La ceinture verte de Niamey conçue pour servir de poumon de la capitale et de rempart vert contre les intempéries donne l’image d’une décharge publique ‘’sauvage’’ et de squats de tous genres.
Les derniers arrivant, les garages et autres ateliers de casse de véhicules et motos ‘’déguerpis’’ ces derniers mois sur les voies publiques sont venus grossir le rang des occupants spontanés de cet espace vert qui ceinture Niamey sur une bande de près de 25 km sur un km de large.
Cohortes de véhicules de toute marque, pétarades de moteurs, bruits de dépiéçage des carcasses de véhicules … donnent aux lieux l’air d’un chapelet d’ateliers à ciel ouvert qui contraste avec le vert dominant du milieu.
« Où voulez vous qu’on aille ? » , S’exclame Hamza un garagiste quelque peu excédé. « Nous sommes installés trois ans ici ; les clients ont pris l’habitude de nous trouver sur cet emplacement, poursuit-t-il. C’est pourquoi nous n’avons fait que reculer », explique t-il. Hamza fait partie de ces nombreux opérateurs chassés du boulevard Tanimoune qui ont élu domicile à la ceinture verte.
« Tous les garagistes et ferrailleurs que vous voyez installés sur le périmètre de la ceinture sont en règle vis-à-vis de l’administration fiscale. », renchérit Kimba, occupé à découper une carcasse de véhicule qu’il entrepose dans la remorque d’un camion garé a quelques encablures de cases en tôle.
« La ceinture verte est à refaire pour la ville de Niamey, car après son morcellement ces dernières années par les différents maires et le gouvernement qui déclare d’utilité publique des pans entiers de cette ceinture dans quelques années elle disparaitra d’elle-même’’, suggère Issa, un client venu chercher une pièce pour son véhicule endommagé dans un accident de circulation.
Depuis plusieurs années, ce massif boisé paie les frais du gonflement de la population urbaine avec la naissance des quartiers spontanés tels que ‘’Golfe’’, des morcellements par les pouvoirs publics (camps des forces de défenses et de sécurités, parcelles contre arriérés de salaires, parc de l’amitié Niger-Turquie, cité des députés).
Ces dernières années des lotisseurs privés ont jeté leur dévolu sur ce mur vert, une quinzaine de lotissements ont été réalisés en violation des normes, ce qui a amené le gouvernement à annuler ces opérations pour les conformer aux exigences de l’urbanisme.
Sous les effets des ‘’occupations’’, des coupes de bois verts, des incendies et des déversements des déchets solides et liquides, cet espace boisé de quelque 2300 ha se réduit comme une peau de chagrin. Les autorités ont pris plusieurs mesures et initiatives – forum, textes, opérations déguerpissement- mais ces actions tardent à produire leur effet.
La ceinture verte de Niamey avait bénéficié entre 1964 et 1994 des investissements de plus de 44 milliards de FCFA avec pour objectif de promouvoir le reboisement urbain et protéger la ville contre les intempéries du changement climatique, selon ses concepteurs.