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Lettre citoyenne ouverte aux Chefs d’Etat et de Gouvernement de participant au Sommet de Niamey sur la ZLECAf

Publié le mercredi 10 juillet 2019  |  actuniger
32ème
© Autre presse par DR
32ème Session Ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat de l’UA Le Président de la République Issoufou Mahamadou présente son rapport sur le processus de la ZLECAf…
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Excellences, Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,

Je suis très heureux, en tant que citoyen, de pouvoir vous accueillir dans notre capitale pour le Sommet de l’Union Africaine relatif au lancement de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAf).

Je tiens surtout à vous exprimer la reconnaissance de mes compatriotes pour avoir accepté de faire le déplacement sur Niamey en dépit du contexte de sécurité qui est malheureusement loin d’être une vue de l’esprit au vu des différents évènements dramatiques qui se sont succédés ces derniers mois, jusqu’aux portes de notre capitale, faisant des dizaines de morts et de blessés, à la plus grande désolation de nos vaillantes populations. J’ai pris la décision de m’adresser à vos Excellences, en m’inspirant de l’éminent Albert Einstein qui a dit que « Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent et laissent faire ». J’ai également appris auprès de notre cher Président que j’ai connu depuis près d’un demi-siècle et que j’ai accompagné volontairement dans ses premiers pas en tant qu’Homme d’Etat, qu’il ne faut jamais cesser de se battre et ne jamais baisser les bras.

Comme vous le savez, notre peuple traverse ces dernières années des moments très difficiles, mais étant profondément croyant, il accepte ces épreuves, à lui imposées par Le Tout Puissant. Cependant, le drame qu’il vit, réside dans le fait que ce peuple, dans son immense majorité a le sentiment que les autorités actuelles, à qui il a confié son sort, ne semblent pas prendre l’exacte mesure du drame qu’il vit au quotidien. Ce qui, j’en conviens, n’est pas nouveau en matière de gouvernance. Pour preuve, malgré notre situation d’insécurité et de sous-développement humain, dont vous êtes sûrement informés, notre Président a pu déclarer dans une interview exclusive accordée à notre télévision nationale au mois d’avril dernier, à l'occasion du huitième anniversaire de son accession à la magistrature suprême : « Durant ces huit ans, nous avons mobilisé et dépensé 10.000 milliards de Francs CFA (15 milliards d’euros). On a dépensé ces ressources pour assurer notre sécurité, consolider les institutions démocratiques et républicaines et réaliser des infrastructures routières, énergétiques, hydrauliques, de communication, etc. Ces ressources ont été aussi dépensées pour réussir l'Initiative 3N (les Nigériens Nourrissent les Nigériens) ; promouvoir l'éducation, la santé, l'accès à l'eau potable pour les populations, et créer des emplois pour les jeunes.… Quand on fait le bilan des infrastructures réalisées entre 2011 et 2018, on se rend compte qu'on a réalisé autant que ce qui a été fait dans ce pays en 50 ans, soit de 1960 à 2010…».

Nombre de Nigériens lui répond que si réellement ces 10.000 milliards de nos francs (20 milliards de dollars US) ont été investis pour faire son bonheur, il est probable qu’ils ne l’aient pas été judicieusement du fait que notre pays est depuis six (6) ans classé dernier dans l’Indice de Développement Humain (IDH).

Pour ceux d’entre vous qui aviez séjourné par le passé dans notre capitale, il est probable que vous ayez constaté que son aspect a quelque peu changé sur les grands axes menant à son centre, ce qui pour nos autorités doit suffire à notre bonheur. Même s’il faut réjouir de cette mutation positive de notre ville, je suis en droit de me demander si les priorités de nos populations confrontées à la faim, la soif, l’analphabétisme et les maladies, ne sont pas ailleurs.

Je suis certain de ne pas vous livrer un secret si je vous révèle que nos autorités doivent encore régulièrement tendre la main à la communauté internationale au gré des aléas de la pluviométrie, 59 ans après l’indépendance de notre pays, pour assurer la pitance quotidienne à nos populations les plus vulnérables. Ceci est évidemment loin de faire notre fierté, d’autant plus que, comme vous le savez, depuis 2012, du fait de la vision des prédécesseurs de notre cher Président, nous tirons de substantiels revenus provenant de nos ressources pétrolières, qui auraient pu nous mette à l’abri de cette descente aux enfers. Vous savez également que nos systèmes d’éducation et de santé en crise, sont à la base du très mauvais classement de notre pays à l’Indice de Développement Humain (IDH) du Programme des Nations Unies pour le Développement -PNUD (le Niger a occupé le dernier rang de 2013 à 2018).

Etant convaincu de votre profond attachement à notre bonheur à tous, qui est la finalité de tout processus de développement, nous avons pensé pouvoir solliciter votre expertise pour sensibiliser nos autorités sur la nécessité de réorienter les dépenses publique en vue de la réalisation efficace de notre bien-être comme elles s’y étaient engagées. Dans notre tradition de gouvernance, qui ne devrait pas être très différente de la vôtre, il est généralement admis « qu’il n’a jamais existé de mauvais chefs, mais plutôt de mauvais conseillers », et c’est pourquoi nous sollicitons votre précieuse aide pour aider notre Président à réussir son pari du développement de notre pays.

Je suis convaincu que notre Président, affecté au plus haut point par notre mauvais classement régulier à l’IDH, et très attaché à réussir son passage de témoin à la tête de l’Etat, prêtera une oreille plus qu’attentive à vos suggestions puisqu’il pourrait avoir été victime du système de gouvernance qu’il a mis en place.

En espérant que vous passerez un agréable séjour dans notre sympathique capitale, veuillez agréer, Excellences, Messieurs les Chefs de d’Etat et de Gouvernement, l’expression de ma très haute considération.

Niamey, le 07 juillet 2019

Djibrilla Mainassara Baré

Citoyen Nigérien
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