Le président du MODEN FA Lumana, principal parti de l’opposition nigérienne, Hama Amadou, officiellement en exil à Paris en France, a été aperçu le mardi 4 juin dernier dans une mosquée de Cotonou au Bénin, participant à la prière de la fête de ramadan. Les Photos et les vidéos de cette présence ont été largement diffusées sur les réseaux sociaux. Une énième présence aux portes de son pays transformé par son « exil forcé » en une forteresse imprenable !
Avant cette « apparition » de Cotonou, « le chef de file de l’opposition » avait réussi l’exploit médiatique et politique de présider en grande pompe, une rencontre des militants de la diaspora de son parti à Accra au Ghana. Un succès que les autorités de Niamey auraient bien voulu snober, à comprendre la visite expresse de l’émissaire du président ghanéen dépêché au Niger au même moment pour des « explications ». Aussi, ces derniers temps, ses partisans signalent régulièrement sa présence à Lomé, Abidjan, Dakar, Abuja et particulièrement au Benin de Patrice Talon où il semble avoir trouvé un terreau favorable !
A moins de deux ans des prochaines échéances électorales, Hama Amadou sent plus que jamais la nécessité d’être à côté de sa base. Il sait mieux que quiconque qu’il ya urgence en la matière. Outre les défections de certains « grands militants », les querelles de clergés entre « les clans Méréda et Soumana Sanda », s’ajoute une totale incapacité pour « ses héritiers » à produire un discours nouveau, capable de supplanter « la Renaissance » et déclencher l’alternance. Il doit sans doute être davantage préoccupé par la santé de son parti dont le leadership politique et intellectuel est aujourd’hui usurpé par des « bloggeurs ».
Frappé d’une « interdiction de rentrer » depuis sa « fuite », l’opposant nigérien est contraint de « raser les murs » où de caboter loin des frontières de son pays. De l’avis de tous les observateurs, en multipliant les apparitions dans les capitales voisines de Niamey, c’est une véritable stratégie d’état de siège que tente de mettre en place « le stratège politique » pour, non seulement « faire peur aux guristes » d’en face, mais surtout, tenter de reprendre la main sur un parti longtemps resté « orphelin ».
… Devant des portes closes !
Mais les choses ne seront pas aussi simples pour Hama Amadou. Mis à part les problèmes de logistique qu’implique cette « stratégie de harcèlement » de la part d’un opposant en cavale, il doit surtout faire face à la grande influence du président Issoufou Mahamadou et de sa diplomatie dans la sous région ouest-africaine. Le président nigérien qui, selon tous les analystes, a réussi à verrouiller les « portes » les plus proches, en cultivant un axe Bamako-Niamey-Ouagadougou très « solidaire ». Or c’est à partir de ces villes que l’opposant pouvait idéalement organiser des évènements capables de provoquer quelques secousses à Niamey.
Sa marge de manœuvre est ainsi considérablement réduite. Il est particulièrement privé de plateformes plus propices, en raison particulièrement des rapports étroits que le Président Issoufou entretient avec ses homologues Ibrahim Boubacar Keita du Mali, Rock MC Kaboré du Burkina Faso, par extension avec Mahamadou Buhari du Nigéria, Mohamed Ould Abdoul Aziz de Mauritanie, Alpha Condé de Guinée, Idriss Déby du Tchad, pour ne citer que ceux-là.
En revanche Hama Amadou peut se consoler de la « clémence » de Patrice Talon du Benin, Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire et même Macky Sall du Sénégal, tous à des degrés divers, entretenant « un contentieux » avec le Président nigérien.
Portes closes ou pas, pressé par le temps et l’Histoire, Hama Amadou semble désormais prêt à utiliser la moindre fenêtre qui s’offrira à lui pour faire « une apparition », convaincu qu’à chaque fois, des « guristes apeurés » manqueront le sommeil à Niamey.