Le flux migratoire du Niger vers la Libye a fortement baissé. Mais, de milliers d’africains sub-sahariens continuent d’emprunter la voie du désert pour rejoindre soit la Libye ou le Maroc. Les passeurs traqués par l’armée nigérienne prennent beaucoup plus de risque en mettant gravement en danger la vie des migrants.
Pour décourager les passeurs, le Niger a adopté en 2015 une loi rendant le trafic de migrants d’une peine pouvant atteindre 30 ans de prison. Et l’armée multiplie les patrouilles notamment dans le désert pour stopper les convois de migrants en destination de Tamanrasset en Algérie ou de la Libye.
Face à ces mesures punitives, les passeurs augmentent les frais de la traversée du désert. Les migrants sont alors dépouillés de tout ce qu’ils ont sur eux, les femmes souvent violées.
Ils empruntent des voies plus dangereuses dans le désert afin de contourner les points de contrôle de l’armée. Une option plus périlleuse qui les laissent à la merci de trafiquants d’organes ou tout autre malfaiteur dans le désert.
Comme le témoigne Moustapha Barry, ce migrant qui a fini par abandonner l’option de la migration irrégulière après qu’ils soient abandonnés dans le désert par un passeur. « Nous avons emprunté la voie du désert en destination de l’Algérie. On est passé par Arlit et on a joint Tamanrasset (ville située à l’Extrême-Nord du Niger à la frontière avec le Sud de l’Algérie, ndlr). Une fois arrivé, nous avons rencontré des Arabes qui ont demandé qu’on nous fouille et qu’on nous dépouille. On était nombreux et leur stratégie est simple : ils ciblent ceux qui peuvent leur résister, ils les malmènent pour semer la panique dans le groupe. C’est ainsi qu’on nous a dépouillé et laissé dans le désert, » a-t-il témoigné lorsque nous l’avons eu dans un centre de migrant de l’Oim. Ce dernier n’a pas manqué de témoigner le calvaire du désert qui lui a fait abdiquer. « Nous avons décidé de continuer le chemin vers l’Algérie à partir du désert (après qu’on nous ait dépouillé, ndlr). Nous avons marché durant une trentaine de kilomètres, il n’y avait pas d’eau, on souffrait énormément… Certains tombaient sur le chemin. A un moment, nous étions essoufflés et avons décidé d’appeler nos familles. Mais, il n’y avait aucun point de contact même pas de banque pour recevoir de l’argent au cas où on nous l’envoyait. »
Aujourd’hui, le jeune Moustapha Barry veut rentrer chez lui et lancer un business qui lui permettrait de subvenir à ses besoins.