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Interview de M. Marsadou Soumaila, expert en tourisme : «le tourisme est une niche de développement unique si on y met les moyens humains et financiers adéquats»

Publié le jeudi 25 juillet 2019  |  Onep
Interview
© Autre presse par DR
Interview de M. Marsadou Soumaila, expert en tourisme : «le tourisme est une niche de développement unique si on y met les moyens humains et financiers adéquats»
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Marsadou Soumaila croit au développement du tourisme au Niger. Sollicité régulièrement par les professionnels du tourisme, cet experts’emploie à promouvoir cette cause qui constitue une passion pour lui. Mais, aussi étonnant que cela puisse paraître sa formation initiale ne semblait pas le destiner à une fonction dans le domaine du tourisme, car il a fait des études en marketing. À l’époqueil y avait lesystème de programmation et M. Marsadou Soumaila s’est retrouvé en 1995, à la Direction du Tourisme et de l’Hôtellerie, au Ministère du Commerce, des Transports et du Tourisme, puis à l’Office National du Tourisme. À partir de 2009il est nommé Directeur régional du tourisme, d’abord à Agadez pendant 5 ans, puis à Diffa et Tillabéri en 2016. Dans cette interview il parle de ses expériences, de sa passion et des efforts pour le secteur du tourisme.

Marsadou Soumaila quels sont les principaux sites touristiques du Niger ?
C’est tout le territoire du Niger qui possède des sites d’exception pour le tourisme. Certains se sont traditionnellement démarqués par

l’investissement et le professionnalisme des acteurs locaux, au-delà de leur potentiel et de leur qualité indéniable. On peut parler du massif de l’Aïr, du mythique désert du Ténéré et du Kawar-Djado, de la vieille ville d’Agadez dans cette même région. Le désert de sable blanc du Tal dans la région de Diffa, le Damagaram et la région du Fleuve notamment ont toujours été des régions prisées par les agences de voyages et les touristes séduits. Le Parc du « W », le village d’Ayorou, son marché et les hippopotames, les excursions en pinasses, la grande profusion d’espèces d’oiseaux et la diversité culturelle sont de grands atouts de cette région. Je n’oublierai pas les fêtes traditionnelles des peuls wodaabe dans les régions de Maradi et Ingall qui ont toujours attiré des visiteurs des 4 coins du monde. En fait il y a du potentiel dans toutes les régions du pays. On pourrait énoncer tous les sites durant des heures tant le Niger en est pourvu.

Vous avez passé cinq ans à Agadez, la région phare du tourisme au Niger, qu’est-ce que vous en avez retenu ?

Agadez est ma première

expérience en tant que responsable administratif du tourisme,qui doit prendre des décisions et accompagner les acteurs du domaine. Ce fût une chance, ma chance, de tomber directement dans la première destination touristique du Niger et d’être accueilli par de véritables professionnels passionnés. J’y ai compris que le voyage est toute une organisation, un art, où le moindre détail est important. C’est surtout avec Agadez et sa région que j’ai compris l’impact du tourisme sur l’économie et la vie des populations. En 2010 pour le festival de l’Aïr nous avons organisé tous ensemble 4 vols charters Paris – Agadez en vols directs ; j’ai vu l’enthousiasme local exceptionnel et les retombées économiques directes.

Aussi, à l’occasion de l’éclipse solaire en mars 2006, nous avons accueilli pour l’événement plus de 2 000 touristes étrangers à Agadez.Les gens voulaient vivre ce moment près de Bilma où mondialement on annonçait une

observation grandiose du phénomène.

Le tourisme est une niche de développement unique si on y met les moyens humains et financiers adéquats pour que le secteur tire notre économie. Dans les années 2000 certaines saisons touristiques, juste à Agadez, ont rapporté directement plus de 10 milliards de nos francs dans l’économie locale. Je sais aussi qu’en 1990 ou 91 l’agence Temet Voyages à elle seule avait drainé plus de 20 000 visiteurs au Niger, et du beau monde. Même l’actrice américaine Angelina Joly est venue il n’y a pas longtemps, pour visiter la région avec une agence locale.

Y’a-t-il eu une amélioration de la fréquentation des sites touristiques depuis ?

Le tourisme au Niger a eu ses plus grandes heures dans les années 80 et 2000. Malheureusement depuis une dizaine d’années le secteur est en difficultés. Si l’hôtellerie a Niamey s’en sort de belle manière, grâce essentiellement au tourisme d’affaires et l’évènementiel,c’est n’est pas le cas pour les sites et entreprises touristiques en régions. Le secteur a été mésestimé par les décideurs politiques, mais fort heureusement une nouvelle dynamique s’illustre à travers la vision du Chef de l’Etat, dont on a pu voir une grande première pierre, avec de réelles fondations, que le Sommet de l’UA à Niamey illustre. Aujourd’hui notre capitale dispose d’importantes infrastructures, aéroport, routes, hôtels, centres de loisirs.Nos ministères ont le devoir de capter les réunions internationales et les grands événements, pour faire de Niamey un pôle de développement touristique.

Quelles sont les initiatives de l’administration du tourisme pour promouvoir le secteur ?

Je sais en tant que fonctionnaire du Ministère du Tourisme et collaborant régulièrement avec le Centre Nigérien de Promotion Touristique (CNPT) et les entreprises du secteur, nous avons tous de grandes ambitions. Le ministère a élaboré une politique nationale du tourisme pertinente, qui devrait être validée très prochainement. Le CNPT quand à lui est très actif et son équipe travaille à le refaire découvrir. Avec ses modestes moyens il développe de nombreuses actions pour le rendre visible et promouvoir le Niger. Nous nous mettons tous en adéquation avec la vision du Chef de l’Etat et du gouvernement, tout en usant de notre expertise et expérience, pour développer le tourisme, toujours en faveur de meilleures conditions de vie des populations.

On parle de tourisme interne, mais qu’est-ce que ce concept concrètement ?

Si nous suivons la définition de l’Organisation Mondiale du Tourisme(OMT),qui considère comme touriste toute personne en déplacement en dehors de son lieu habituel de résidence pendant au moins 24 heures, le tourisme interne est contrairement à ce que beaucoup pense très important au Niger.On peut dire qu’il existe déjà depuis longtemps. Les fonctionnaires ou cadres du secteur privé vont déjà en vacances voir leurs familles. Les compagnies de bus qui ont émergé ces dernières années ont permis d’accroitre le phénomène. Quelques nigériens, trop rares à notre sens, voyagent parfois pour visiter des villes ou des sites touristiques. Lorsque nous évoquons le tourisme interne de notre point de vue, en tant que représentant de l’Etat ou professionnels du secteur, nous parlons de développer ce phénomène à grande échelle, d’en faire un outil de diversification de la clientèle pour les régions, d’en faire un moteur important du secteur, que l’administration et le secteur privé en fassent une priorité et mettent les moyens pour son essor. Il faut également penser à la diaspora nigérienne qui représente une niche intéressante, qui revient régulièrement au pays et a les moyens de le visiter. A nous fonctionnaires et privés de développer et de proposer plus d’offres, des camps de vacances, des voyages d’études pour les lycéens et étudiants vivant au Niger, etc.

Nous devons aussi promouvoir le tourisme d’affaires et de réunions dans les différentes régions du pays. Avoir des événements majeurs dans chaque région à l’image de la Cure Salée ou du festival de l’Aïr. Le tourisme religieux est également un axe important pour le développement du tourisme intérieur. Il existe de nombreux lieux de retraites spirituelles et de sites anciens, notamment dans la région d’Agadez, à Kiota, à Madaoua, à Say, à Madarounfa, à Zinder et à Niamey. On y trouve des destinations

importantes pour certaines confréries. Ces sites sont culturellement connus et ont été répertoriés.

Que représente le taux de fréquentation des résidents nigériens sur les sites touristiques du pays ?

Il est trop faible actuellement et c’est un des points que nous voulons voir évoluer rapidement pour compenser la quasi disparition de touristes de loisirs venant d’Europe ou d’Amérique du nord. Nous ne pourrions donner des chiffres fiables actuellement mais ce qui est sûr ils sont très loin de nos ambitions. Pour exemple les girafes de Kouré, les excursions sur le fleuve et le Parc du W sont très proches de Niamey où l’on trouve le plus de concitoyens au pouvoir d’achat propice, et pourtant trop peu y sont sensibles.Des campagnes de promotion du CNPT sont à venir en ce sens pour les Nigériens et les pays voisins.

Avez-vous approché les organisateurs des « colonies de vacances » avec des propositions de circuits touristiques à l’intérieur du Niger? Que pensez-vous d’une telle initiative ?

Oui vous avez raison c’est une excellente idée. Vous touchez un axe de développement important, à plus d’un titre. Les enfants doivent devenir des ambassadeurs du tourisme et découvrir le Niger. Les fonds que les familles dépensent dans des colonies à l’étranger peuvent être investis localement dans nos terroirs en choisissant des destinations nationales.Le CNPT est dans cette voie, ils ont déjà commencé à rencontrer des écoliers et des parents d’élèves de Niamey, en vue de promouvoir des colonies de vacances dans le Niger. Le Directeur Général me disait récemment qu’ils veulent aussi rencontrer les comités d’entreprises en ce sens. Cette institution organise aussi depuis plusieurs années des camps d’été à l’intention de collégiens.
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