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Zone africaine de libre-échange : des promesses qui restent à confirmer

Publié le mercredi 26 juin 2019  |  lesechos.fr
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© Autre presse par DR
Des centaines de camions bloqués au Bénin suite à l`effondrement du pont reliant le Bénin au Niger
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Une fois en place, l'accord de libre-échange africain doit booster les économies des pays membres de 1 % à 3 %. A condition, toutefois, que certains points soient scrupuleusement respectés, dont les règles d'origine. Elles font toujours l'objet de discussions.

Entrée en vigueur en mai, la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) doit être officiellement lancée le 7 juillet par l'Union africaine lors de son sommet à Niamey (Niger). Ce projet n'est plus, à proprement parler, une coquille vide. Depuis sa création en 2018 autour de 44 pays fondateurs, le concept a évolué, et cinq pays dont l'Afrique du Sud ont rejoint le noyau fondateur. Manque encore le Nigeria qui, pourtant, participe aux discussions mais demande du temps avant d'ouvrir son marché.

La ZLECAf aujourd'hui, c'est un peu une maison avec les murs extérieurs mais sans les cloisons ni la décoration intérieure. Il reste, en effet, de nombreux points à négocier pour lui permettre de jouer son rôle de stimulateur des économies.

Coup de fouet au commerce intrarégional

A ce jour, moins de la moitié des pays fondateurs ont ratifié l'accord. Il restera ensuite à s'accorder sur le calendrier des abaissements des droits de douane. « Si l'accord est pleinement mis en oeuvre, le PIB de la plupart des pays africains pourrait augmenter de 1 % à 3 %, une fois tous les droits de douane supprimés », estime la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), qui consacre un rapport à cette zone de libre-échange. Les promesses sont nombreuses, encore faut-il pouvoir les tenir. L'entrée en vigueur de cet espace devrait ainsi donner un sérieux coup de fouet « au commerce intra-africain dont la progression devrait atteindre 33 % après la suppression totale des droits de douane », souligne le rapport.

En matière de commerce intrarégional, l'Afrique a une réelle marge de progression. En dépit de l'existence de huit communautés économiques régionales , le commerce à l'intérieur du continent est évalué à 15 % du total des flux, contre 67 % en Europe et 61 % en Asie. Traditionnellement, les pays africains exportent, souvent des matières premières brutes, vers d'autres continents plutôt que vers des destinations voisines. Il s'agit à présent de changer l'orientation des flux.

Favoriser l'industrialisation de l'Afrique

La Cnuced voit dans l'essor du commerce intracontinental un double avantage, celui d'attirer les investisseurs étrangers et de créer des débouchés qui favoriseront l'industrialisation de l'Afrique par l'accroissement des chaînes de valeur régionale . C'est presque un changement d'échelle. Jusque-là, l'essor du commerce intra-africain a été entravé par des réglementations plus ou moins restrictives d'un pays à l'autre ou par des capacités de production limitées.

Risques réels

Ce résultat ne peut être atteint, insiste le rapport, qu'en respectant les règles d'origine, un point qui est toujours en négociation. Celles-ci constituent une sorte de passeport autorisant les marchandises dont l'origine géographique est connue, à circuler en bénéficiant de droits de douane préférentiels. L'idée est simple, il s'agit d'éviter que des produits extérieurs à la ZLECAf ne viennent s'agréger à d'autres, locaux, et bénéficient ainsi de droits préférentiels.

Si les retombées à terme sont nettes avec une machine bien huilée, les risques en cas de règles mal conçues sont réels : cela pourrait conduire à une situation où il est plus simple et moins coûteux de privilégier le commerce avec des entreprises extra-continentales plutôt qu'avec des structures africaines. Dans ce cas, la ZLECAf aurait manqué sa cible.

Michel De Grandi
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