Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Niger    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article




  Sondage


 Autres articles



Comment

Politique

Le raid manqué de China International Fund (CIF) sur le Niger
Publié le jeudi 11 avril 2013   |  Aernusa




 Vos outils




A la fin du second mandat du président Mamadou Tandja, tous les clignotants semblent au vert pour le Niger : la production pétrolière est alors sur le point de commencer ; le contrat avec Areva sur Imouraren a été finalisé après le bras de fer entre le président Tandja et le groupe nucléaire français ; la société minière d’Azelik (SOMINA), aux mains des Chinois, est également sur le point de démarrer sa production d’uranium. Par ailleurs, le gisement de charbon de Salkadamna est prometteur tandis que la nouvelle cimenterie se confirme. Le CSRD prend donc le pouvoir le 18 février dans un pays plein de perspectives.

Russes, Chinois, Européens, Canadiens, Africains se ruent sur les opportunités d’affaires offertes par le Niger. A Niamey, les salons de l’Hôtel Gaweye et du Grand Hôtel ne désemplissent pas de businessmen venus pour faire des affaires ou en simple repérage. C’est dans ce contexte que China international Fund (CIF) tente une véritable OPA sur le Niger. Le CIF est une société chinoise officiellement privée basée à Hong Kong, et qui s’est spécialisée dans «les grands projets de reconstruction nationale et de construction d’infrastructures dans les pays en développement». Selon Wikipedia, «le CIF et ses sociétés associées à Hong Kong et Singapour ont investi plus de 20 milliards de dollars dans d’instables dictatures africaines. La société est sous le soupçon d’être en vérité une société d’État. Le personnel clé a des liens avec les entreprises et organismes gouvernementaux».

Le CIF a conclu, en octobre 2009, avec la junte militaire alors au pouvoir en Guinée-Conakry, un accord minier et en infrastructures de 7 milliards de dollars, en échange de l’exploitation des ressources minières du pays (diamants, fer, bauxite, pétrole). L’accord a finalement été dénoncé par les nouvelles autorités guinéennes, si tôt le capitaine Dadis Camara écarté du pouvoir. Face à la junte nigérienne, le CIF a mis sur la table une offre alléchante, associant la construction d’une nouvelle ville de Niamey au transport aérien, en passant par la réalisation d’une carte géologique. Jugez-en :

-Mise à disposition d’un terrain capable d’accueillir un projet intégré de New Niamey (logements sociaux, écoles, commerces, centres sportifs, centres de santé…);

-Envoi de 100 à 150 camions. Le choix a été fait d’affecter la majorité des camions à la SNTN [société nationale des transports nigériens] dans le cadre du plan de saréhabilitation ;

-Offre de faire la carte géologique du Niger (carte à actualiser et compléter) financé par l’ européenne pour 7 milliards ;

-Envoi de 2 avions ATR-72 pour le démarrage des vols intérieurs ;

-Réhabilitation de l’aéroport de Niamey: pavillon présidentiel, aire de stationnement pour avions, clôture, extension de la salle d’enregistrement et d’immigration ;

-Mise aux normes des aéroports de Zinder, Agadez et Diffa

-Une ligne de chemin de fer de 2000 km ;

-Une usine de ciment d’une capacité de production de 1000 tonnes. En échange de ce «package» estimé à 5 milliards de dollars, le CIF Limited devrait exploiter les ressources minières du Niger jusqu’à rentrer intégralement dans ses fonds. Le deal semble se mettre en place. Un accord cadre est signé le 21 juillet 2010 dans la foulée d’une audience accordée par le général Salou Djibo, président du CSRD, à Sam Xu, président du CIF Limited. Mais l’affaire, apportée au Niger par un certain SAM avec le soutien d’un membre influent du CSRD, provoque de vives tensions au sein de la junte. Dans la recherche d’un compromis entre partisans et adversaires de l’arrivée du CIF, un comité de pilotage est mis en place. Le CSRD n’obtient que la vice-présidence du comité alors que les ministres des Finances, des Mines, du Transport, de l’Urbanisme et de l’Équipement en sont de simples membres.

Parallèlement, une mission gouvernementale est dépêchée du 21 au 22 juillet 2010 à Luanda pour constater de visu les réalisations du CIF en Angola. Elle comprenait le ministre de l’Économie et des Finances, Malam Annou Badamassi, le ministre des Mines et de l’Energie, Souleymane Abba, et le ministre des Transports et de l’Urbanisme, Ahmed Hamid. La mission débouche sur le document ci-après : «Rapport de Mission à Luanda (Angola) – membres : ministres de l’Économie et des Finances, des Mines, des Transports et de l’Urbanisme- 21/22 juillet 2010 I. Objectif/Motivation : A la suite de l’Accord cadre à Niamey le 21 juillet et l’audience du PCSRD recevant M. Sam Xu, président de CIF Limited, nous avons été invités à visiter les réalisations du CIF à Luanda, Angola II. Contexte angolais : La guerre civile a détruit la plupart des infrastructures du pays.

Une fois la paix revenue, il y a eu un besoin urgent de créer des infrastructures de base tels que les routes, les logements, les aéroports… Ceci a justifié l’intervention du secteur privé national et étranger dans ce travail de reconstruction. En 2003, le président angolais a décidé d’inviter M. Sam Xu à venir investir en Angola. Ce dernier amena sa société CIF qui commença à développer des projets dans les secteurs de l’immobilier, du transport, de l’industrie (Investissement dans une cimenterie, par exemple). A ce titre, nous avons visité les 3 principaux projets en cours d’exécution 1. Dans le secteur immobilier, un investissement de 30 millions de dollars $ sur un terrain de 695 ha a été consenti afin de loger 21000 personnes. Ce projet inclut des installations sociales complètes (écoles, centres éducatifs et sportifs, centres de santé ainsi que centres commerciaux).

Nous avons également visité la cimenterie en cours de construction qui pourra produire jusqu’à 10.000 tonnes/jour et qui totalise 2400 employés. Cette cimenterie est à la base des projets immobiliers et d’infrastructures. 2. En troisième partie, nous avons visité une usine de montage de bus et véhicules 4X4 destinés au marché local et régional. Les véhicules sont montés sous licence NISSAN. Les bus ont des capacités de 40 places et les minibus de 19 places. Les véhicules 4X4 sont des station-wagon et pick-up. Le prix unitaire d’un bus de 40 places est de 90.000$ (environ 45 millions de FCFA) et celui d’un minibus de 19 places de 36000$ (environ 18 millions). Les 4X4 quant à eux varient entre 25000$ et 44000$ (entre 12,5 millions et 22 millions de FCFA). Le siège de la société CIF est situé dans un immeuble de 25 étages appelé «Luanda One» au centre-ville». Après leur séjour à Luanda, les trois ministres tirent une conclusion prudente :

«A priorinous pensons qu’il [le CIF] a une bonne fiabilité mais il va rester des analyses de projets et leurs études économiques ». Alors que ses farouches adversaires ont été écartés de la junte lors de la purge d’octobre 2010, le CIF ne réussira finalement pas son atterrissage au Niger. La ligne de ceux qui prônaient la prudence et appelaient à laisser les futures autorités élues engager un tel projet l’a donc paradoxalement emporté. Pourquoi ? C’est l’un des mystères de la transition.

(Source : Aernusa)

 Commentaires