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Le Niger accueille des milliers de réfugies ayant fui des violences extrêmes

Publié le vendredi 21 juin 2019  |  Médecins sans Frontières
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© Autre presse par DR
Médecins sans frontières (MSF)
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Aujourd’hui, 20 juin, c’est la Journée mondiale des réfugiés. Parmi ses activités médicales humanitaires au Niger, Médecins sans Frontières (MSF) fournit une assistance aux réfugiés, déplacés internes, retournés et communautés hôtes dans les régions de Diffa, Tillabéry et Agadez. Les équipes de l’organisation sont aussi toujours prêtes à soutenir davantage les populations et autorités, en intervenant lors d’urgences telles que l’afflux récent d’arrivées à la région de Maradi.

“Si tu opposes la moindre résistance, ou même si tu parles, ils te tuent”. C’est ainsi qu’un réfugié décrit les récentes attaques d’hommes armés dans sa ville au Nigéria. Des exactions incluant meurtres, torture, vols et kidnappings ont fortement augmenté dans les états de Sokoto et Zamfara, forçant en mai environ 20 000 personnes à fuir vers la région de Maradi dans le sud du Niger. Les communautés locales qui les accueillent là-bas partagent l’espace et les ressources disponibles avec les nouveaux venus, malgré des conditions de vie qui sont parfois très précaires.

MSF continue d’intervenir auprès des populations locales et déplacées au Niger

Selon les Nations Unies, le Niger compte présentement environ 200 000 réfugiés, dont la majorité viennent du Nigéria, et presque autant de déplacés internes et retournés. En outre, le pays a assuré la sécurité de plus de 2 700 réfugiés évacués de Libye et attendant à Niamey d'être réinstallés dans des pays tiers. «Lorsque les gouvernements des pays les plus riches préfèrent refouler les réfugiés et les repousser vers le danger, nous voyons ici des communautés déjà démunies accueillant en l’espace de quelques semaines 20 000 personnes en quête de sécurité. Mais les conditions sont très précaires, et l'afflux actuel de réfugiés pèse lourdement sur les ressources et les services locaux », déclare Abdoul-Aziz O. Mohamed, Chef de Mission de Médecins sans Frontières (MSF) au Niger.

Guidé par l’éthique médicale et les principes de neutralité et impartialité, MSF vise à sauver des vies et alléger la souffrance de ceux qui sont dans le besoin – y compris des personnes en mouvement. Compte tenu des impacts des violences dans la zone du Lac Tchad, avec 250 000 réfugiés, déplacés internes et retournées, nos équipes soutiennent présentement 3 hôpitaux (à Diffa, Maïné Soroa et Nguigmi), ainsi que plusieurs établissements de santé. Dans le Liptako-Gurma, l’organisation appuie de nombreux centres et cases de santé à Tillabéry, où il y a 70 000 déracinées à cause de l’insécurité. Plus au nord, à Agadez, nous offrons une assistance médicale humanitaire aux migrants, demandeurs d’asile et réfugiés en collaboration avec les autorités sanitaires et d’autres acteurs.

Des réfugiés nigérians fuyant des actes de banditisme de plus en plus brutaux dans leurs villages

A Maradi, MSF gère un projet pédiatrique depuis 2015, mais suite à l’afflux des réfugiés en mai les équipes sont allées évaluer la situation au département de Guidan-Roumdji, où le nombre de nouveaux venus dépasse même la population locale dans certaines localités : selon les autorités locales, quelque 300 foyers hébergent plus de 450 familles de réfugiés dans la zone de Tankama (autour de 2 500 réfugiés à la fin du mois de mai), et environ 4 500 réfugiés sont arrivés à Bassira, une ville de moins de 3 000 habitants.

Depuis l’an dernier, la situation sécuritaire dans les états de Zamfara et Sokoto au Nigeria n’a cessé de se détériorer, provoquant régulièrement des mouvements de population vers le Niger voisin. Alors que les états de Borno et Yobe sont toujours plongés dans le conflit régional entre groupes armés et forces étatiques, cette violence semble ici provenir d’actes de banditisme de plus en plus brutaux et fréquents. Elle a atteint un niveau critique le mois dernier, particulièrement dans l’état de Sokoto, poussant des milliers de personnes à fuir, dont 20 000 vers Guidan-Roumdji au Niger. Selon l’ONU, plus de 25 localités de Sokoto ont été entièrement vidées de leurs habitants.

Un homme originaire de Guétcé (Sokoto) et actuellement réfugié au Niger raconte sa fuite: “Nous avons fui parce que des hommes armés sont venus dans les villages. Ils portent des cagoules, volent du bétail et demandent de l’argent à tout le monde. Si vous n’en n’avez pas, ils vous demandent qui en a. Des villages proches du nôtre ont été attaqués par ces hommes. A Kassali, ils se sont retrouvés face à des chasseurs locaux. Mais ils ont quand même tué 14 villageois et ont pu en enlever d’autres. Après avoir quitté le village, au moment de la prière du soir/Maghreb, on a commencé à évacuer les blessés vers Bourkoussama. Ils étaient blessés par balles. Un de mes amis est venu me chercher en mobylette pour m’emmener vers Garin Maza. On a passé la nuit dans la brousse avec les bœufs d’un de nos parents. Dans l’obscurité, on pouvait voir les bandits patrouiller dans la zone”.

Des besoins multiples dans les villages accueillant les réfugiés à Guidan-Roumdji

L’évaluation de MSF à Guidan-Roumdji a été accompagnée d’une donation. «Outre les différentes visites et réunions, nous avons également apporté un soutien immédiat aux structures de santé, certaines risquant d'être rapidement dépassées par le nombre de patients nécessitant un traitement», explique Dr A. M. Abdoul-Rachid. MSF a donné des médicaments et de l’équipement pour traiter des patients contre des maladies courantes telles que la diarrhée et le paludisme.

Les admissions dans les centres de nutrition thérapeutique sont pour le moment stables, mais cette tendance devrait changer avec le pic saisonnier de malnutrition et de paludisme frappant généralement la région de juillet à octobre. Autre facteur inquiétant, la grande majorité des enfants réfugiés n’aurait jamais reçu de vaccin de leur vie. «Du point de vue sanitaire, la situation est fragile. Grâce à notre programme pédiatrique actuel, en collaboration avec le ministère de la Santé de Maradi, dans la région de Madarounfa, nous continuerons de suivre de près l'évolution de la situation à Guidan-Roumdji et restons prêts à intervenir davantage », ajoute le Dr A. M. Abdoul-Rachid. Les infrastructures locales n'étant pas conçues pour une population aussi nombreuse, ce ne sont pas seulement des soins médicaux qui sont nécessaires, mais également des abris, un assainissement adéquat et un meilleur accès à la nourriture et à l'eau potable, entre autres services essentiels.
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