La saison pluvieuse, cette année, faut-il le rappeler, a connu un début difficile. On n’en était d’autant plus inquiet que pour avoir à Niamey et dans beaucoup d’autres contrées, les pluies d’importance qui rassurent du démarrage de la saison agricole, il avait fallu attendre la deuxième quinzaine du mois de juin. Quand on sait la canicule que ces pluies bienveillantes avaient fait partir, ramenant un temps plus clément et doux, l’on ne peut que s’en réjouir surtout que dans la même période, la Nigelec était incapable d’assurer la permanence de l’électricité devenue une denrée rare dans le pays qui est après tout l’un des grands producteurs d’uranium dans le monde. Si l’on peut plaindre les premiers vents qui avaient ravagé avec une facilité qui surprend des édifices construits à l’occasion des fêtes tournantes où l’on peut encore une fois plaindre le peu de sérieux des nôtres lorsqu’ils ont à exécuter un travail d’intérêt public, l’on ne peut surtout que condamner que nous manquions de prévoyance et de mécanisme pouvant amener à demander des comptes à ceux qui exposent des populations à des risques par la qualité défaillante de leurs travaux, des infrastructures confiées à leur ingénierie.
La nouvelle saison vient rendre compte, encore une fois, à quel point le plan urbain de nos villes est tout à fait impensé car même le profane qui n’a aucune connaissance en aménagement, se rend compte des tracés des quartiers, du caractère « sauvage » des lotissements. En effet parce que les terres ont été bornées sans rien changer au paysage accidenté des champs qui les occupaient, sans les viabiliser pour laisser aux eaux de ruissèlement, leur passage naturel sans leur forcer des détours qui peuvent aggraver la situation lorsque justement ces eaux débordent, beaucoup de quartier sont exposé à des risques majeurs chaque fois qu’il pleut, vivant le calvaire des débordements des eaux de ruissellement, et il faut craindre le pire avec les dérèglements climatiques où des quantités imprévisibles de pluie peuvent s’abattre même dans le désert. Comment veut-on, quand des maisons sinon des pans entiers de certains quartiers se retrouvent au creux de bas-fond ou de trou, si ce n’est dansd’anciens lits du fleuve ?
Il est donc impossible dans l’anarchisme actuel qui caractérise les lotissements où, quand même on le dit, l’on a jamais viabilisé les terrains si ce n’est souvent sur des lotissements privés, d’avoir des quartiers à l’abri d’inondations, de menace diverses par les pluies et autres intempéries, lorsqu’on ne fait rien pour canaliser les eaux de sorte à sécuriser les habitations et autre infrastructures urbaines. Comment peut-on d’ailleurs comprendre que des rues bitumées – et dire qu’elles procèdent d’études préalables – deviennent carrément des ravins où, lorsqu’il pleut abondamment, souvent le peu suffit à faire déborder tout, l’on veut voir avec quelle violence l’eau coule dans la ville, submergeant toute la voie. Dans ces conditions ce n’est que prendre des risques que de circuler dans cette eau boueuse quand on peut craindre de tomber dans des trous creusés justement par les eaux furieuses des pluies.
La dernière pluie à Niamey, à Zinder et à Diffa avait montré que la saison des pluies n’est pas qu’un moment heureux pour les Sahéliens nigériens, mais aussi, un moment de calvaires et d’angoisse où sous la pluie, dans nos maisons, l’on dort, la main sur le coeur. Que font les mairies des arrondissements communaux qui ne peuvent ni construire des voies latéritiques dans les quartiers et canaliser les eaux pour éviter des drames à des populations qu’elles servent. L’Etat ne peut pas être partout ! Faut-il que les prochains présentent des programmes pour les quartiers à leurs électeurs ? L’urbanisme a un prix. Il faut agir avant le pire.