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Mise en œuvre de l’approche communautaire appuyée par l’UNICEF et l’Etat pour mettre fin au mariage d’enfants dans la Région de Zinder : Plus de 70 cas de mariage d’enfants retardés en 4 ans

Publié le jeudi 11 juillet 2019  |  Le Sahel
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Des journalistes des médias nationaux ont effectué du 28 juin au 3 juillet 2019 un déplacement dans la Région de Zinder dans le cadre de l’initiative « Approche communautaire pour la protection de l’enfant », relativement à son volet « mettre fin au mariage d’enfants ». Cette mission conjointement organisée par le Ministère de la Communication et l’UNICEF-Niger a pour objectif de constater les réalités sur le terrain et remonter la voix des communautés, des enfants et des intervenants sur le terrain en réponse au phénomène du mariage des enfants dans cette Région.

Pendant son séjour, la mission a visité plusieurs localités et s’est entretenue avec beaucoup d’acteurs : le Sultan de Zinder, Son Altesse Aboubacar Oumarou Sanda ; le Juge des Mineurs M. Mamane Abdourahamene, le Directeur Régional de la protection de l’enfant par intérim, M. Moustapha Moussa, plusieurs chefs de villages, des imams, des victimes et leurs parents ainsi que les membres des comités villageois et communaux de protection de l’enfant. A toutes les étapes de cette sortie, les journalistes ont recueilli les avis des certains acteurs sur le phénomène et se sont entretenus avec les victimes surtout les filles et leur parents.

Ainsi du village de Dan Fountouwa, au village de Artey Bougajé en passant par la commune rurale de Dogo, les villages de Ba-banbaki et de Ragué Gaya, ainsi qu’à Zinder ville, les journalistes ont rencontré les différents acteurs intervenant dans ce processus. Ils ont ainsi constaté le changement positif qui s’opère au sein de ces communautés, qui se félicitent d’ailleurs du résultat obtenu, tout en encourageant et plaidant auprès des partenaires pour la poursuite de ces efforts. En effet, grâce aux actions communautaires initiées, la population comprend de plus en plus tous les risques auxquels sont exposées les filles mariées avant l’âge.

« Les formations que nous faisons sous le hangar nous ont été très utiles. Elles nous ont permis de comprendre le danger lié au mariage des enfants. Le mariage d’enfant a des conséquences négatives pour les filles. Il compromet leur avenir notamment sur le plan de la santé, avec des risques de fistules obstétricales et autres complications du fait de leur jeune âge et le risque de décès à l’accouchement. Quand cela arrive la famille de la fille dépense énormément d’argent pour soigner la fille. La fille est laissée à son sort et à celui de ses parents par le mari », témoigne le chef du village de Artey Bougajé, Elhadji Ali Ousmane.

Dans un entretien qu’il a accordé aux journalistes sur le rôle des autorités coutumières, le Sultan de Zinder, Son Altesse Aboubacar Oumarou Sanda, a souligné que le mariage d’enfants est un danger pour la société et les enfants eux-mêmes, surtout les jeunes filles. « Quand une fille est mariée précocement, elle est privée de certains de ses droits, notamment, son droit à l’éducation, à la protection, à la santé et même celui à la liberté, parce que dans la plus part des cas, ces mariages sont arrangés entre les parents sans le consentement des filles», a-t-il déclaré. Le Sultan de Zinder a rendu un grand hommage à l’UNICEF et au Gouvernement pour toutes les actions menées dans le cadre de la lutte contre ce phénomène. «De notre côté, les chefs traditionnels, c’est-à-dire le Sultan, les chefs de cantons, les chefs de villages et les leaders religieux, nous sommes tous engagés dans ce combat. Notre ambition, c’est de garantir aux enfants leurs droits. Dieu merci, la population a compris et collabore bien», a ajouté Son Altesse Aboubacar Oumarou Sanda.

C’est pour lutter contre toutes ces pratiques néfastes et garantir le droit des enfants que les comités villageois et communaux ont été installés. «Notre travail, c’est de sensibiliser la population sur les conséquences et les risques du mariage d’enfants. Nous faisons du porte à porte pour sensibiliser les parents. Aussi, nous avons des espaces où les filles, les femmes et les hommes suivent des séances de sensibilisation sur toutes les questions liées à la protection de l’enfant dont le mariage. Vraiment cette initiative a porté son fruit au sein de notre communauté. L’un des aspects de notre mission, c’est de recevoir des plaintes sur les cas de mariages d’enfants ou du travail d’enfants, et d’engager des démarches auprès des parents en vue de trouver une solution au problème. Ces deux dernières années nous avons enregistré deux cas de mariage d’enfants qui ont été annulés et retardés, dans le village de Dan Fountouwa», a expliqué M. Maman Moutari Moussa, Secrétaire général du Comité communal de protection d’enfant de Dogo.

Plusieurs filles qui ont échappé aux mariages d’enfants, ont également témoigné. Toutes les six (6) filles qui ont témoigné, ont entre 12 et 15 ans. Parmi elle, les cinq (5) étaient à l’école quand cela leur est arrivé. Elles ont toutes témoigné que c’est grâce aux séances qu’elles suivent au niveau des espaces de causerie dédiés aux jeunes et enfants, communément appelé «Zaouré» en haoussa, qu’elles ont appris toutes les informations sur les conséquences liées aux mariages des petites filles de leurs âges. Si certaines filles ont elles-mêmes dénoncé la situation, pour les autres c’est l’un ou l’autre parent qui s’est opposé au mariage. «Au Total, la Direction régionale de la protection de l’enfant de Zinder a enregistré, en quatre années de mise en œuvre de ce programme, 70 cas de mariages retardés », a souligné M. Moustapha Moussa Directeur par intérim.

Le Juge de Mineurs, M. Mamane Abdourahamene a quant à lui, relevé que l’un des problèmes et les défis auxquels les acteurs et les familles font face, c’est le retour de ces filles à l’école ou leur insertion et initiation à un métier ou à des activités génératrices de revenus. C’est pourquoi, les différents acteurs plaident avec force pour la mobilisation des autres partenaires pour appuyer les initiatives en cours.



Ali Maman, envoyé spécial
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