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Tribune pour des élections présidentielles idéelles au Niger

Publié le samedi 20 juillet 2019  |  Actu Niger
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© Autre presse par DR
Tribune pour des élections présidentielles idéelles au Niger
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La date des élections présidentielles au Niger, fatidique, approche. Le peuple s'interroge : « Pour qui voter ? ». Il y a aussi ceux qui sont découragés, déçus. À ceux-là, il faudrait dire que tout est susceptible d’amélioration, surtout en démocratie. Il suffit de changer, de révolutionne même, les choses (I) par des moyens très simples et possibles (II).

La nécessité du changement
Elle impose d'abord un constat (A), puis une énumération non exhaustive de raisons d'évoluer (B).

Le constat
Dans le monde entier, et sous nos latitudes en particulier, la politique est décriée, ses hommes vilipendés, accusés de former un « bal d'opportunistes », « une coterie, peu soucieuse du pays ». L'idée est enracinée, l'opinion est répandue : « les hommes politiques ne tiennent point leur promesses », « ils n'ont pas d'idées » ou encore « ils sont soumis à des puissances extérieures, au détriment du peuple ». L'adage dit qu' « il n y a pas de fumée, sans feu ». Si la politique fait l'objet de défiance et ses acteurs de méfiance, c'est qu'il existe des raisons, à tout le moins, objectives, à cela.

La pratique politique au Niger révèle, à tout observateur attentif, que nombre de candidats, (plus largement, de partis politiques) ne compétissent pas avec des programmes, à l'appui de leur candidature. Ainsi, dès la base, l'engagement est effectif, mais pas clair, le contenu n'ayant pas été proposé, encore moins précisé. Cette situation se solde à une improvisation dans la gouvernance. Alors même que « gouverner, c'est prévoir », comme on le dit. En d’autres cas, les candidats trouvent le mérite de concevoir des programmes politiques, mais sans pour autant y inclure des points sensibles, qu'ils font découvrir au peuple, seulement après les élections. Dans les deux cas, il y a vice. Le second nous est illustré par la loi de finances 2018. Si l'actuel Président de le République a été élu sur la base d'un projet, faut-il rappeler que la loi de finances 2018 ne figurait pas clairement dans son programme ? Autrement, elle n'aurait pas donné lieu à toutes les polémiques, toutes les manifestations, les arrestations, les condamnations judiciaires dont l'opinion nationale et internationale furent tristement témoins. Jamais texte ne fut aussi controversé et clivant ! L'on garde en mémoire, que, lors d'une visite à son homologue Français, le Chef de l'État fut incommodé, excédé même, par une question de journaliste relative à l'arrestation des acteurs de la société civile qui dénonçaient « le caractère anti social et impopulaire de la loi de finances 2018 », pour reprendre leur formule. Tout ceci aurait pu être évité, si le Chef de l'Etat, alors candidat à sa propre succession, avait eu la diligence d'annoncer la couleur, d'informer clairement son électorat qu'une fois élu, une telle loi serait adoptée. On est tenté de dire qu'en politique, on ne peut tout prévoir. Mais, les lois de finances, par définition, obéissent au principe de prévision.

Le but de la présente réflexion n'est pas de dénigrer, de dresser un réquisitoire contre qui que ce fût. Il y a seulement que l'auteur cite çà et là des exemples pour corroborer ses dires. Le but n'est pas non plus de ressasser, mais d'autopsier le passé, afin d'y découvrir les manquements et y remédier.

Eu égard à tout ce qui vient d'être dit, le lecteur (se) demandera sûrement « que faire alors ? Comment y remédier ? ». Avant de lui répondre, il faudrait lui dire les raisons d'y remédier, de nature à ce qu'il jugeât de l'utilité et de la pertinence des moyens.

Les raisons d'y remédier
Les années à venir seront décisives pour notre pays. La montée du populisme et de l'extrême droite, en Europe, aux États-Unis et presque partout dans le monde, sonneront bientôt le glas de la diplomatie bienveillante, mielleuse et généreuse, observée jusque- là, par ces nations, à l'égard des nôtres, constamment en quête d'aide financière pour faire face à ceux-ci, ou à cela. Dans un avenir très proche, les États, économiquement puissants, adopteront une politique internationale fondée sur l'exigence de compte et de résultats, à l'endroit de nos États. Se peut-il aussi que, tout simplement, les pays du Nord cessassent de nous venir financièrement en aide, pour mieux faire face aux défis qui sont les leurs. C'est prévisible ! Vraiment prévisible ! Le défi démographique et sécuritaire, dans le contexte mondial actuel, marqué par les violences terroristes, le chômage des jeunes, l'émigration de nos concitoyens, sont autant de défis que notre Nation devra relever, conformément à un agenda proposé au peuple, et validé par celui-ci. « La gouvernance ne s'improvise pas ! ». Nous, peuples d'Afrique, Nous peuple nigérien, en particulier, gagnerons beaucoup à élire des gouvernants, sur la base de ceux qu'ils auront clairement et préalablement promis, et que nous aurons accepté, dans notre majorité. Dans le cas contraire, tout droit de contestation nous serait dénié, à juste titre.

Ainsi, après le constat et la mise en évidence de ses éventuelles conséquences, il impose d'anticiper celles-ci. Quel est le modus operandi ?

Les moyens du changement
Dans l'indispensable changement qu'il faudra, le rôle des médias (A) et celui du parlement (B) vont de pair.

L'indispensable recours aux médias
De tout temps, et en tout lieu, le rôle des médias, dans l'ancrage et la consolidation de la démocratie, a été nécessaire, salutaire même ; indispensable, on peut le dire. Certains journalistes, convaincus du bien fondé de leurs actions, n'ont point hésité à se mettre dans des conditions périlleuses afin que la démocratie, la Justice et l'État de Droit triomphent toujours. Beaucoup y ont laissé leurs vies, malheureusement. Alors, une fois de plus, les journalistes, parce qu'ils n'exercent aucun pouvoir régalien, politique ou constitutionnel, parce qu’ils sont présumés n’appartenir à aucune formation politique, seront sollicités. Il appartiendra à ceux-ci, dans le cadre du Conseil Supérieur de la Communication, de mener une réflexion afin de mettre en place un système de débat(s) télévisé(s), diffusé(s) en direct, par tous les organes de presse audio-visuels de notre pays. Le débat aura pour objectif de permettre aux candidats à l’élection présidentielle d'une part, de dérouler, d'expliquer de manière claire et pédagogique le contenu de leurs propositions. Dans le même temps, chaque candidat aura, en fonction d'un temps qui lui sera imparti, la possibilité de formuler des critiques, des observations expliquées, à propos du programme de ses concurrents.

La discussion doit être idéelle : les candidats doivent se frotter, se confronter, à travers le nécessaire choc des idées. L'on ne doit pas se contenter d'élever la voix sur l'autre. Et, les candidats doivent être dignes, s'imposer la rigueur, en usant de la force de l'argument, sans jamais recourir à des expressions brumeuses, jamais utiles, toujours dangereuses et dommageables. Il faudrait que, les candidats puissent mutuellement, s'interroger sur le fonds de leurs programmes politiques, sans verser dans l'injure et l'anathème, en évitant les attaques ad hominem.

D'autre part, les journalistes, chargés d'encadrer le(s) débat(s), se chargeront de poser à chacun des candidats, sans discrimination aucune, et sur un temps égal de parole, des questions relativement à ce qu'ils auront proposé, en tel ou tel domaine. Les journalistes devront veiller à leur propre impartialité, à la pertinence et à l’actualité de leurs questions. La participation de groupes de presse étrangers, notamment continentaux, ne devrait pas être refusée. Il pourrait même être sollicitée De telles contributions permettront de relayer à grande échelle nos rendez-vous démocratiques.

Mais, le plus important serait de conférer une valeur juridique à la mesure.

La constitutionnalisation de la proposition
Dans certains pays, où les idées politiques, élevées, l'ont permis aux acteurs politiques, ceux-ci s'étaient souvent permis des « débats présidentiels ». Puis, avec le temps, les choses ont changé ! Certains ont refusé de débattre, car n'étant, juridiquement, pas tenus de le faire, au grand dam du peuple, des électeurs, privées d'occasions démocratiques de comprendre et de confronter les offres politiques en présence. Il faudrait que nous songions à prévenir cela, chez nous.

Pour ce faire, le débat que nous proposons doit être une condition impérieuse et préalable à l’élection présidentielle proprement dite. Pour mieux dire, le débat devrait avoir lieu avant l’élection présidentielle, sans quoi, celle-ci devra être déclarée irrégulière. Et, tous les candidats doivent être tenus d’y participer, ou d’y envoyer un représentant de leur choix. À ce stade, le législateur constitutionnel aura son rôle à jouer. Il lui appartiendra de constitutionnaliser le débat présidentiel de nature à lui donner une valeur obligatoire, importante et durable.

Cela fait, la politique aura un nouveau souffle. Les prétendants à la magistrature suprême s’évertueront à un exercice, un effort de construction de programme politique.

Ceci fera le bien du peuple. On peut le croire....!

L’actuelle législature est urgemment interpellée.

Abdoul Malik Issoufa

Homme de Lettres, Etudiant en Droit
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