de la Sonidep. En cause, un système de fraude mis en place par les agents indélicats qui seraient au nombre de trois (3), et a fait perdre pendant des années, des centaines de millions de FCFA à la société et surtout aux caisses de l’Etat.

De quoi s’agit-il ?

Le système mis en place par les agents est somme toute assez simple et efficace : c’est celui du « reversement » qui consiste à détourner sur le marché national, des cargaisons d’hydrocarbures destinées normalement à l’exportation. Pour ce faire, le premier agent complice, le nommé I. Hassan, qui est en poste au niveau du dépôt de Soray, entre en scène sur le registre de pointage où il manipule les écritures lorsqu’il est de garde. Par la suite, au niveau des postes frontaliers notamment de Makalondi ou de Torodi, intervient un second complice du nom de A.A. Abdoulaye, qui lui travaille au siège. Se faisant passer comme mandataire d’une « mission d’escorte » ou de « contrôle », une fonction en principe assurée par les services de la Douane, c’est lui qui insère à son tour dans le registre de sortie, l’immatriculation et les autres détails requis des camions qui sont sensés quitter le pays pour les pays voisins. Des camions qui ont été au préalable enregistrés comme destinés à l’export par son complice du dépôt de Soray mais qui dans la réalité ne quittent jamais le pays même si c’est ce qui apparait dans les registres de sortie. Afin d’accomplir sa sale besogne, le « missionnaire » sans ordre de mission, profite dans les cas où il n’est pas de service, de l’inattention de ses collègues pour y insérer les numéros des camions censés avoir quitter le territoire national. Lorsqu’un des complices est de service, le tour devient encore plus facile. Et comme il faudrait une couverture d’en haut pour donner un air semblant de légalité à la pratique, intervient le troisième agent impliqué qui n’est personne d’autre que le directeur de la logistique, H. Hinsa, et qui en est d’ailleurs le chef de tutelle des deux autres agents.

Comment le pot aux roses a été découvert ?

Comme les mauvaises pratiques ont toujours une fin malheureuse, ce sont des agents de la Sonidep qui gèrent les opérations logistiques mais qui ne sont pas dans la combine, qui ont découvert le pot aux roses. De la plus banale des manières car alors qu’un des agents indélicats était parti faire la Omra, l’autre complice au siège a été obligé de se transporter au niveau du poste frontière pour y insérer la sortie des camions. Et c’est là qu’il a été pris en flagrant délit alors qu’il n’était pas de service ce jour-là, et les agents habilités étaient en train d’accomplir leur devoir religieux. L’affaire a éclaté du dimanche 26 mai au jeudi 30 mai, car entre temps, les langues ont commencé à se délier. Plusieurs agents ont en effet reconnu avoir découvert par la suite des inscriptions sur les registres qui ne sont pas les leurs, et cela depuis plusieurs années et à des intervalles réguliers.

Quel manque à gagner pour l’Etat ?

Cette pratique a fonctionné pendant près de trois ans pendant lesquels les fraudeurs ont opéré normalement, se faisant dégager de substantielles marges ainsi qu’à leurs complices. Le carburant destiné à l’export vendu 300FCFA à la SORAZ, n’est pas en effet au même prix que celui qui est destiné au marché domestique, lequel est gonflé par toutes les taxes, redevances et autres marges des distributeurs.

Il est en l’état actuel, difficile d’estimer le manque à gagner pour l’Etat à moins de pouvoir retracer toutes les sorties enregistrées comme destinées à l’export, mais qui sont en réalité déversées sur le marché national. Selon les estimations des agents, ce sont des centaines de millions par mois car rien que pour la semaine où le scandale a éclaté, six (6) camions ont été illégalement inscrits comme ayant quitté le territoire national alors que ce n’était pas le cas. Sur chaque litre, l’Etat à travers la Sonidep perd en moyenne 250 FCFA. Les camions-citernes ont une capacité moyenne de 50.000 litres. En raison de 250 FCFA de manque à gagner pour un camion de 50.000 litres, et d’au moins 6 camions par semaine, cela donne une idée des pertes pour les caisses publiques et surtout la cagnotte pour les auteurs de cette pratique mafieuse qui durait depuis au moins trois années.

Pour l’heure et selon nos informations, la situation est réglée en interne. Malgré la levée des boucliers des agents de la Sonidep, la direction de l’entreprise publique essaie de contenir le scandale. Ce qui pour certains dans la boîte, laisse à croire que les agents indélicats disposent encore d’autres complicités placées plus hauts, sans quoi il n’aurait pas pu opérer pendant toute cette période sans être vraiment inquiets.

Les soupçons des agents pour un complot à grande échelle ont d’ailleurs été amplifiés par la disparition subite des registres dans lesquels sont consignées les sorties des camions aux frontières, et dans lesquels se trouvent les fausses écritures. Selon nos sources confirmées par plusieurs agents de la Sonidep, ils ont été soudainement remplacés par de nouveaux registres alors même que les anciens n’étaient pas arrivés à terme. Ni la HALCIA et encore moins le bureau du procureur n’ont été jusque-là saisis afin de diligenter une enquête sur ce scandale qui continue à enflammer la polémique au sein même de la société. Certains agents n’hésitent pas à indexer le DG Ibrahim Nomao de vouloir étouffer l’affaire, d’autant que les agents mis en cause sont réputés pour être assez proches des hauts cadres de la direction générale, chose qu’ils ne cachent pas d’ailleurs.

Scandales en série

Ce n’est pas le premier scandale du genre qui éclate au sein de la Sonidep, une des mamelles des caisses de l’Etat au vu des sommes colossales qui y transitent. Par le passé et sous l’ancien DG, Ibrahim Ango, des soupçons de vente illégale des bons pour exportation d'hydrocarbures ont fait un temps les choux gras de la presse et au sein de la boîte. Là aussi, ce sont des centaines de millions de franc CFA que l’Etat aurait perdu et malgré le bruit qui a entouré l’affaire, aucune suite n’a été donnée au dossier. Récemment encore et sans vergogne, des agents et leurs complices ont fait remplacer des cargaisons entières de carburants stockés dans des camions citernes par de … l’eau ! A la Sonidep, le scandale est aussi connu de tous et a fait son petit bruit. Puis l’affaire a été vite étouffée !

Ce n’est un secret pour personne que depuis des années et surtout avec l’avènement de la démocratie et des nominations politiques, la Sonidep est devenu la vache à lait des régimes qui se sont succédés à la tête de l’Etat. Des pratiques frauduleuses de tout genre s’y passe et dans la plupart des cas, ce sont des agents même de l’entreprise qui dévoilent les scandales. Avec le début de l’exploitation de l’or brut par notre pays, le phénomène s’est davantage amplifié, le magot en jeu étant devenu encore plus consistant. Il y a quelques semaines, l’actuel DG de la société Ibrahim Nomao, a reconnu que la fraude des hydrocarbures fait perdre annuellement quelques 7 milliards de FCFA à l’entreprise, et donc à l’Etat ! C’est dire l’étendue des dégâts que ce nouveau scandale à la Sonidep illustre encore une fois… Sans que pour l’heure les responsabilités soient situées et les coupables poursuivis pour que l’Etat rentre dans ses droits !
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