En octobre 2014, il fut annoncé que la force Barkhane allait établir une base avancée dans le nord du Niger, précisément à Madama, afin de perturber les flux logistiques des groupes jihadistes entre le sud libyen et le nord du Mali. Et une piste d’aviation, longue de 1.800 mètres, fut réhabilitée pour l’occasion.
Un peu moins de cinq ans plus tard, cette base avancée va être « mise en sommeil », dans le cadre d’une réorientation des efforts de la force Barkhane, d’après les explications données ce 9 juillet par le général Patrik Steiger, le porte-parole de l’État-major des armées [EMA].
« La mise en sommeil de la base de Madama entre dans le cadre de la concentration des efforts dans le Liptako Gourma [centre du Mali] », a en effet affirmé le général Steiger. « Le dernier convoi est parti [de Madama] hier ou avant-hier. Ce n’est pas une fermeture, cela permet de conserver une capacité de remontée en puissance, d’intervention si nécessaire », a-t-il ajouté.
« La base n’est pas abandonnée, il y a une garnison nigérienne qui n’est pas loin. Les équipements les plus sensibles nécessitant un entretien régulier ont été rapatriés par différents convois », a encore insisté le porte-parole de l’EMA.
Dans le même temps, la mise en sommeil de la base de Madama va permettre de redéployer des moyens sur celle de Gossi qui, située dans la région du Gourma malien, fait l’objet de travaux de réhabilitation pour lui permettre d’accueillir 300 militaires français.
Cette dernière va permettre « de marquer l’implantation de Barkhane […] et de pouvoir lancer des opérations durables dans cette zone », a souligné le général Steiger. Et pour cela, a-t-il expliqué, « il a été jugé nécessaire de récupérer les moyens disponibles à Madama pour pouvoir les engager plus au sud, dans le Liptako Gourma. »
En clair, les moyens de Barkhane ne lui permettent pas d’être à la fois à Madama et à Gossi… Et puis grâce à l’Armée nationale libyenne [ANL] du maréchal Haftar, le sud de la Libye est plus sûr que par le passé.
À ce sujet, le général Frédéric Blachon, le commandant de la Force Barkhane, avait donné les raisons de l’intérêt de la base de Gossi, autrefois occupée par les Casques bleus de la MINUSMA. « Nous avons choisi de nous étendre dans le Gourma, une zone contigüe, qui, comme le Liptako, est une zone frontière. […] Ces zones frontalières sont les endroits les plus recherchés par les terroristes pour trouver refuge et mener leurs actions », avait-il confié dans un entretien à l’AFP.
En effet, Gossi, ville de 45.000 habitants située sur l’axe Bamako-Gao, est un important carrefour économique au Mali. Et par conséquent, un noeud de ravitaillement pour les groupes jihadistes.